Leur deal tombé à l’eau, c’est maintenant par presse interposée que Wari et Tigo soldent leurs comptes. L’annonce de l’assignation en justice de l’opérateur de téléphonie mobile, par la plateforme de services financiers, l’a fait sortir de ses gonds.
Dans un communiqué de presse, la filiale sénégalaise de Millicom regrette fortement ce qu’elle qualifie d’« informations fausses qui portent préjudice à l’image du secteur privé au Sénégal ainsi qu’à celle du Sénégal auprès de la communauté internationale des affaires ».
C’est le branle-bas de combat. Après le communiqué du groupe Wari annonçant l’assignation en justice de Millicom, pour le 13 novembre 2017, la filiale sénégalaise de la multinationale luxembourgeoise réplique. Dans un communiqué de presse parvenu à WalfQuotidien, l’opérateur de téléphonie mobile Tigo s’insurge contre cette attitude de la société de l’homme d’Affaires Kabirou Mbodje, avec laquelle il avait conclu un contrat de vente, avant de résilier « valablement et irrévocablement », le 28 juillet dernier, l’accord de cession de ses entités au Sénégal, signé le 2 février de la même année. Ce, au motif que les termes de l’accord fixaient au 2 juin la date butoir pour l’obtention du financement requis pour procéder au rachat de Tigo Sénégal. Signalant que la caution versée par Wari à Millicom à la signature de l’accord lui a été retournée, Tigo relève que, contrairement aux déclarations de Wari, la résiliation de la transaction par Millicom a été faite dans le strict respect des termes de l’accord de vente signé entre les deux parties. « Il est fortement regrettable que Wari communique des informations fausses qui portent préjudice à l’image du secteur privé au Sénégal ainsi qu’à l’image du Sénégal auprès de la communauté internationale des affaires. Nous invitons Wari à cesser immédiatement de communiquer des informations mensongères », ajoute dans la même source l’opérateur de téléphonie. Qui dit respecter les lois et les règlements des pays dans lesquels il opère. « Nous faisons confiance aux autorités sénégalaises pour faire de même et sommes en contact avec elles afin d’apporter toutes les informations nécessaires à la poursuite du processus. Nous regrettons que Wari n’ait pu réunir le financement ferme pour payer l’acquisition de Tigo Sénégal dans le délai de 4 mois qui avait été convenu avec lui et le délai supplémentaire de presque 2 mois que Millicom lui a accordé. Le consortium a pour sa part apporté un financement ferme et certain dès la signature du contrat de cession. Nous sommes une entreprise responsable, et nous agissons dans un cadre strictement légal. Nous n’avons absolument aucun intérêt à refuser un acheteur s’il respecte le cahier des charges convenues », lit-on dans le document.
Selon Millicom, la décision de résilier l’accord de vente a été prise dans le seul intérêt de Tigo Sénégal, afin d’assurer une continuité de l’activité avec un partenaire sûr, crédible et capable de tenir ses engagements. Ainsi, après avoir exercé son droit de résiliation avec Millicom, il a signé un nouvel accord de vente avec le consortium composé du Groupe Teyliom Telecom, de NJJ, et du Groupe Axian. Lequel consortium est piloté par le milliardaire français des Télécoms, Xavier Niel, époux de la fille d’une des plus grosses fortunes de France, Bernard Arnault, Président-directeur général de LVMH. C’est ce puissant homme d’affaires qui a fait atterrir son jet privé sur le tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, pour une audience express avec Macky Sall, en compagnie de son partenaire Yérim Sow. Une audience qui prouve que les autorités ne sont pas insensibles à ce deal et que Kabirou Mbodje a de sérieux soucis à se faire, puisqu’un homme pareil ne se déplace jamais sans être sûr de son affaire. Pis, de sources dignes de foi rapportent que le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, est allé visiter l’incubateur de Free, une société de télécoms de Xavier Niel en France, lors d’un récent séjour à Paris.
Seyni Diop
(Source : Wal Fadjri, 30 octobre 2017)