Vie privée numérique : le Ghana lance une campagne nationale de sensibilisation
jeudi 18 septembre 2025
A l’heure où intelligence artificielle et services numériques se généralisent, la gestion des données personnelles devient cruciale. Le Ghana mise sur une campagne nationale pour sensibiliser ses citoyens et consolider les bases de sa future économie numérique axée sur la confiance et l’innovation.
Le Ghana a lancé, le lundi 15 septembre à Accra, une campagne nationale de sensibilisation à la vie privée. L’initiative, pilotée par le ministère de la Communication, des Technologies numériques et de l’Innovation, vise à protéger les droits des citoyens et à renforcer la confiance dans l’économie numérique, moteur de croissance du pays.
La campagne entend vulgariser un concept encore peu maîtrisé par une grande partie de la population : la vie privée numérique. Celle-ci désigne le droit de chaque individu à contrôler l’utilisation de ses informations personnelles en ligne — nom, adresse, données biométriques, historiques de navigation ou encore échanges privés. Dans un environnement marqué par la collecte massive de données par les entreprises et les administrations, la protection de ces données devient indispensable pour limiter les abus, éviter les fraudes et garantir le respect des libertés individuelles.
Concrètement, l’initiative, prévue sur un an (septembre 2025 – septembre 2026), couvrira les 16 régions du pays. Elle s’appuiera sur des campagnes de sensibilisation en anglais et dans plusieurs langues locales (akan, ga, ewe, haoussa, dagbani), des formations à destination des entreprises et administrations, ainsi que sur le renforcement du vivier de professionnels certifiés en protection des données. L’inauguration de l’Association ghanéenne des professionnels de la vie privée (GAPP) marque également une étape clé vers la structuration d’un écosystème national autour de ce domaine.
Cette démarche s’inscrit dans un contexte de montée en puissance du numérique au Ghana. Selon DataReportal, le pays comptait 24,3 millions d’internautes début 2025, soit près de 70 % de la population. Depuis l’adoption de la loi sur la protection des données en 2012, le gouvernement a exigé l’enregistrement des responsables du traitement auprès de la Commission nationale, mais les défis persistent : faible connaissance du public, manque de conformité des entreprises et compétences limitées des professionnels.
Pour les autorités, la campagne doit permettre aux citoyens de mieux comprendre leurs droits (droit au consentement, à l’accès, à la rectification ou à l’effacement de leurs données), et aux entreprises de renforcer leurs pratiques de gouvernance. À terme, l’objectif est double : accroître la confiance des usagers dans les services numériques et créer un environnement plus sûr pour développer l’intelligence artificielle et les innovations numériques. Deux conditions jugées cruciales pour faire du Ghana un pôle numérique de référence en Afrique de l’Ouest.
Samira Njoya
(Source : Agence Ecofin, 18 septembre 2025)