Vente de Tigo : pourquoi Millicom préfère finalement Xavier Niel et Yérim Sow à Kabirou Mbodji
lundi 31 juillet 2017
En février dernier, la presse sénégalaise — mais aussi la presse internationale spécialisée — s’enflammait pour le rachat de l’opérateur de téléphonie cellulaire Tigo par la société de transfert d’argent Wari, propriété de notre compatriote Kabirou Mbodj. Montant de la transaction : 129 millions de dollars, soit 80 milliards de francs CFA environ. Les confrères avaient alors rivalisé de superlatifs pour saluer le « génie » de Kabirou Mbodj et qualifier sa fortune à propos de laquelle beaucoup s’étaient mis à fantasmer.
En même temps, toute réussite suscitant des jalousies, les anciens associés de Kabirou Mbodj au début de l’aventure Wari se sont déchaînés, dénonçant une escroquerie dont ils auraient été victimes de la part du fils d’une ancienne ministre de la Santé sous le régime du président Abdou Diouf, Mme Marie Sarr Mbodj. D’aucuns n’avaient pas manqué d’avancer que Kabirou Mbodj n’était que le prête-nom, voire le faux nez de Marocains qui chercheraient à prendre pied dans notre secteur des télécommunications. Eh bien, toutes ces spéculations vont bientôt prendre fin puisque Kabirou Mbodj a été écarté par Millicom, le géant américain de téléphonie propriétaire de Tigo pour la reprise de sa filiale sénégalaise.
Pour cause, notre compatriote n’a pas réussi à boucler le financement de 80 milliards de francs qui devaient lui permettre de s’offrir la pépite Tigo. Ayant constaté la « carence » du propriétaire de Tigo, Millicom a entamé des discussions avec d’autres repreneurs potentiels. Des négociations qui ont abouti puisque la multinationale américaine a trouvé un accord avec un consortium formé par Xavier Niel, patron de l’opérateur Free en France (et actionnaire du journal Le Monde), la société Dalma et… notre compatriote Yérim Sow, qui est déjà opérateur de télécommunications.
L’accord entre Millicom et ce consortium devrait être rendu public incessamment, sonnant (provisoirement ?) le glas des ambitions en matière de télécommunications de Kabirou Mbodj, l’homme qui, comme Icare, avait voulu s’approcher trop près du soleil. Et qui a vu la cire qui retenait ses ailes fondre…
Mamadou Oumar Ndiaye
(Source : Le Témoin, 31 juillet 2017)