La lutte menée par Wari pour racheter la filiale sénégalaise de Tigo vient de franchir un nouveau palier avec l’assignation en justice de Millicom, pour le forcer à respecter l’accord conclu le 2 février dernier entre les deux opérateurs télécoms.
La lutte autour du rachat de la filiale sénégalaise de l’opérateur Tigo continue de défrayer la chronique, en témoigne le nouveau mouvement de Wari qui vient d’assigner en justice, Millicom actionnaire majoritaire de Tigo.
Wari passe à l’offensive
Cette évolution vient après que l’opérateur sénégalais ait notifié par courrier officiel, le 18 octobre dernier Millicom, lui rappelant sa disponibilité pour effecteur à compter de cette date le paiement intégral de la transaction pour l’acquisition de Tigo, soit un versement de 129 millions de dollars (80 milliards de Fcfa) conformément au contrat de vente conclu le 2 février dernier, suivi d’une annonce officielle et publique liant les deux groupes.
Wari revendique également avoir versé un dépôt initial en février dernier, puis conduit et financé depuis une due diligence ou diligence raisonnable prévue dans le contrat sur une durée de 9 mois. L’opérateur met d’ailleurs en avant le fait que la date butoir pour transférer l’intégralité du paiement est prévue pour le 2 novembre prochain, alors que Millicom a évoqué de son côté la date du 2 juin dernier, « qui ne constituait qu’une étape transitoire dans la mobilisation du financement, pour résilier unilatéralement et brutalement le contrat de vente signé », signale le management de Wari.
Faire jouer la carte patriotique
L’opérateur compte également fait valoir l’expertise du géant des télécoms, Vodafone qui a conseillé Wari lors de la due diligence (étude de tous les aspects commerciaux, légaux, financiers et techniques de Tigo) pour faire valoir ses « droits ». Le management de Wari a par ailleurs, dénoncé « l’attitude » du consortium composé de NJJ et Sofima respectivement présidés par Xavier Niel (Free) et par Hassan Hiridjee (Axian Group), coupable aux yeux de Wari « d’avoir à plusieurs reprises tenté de faire échouer cette acquisition ».
L’opérateur sénégalais a d’un autre côté fait jouer la carte du rachat « patriotique », regrettant que « des acteurs économiques sénégalais puissent être associés à ce que Wari considère comme une manœuvre qui va à l’encontre des intérêts sénégalais et africains ». Wari a également rappelé que l’acquisition de Tigo ne peut se faire sans l’aval du régulateur sénégalais et que Dakara avait approuvé par décret présidentiel daté du premier août dernier la cession de licence de Tigo à Wari.
Amine Ater
(Source : La Tribune Afrique, 28 octobre 2017)