Stratégie de croissance accélérée du secteur des TIC : Il faut accélérer le pas
jeudi 31 août 2006
En 2005, le gouvernement a décidé d’élaborer une Stratégie de croissance accélérée (SCA), afin de créer les conditions d’une croissance soutenue du PIB, de l’ordre de 7% à 8% par an, sur une longue période afin de faire du Sénégal un pays émergent. Pour ce faire, il a opté pour une approche grappe dans laquelle les TIC et téléservices ont été identifiés parmi les grappes porteuses. A la vérité, il faut avouer que ce choix n’est pas nouveau puisque dès la fin des années 90, le Groupe de recherche sur la compétitivité et la croissance (GRCC) avait réalisé une étude sur le secteur sans parler de celle faite par la société canadienne SOFEG sous le titre « Perspective internationales sur les téléservices au Sénégal ». Dans ces deux études, un certain nombre de recommandations avaient été faites visant à créer l’environnement favorable au décollage du secteur mais pour l’essentiel, elles sont restées lettres mortes. A l’occasion de l’atelier de restitution et de partage des travaux de la grappe TIC et téléservices organisé le 16 août dernier, un plan d’action et une liste de grands chantiers numériques ont été proposés afin de contribuer au développement du secteur. Pour l’essentiel, les recommandations faites, l’avaient déjà été par le passé mais n’avaient jamais été mises en œuvre, notamment parce que les stratégies proposées n’étaient pas adossées à un plan de financement. Aujourd’hui que les principaux partenaires au développement du Sénégal sur le plan multilatéral (Banque mondiale) et bilatéral (France) ont approuvé le principe de la SCA et se sont engagés à apporter leur appui financier, il faut espérer que ce énième plan de développement du secteur des TIC sera rapidement déployé . Par contre ce qui est nouveau, ce sont ces grands chantiers numériques, à l’image des « Flagship applications » développées en Malaisie, dont l’objectif est de permettre au secteur privé local de s’investir dans de grands projets qui d’une part enrichiront son portefeuille d’affaires et d’autre part lui permettront d’acquérir une expérience et des compétences pour se hausser au niveau international. A ce sujet, il est intéressant de noter que lorsque la Malaisie a décidé de doter ses citoyens d’une carte d’identité, de permis de conduire, de carte de santé, et de passeport électroniques, elle a confié la réalisation d’applications aussi sensibles au secteur privé local. Ces nouveaux chantiers numériques n’auront donc un impact sur le développement du secteur des TIC et des Téléservices que si leur réalisation est confiée à des sociétés sénégalaises, épaulées par des sociétés étrangères si le besoin s’en fait sentir. Il faut en effet être conscient que le développement du secteur ne peut continuer à reposer sur l’appel a des multinationales étrangères qui ne procèdent à aucun transfert de technologie, captent la main d’œuvre qualifiée au détriment des entreprises locales grâce à leurs plus grandes capacités financières, rapatrient l’essentiel de leurs bénéfices et surtout sont prêts à délocaliser leurs activités dans un autre pays dès que les avantages comparatifs sont plus intéressant ailleurs. Au-delà de toutes ces considérations, nous insisterons sur le fait qu’une stratégie de croissance accélérée ne peut s’accommoder dès lenteurs aujourd’hui constatées dans sa mise en œuvre surtout dans le secteur des TIC. En effet sur un terrain où les applications de niches sont nombreuses, la capacité à agir vite, voire à anticiper, est essentielle et ne saurait être compatible avec la lenteur avec laquelle ces questions sont actuellement traitées.
Amadou Top
Président d’OSIRIS