Solidarité numérique : Après la bataille de principe passer aux actes
mercredi 31 mai 2006
Le 17 mai 2006, le Président Abdoulaye Wade s’est vu décerner par le Directeur général de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le Prix mondial de la Société de l’information en hommage au combat qu’il a mené, au nom de l’Afrique, en faveur de la création du Fonds de solidarité numérique (FSN). Quand on connaît les efforts faits par le Président Wade pour convaincre la communauté internationale d’adopter cette idée malgré les réticences, pour ne pas dire l’opposition, que nombre de grandes puissances avaient exprimées lors du lancement de cette initiative, on ne peut qu’applaudir cette décision. Cela étant, comme le dit un proverbe Wolof « Ndimbël na ci fekk loxoy boroom » que l’on pourrait traduire en français par « Aide toi le ciel t’aidera ». En effet, dès lors que la communauté internationale a approuvé la création du Fonds de solidarité numérique et que les contributions se multiplient, l’Afrique d’une manière générale et le Sénégal en particulier doivent donner l’exemple et mettre en œuvre, avec leurs propres moyens, des politiques exemplaires visant à réduire la fracture numérique. La première action qui devrait être conduite consiste à modifier la législation nationale en matière de passation de marchés publics de manière à ce que le Principe de Genève puisse être appliqué et contribuer ainsi au financement de mécanismes locaux de financement des actions de solidarité numérique. Les villes et les pouvoirs locaux ayant joué un rôle décisif dans la création du FSN en lui apportant un soutien décisif au moment où les états étaient encore hésitants, il revient aux collectivités locales de s’impliquer concrètement en contribuant à démocratiser l’accès aux TIC par la création de centres d’accès communautaires dans les régions, dans les départements, dans les communes et même dans les communautés rurales. L’Etat doit bien entendu jouer un rôle essentiel en utilisant les leviers à sa disposition (régulation, fiscalité, modernisation de l’administration, introduction des TIC dans le système éducatif, développement de la télémédecine, etc.) afin de s’attaquer résolument à la question de la couverture des zones rurales par les infrastructures et services de télécommunications, au développement d’une culture numérique chez les citoyens, à la création d’applications présentant un intérêt sur le plan économique mais aussi social de telle manière que la majorité de la population puisse bénéficier des opportunités offertes par les TIC et participer ainsi activement à la société de l’information en construction. En cette période de veille de vacances pendant laquelle les établissements scolaires et universitaires dotés de salles informatiques seront fermés, il faudrait également songer à organiser des colonies de vacances informatique de telle sorte que le peu d’équipements disponibles soit utilisé de manière optimale et que les jeunes, notamment ceux qui sont déscolarisés trouvent ainsi le moyen de s’initier aux TIC. Comme on le voit, ce ne sont pas les chantiers qui manquent.
Amadou Top
Président d’OSIRIS