Réinventer la communication digitale en Afrique : la French Tech Abidjan pour un équilibre subtil entre authenticité et créativité, impulsé par l’IA
jeudi 18 septembre 2025
La French Tech Abidjan (FTA) a organisé une soirée de rentrée le mardi 16 septembre 2025, dans les locaux de M Studio à Abidjan, dédiée à l’avenir de la communication digitale en Afrique (ComTech Africa). Placée sous le thème “Réinventer la communication à l’ère digitale”, cette initiative a permis de confronter les réalités locales aux avancées technologiques, notamment l’IA. Elle a réuni plusieurs membres de la FTA tels que des agences créatives, des experts en marketing, des startups et des entreprises de la Tech.
Ancré dans les dynamiques ivoiriennes et au-delà, ce moment d’échange prospectif visait à démontrer que la communication traditionnelle ne peut plus se dissocier des nouvelles technologies, surtout à un moment où la vitesse d’exécution et l’influence numérique redéfinissent les règles du jeu. Fabrice Piofret, community lead de la French Tech Abidjan, a déclaré que sans ces technologies, la communication digitale n’aurait pas d’avenir. Entre interviews punchy, keynote, panel et présentation d’entreprise, cette soirée a surtout permis de valoriser l’excellence locale en matière de création de contenu et d’insister sur l’importance d’une communication authentique, privilégiant les talents et compétences africains.
Authenticité et influence digitale
Edith Brou, influenceuse, entrepreneure et figure emblématique de la communication digitale en Côte d’Ivoire, a insisté sur l’importance de créer des communautés basées sur l’authenticité. Pour elle, ce n’est pas seulement l’interaction qui compte, mais toucher réellement les consommateurs finaux. Sa force réside dans sa sincérité et la manière dont elle partage son histoire personnelle avec sa communauté, ce qui renforce la crédibilité de ses messages.
C’est peu de le dire : en Côte d’Ivoire et en Afrique en général, Edith Brou représente un média en soi, incarnant l’authenticité et la connexion humaine, ce qui fait sa singularité dans l’écosystème digital ivoirien. « Quand on parle d’influence digitale, pour moi, Edith est aujourd’hui la numéro 1 en Côte d’Ivoire », affirme Fabrice Piofret.
Kahi Lumumba, CEO de Totem Experience Group et co-fondateur des Adicom Days, a quant à lui exposé la richesse du savoir-faire africain en création digitale. Il a rappelé que l’Afrique dispose des compétences nécessaires pour produire des contenus de qualité, valorisant les talents locaux plutôt que d’importer des solutions étrangères souvent coûteuses. Selon lui, cette valorisation du local contribue non seulement à l’emploi et à l’économie, mais aussi à une communication mieux ancrée dans les réalités culturelles africaines.
Les défis actuels en matière de ComTech
Les entreprises africaines, et en particulier ivoiriennes, font face à plusieurs défis importants dans le domaine de la communication digitale (ComTech). Comment créer de la valeur authentique avec des standards élevés tout en restant fidèles à la culture locale ? Comment répondre aux attentes accrues des consommateurs en matière de transparence et de véracité ? Comment tirer profit des technologies émergentes comme l’IA sans perdre la créativité et l’humain dans le message ? Comment adapter rapidement les stratégies marketing dans un environnement digital changeant et très concurrentiel ? Ce sont là autant de problématiques nouvelles et passionnantes auxquelles les entreprises sont confrontées à mesure que la révolution numérique transforme les habitudes de consommation et les usages.
Delphine Lavaud, CEO d’Asensia Africa Group et présidente de la Commission Eurotech – Eurocham, ajoute que la communication traditionnelle s’est transformée en un métier technologique où l’authenticité du message est primordiale. Le client, aujourd’hui mieux informé, ne se laisse plus tromper et valorise les marques sincères. Ainsi, la transformation numérique est une nécessité incontournable pour ne pas disparaître du marché.
L’intelligence artificielle à la rescousse
Face à ces nouveaux défis, l’intelligence artificielle, perçue comme un outil au service de la créativité et de la performance en communication digitale, est une planche de salut. En effet, l’IA permet de gagner du temps dans la production des contenus, d’automatiser certaines tâches répétitives et d’adapter les campagnes en temps réel. Florence Moreau et Donald Alalengbi, membres experts de la French Tech Abidjan, ont expliqué que l’IA ne remplace pas la créativité humaine mais la structure et la dynamise, permettant ainsi de multiplier les campagnes plus rapidement.
Fabrice Piofret a, lui, insisté sur une approche bienveillante de l’IA, faisant ressortir la nécessité d’utiliser cette technologie pour vérifier la qualité de l’information et combattre les fake news plutôt que de les générer. Pour lui, l’IA doit donc accompagner les professionnels dans la création d’un contenu authentique et pertinent, valorisant les talents locaux tout en répondant aux exigences croissantes des consommateurs numériques.
Delphine Lavaud a rappelé que la maîtrise de l’IA passe aussi par l’acquisition des compétences nécessaires pour créer des prompts efficaces et retravailler les contenus générés, marquant l’importance d’une cohabitation créative entre l’humain et la machine. Pour elle, l’avenir de la communication digitale rime avec innovation technologique, créativité humaine et authenticité, un trio indispensable pour conquérir et fidéliser une audience africaine exigeante.
L’avenir de la communication digitale
En tout état de cause, cet événement de la French Tech Abidjan a permis d’affirmer que l’avenir de la communication digitale en Afrique repose sur l’équilibre entre les nouvelles technologies, notamment l’IA, et la mise en avant des talents authentiques et locaux. Ce mélange de technologie et d’humanité serait la clé pour relever les défis actuels et futurs de la ComTech africaine et tendre vers une communication innovante, pertinente et sincère.
Autant le dire, l’engagement de figures reconnues comme Edith Brou, Kahi Lumumba et Fabrice Piofret montre que ce virage numérique se construit en s’appuyant sur les forces africaines, au plus près du terrain.
Anselme Akéko
(Source : CIO Mag, 18 septembre 2025)