RASCOM 1 en orbite, préparons dès à présent RASCOM 2 !
lundi 31 décembre 2007
Quinze ans ! C’est le temps que les états africains auront mis, depuis la création en mai 1992 à Abidjan (Cote d’Ivoire) de l’Organisation régionale africaine de communications par satellite (RASCOM), avant de se donner les moyens de mettre en orbite le premier satellite panafricain de télécommunications. En effet après une multitude de reports, qui avaient fini par faire douter de la possibilité de matérialiser cet ambitieux projet, le satellite RASCOM-QAF 1 a finalement été lancé le 20 décembre 2007 par une fusée Ariane 5 à partir de la base spatiale de Kourou (Guyane française). Il s’agit de loin de l’entreprise commune la plus importante que les états africains aient eu à réaliser depuis leur accession à l’indépendance. A la fois objectif et moyen d’intégration, RASCOM marque un pas majeur sur le long et difficile chemin conduisant à l’unité africaine. En effet, jusqu’à cette date, l’Afrique était la seule région du monde à ne pas disposer de son propre système de télécommunications par satellite avec pour conséquence, du fait de la quasi inexistence de liaisons directes, le transit de l’essentiel des communications interafricaines par l’Europe ou les Etats-Unis, occasionnant le versement annuel d’une somme de 500 millions de dollars aux opérateurs de télécommunications occidentaux. Le coût de ce satellite étant « seulement » de 400 millions de dollars, il sera rapidement amorti même s’il faut prendre en compte les sommes nécessaires à l’installation des stations terriennes et à la maintenance de l’ensemble du dispositif. RASCOM permettra également la connexion de dizaines de milliers de villages jusqu’ici coupés du monde des télécommunications car situés dans des zones faiblement peuplées et/ou difficiles d’accès et donc délaissées par les opérateurs de télécommunications qui ne s’intéressent qu’à la rentabilité financière immédiate de leurs investissements sans se préoccuper de leur rentabilité sociale, des impératifs visant à un aménagement équilibré du territoire sans parler du droit de tous les citoyens, riches ou pauvres, urbains ou ruraux, à avoir un accès égal aux services de télécommunications. La durée de vie de ce satellite étant de quinze ans, l’Afrique, tirant les leçons de la longue et difficile gestation de RASCOM 1, doit dès à présent mettre en oeuvre les mécanismes qui permettront à l’horizon 2022 de lancer son remplaçant, tout en faisant en sorte que d’autres satellites africains soient lancés d’ici là pour faire face à la demande croissante en services de télécommunications de toute nature. Venant après la mise en service du câble sous-marin SAT 3 en 2002 et le lancement d’un satellite nigérian de télécommunications en mai 2007 et juste avant que ne commence la construction de l’East Africa Submarine Cable System (EASSy) qui desservira huit pays d’Afrique de l’Est du Soudan à l’Afrique du Sud en passant par Madagascar ainsi que certains pays d’Afrique centrale d’ici la fin 2008, RASCOM est un maillon important dans la mise en place d’une infrastructure africaine de télécommunications sans laquelle les initiatives visant à lutter contre la fracture numérique seront autant de châteaux construits sur du sable. Reste maintenant à poursuivre l’interconnexion des pays africains via des réseaux terrestres en fibre optique à haut débit afin de compléter le dispositif. Ceci dit, il faut rendre un hommage mérité au dirigeant libyen Mouammar Khadafi sans lequel cette aventure n’aurait pas été possible puisqu’il a contribué pour 61% à la réalisation de ce projet à travers le Libya Africa Portfolio for Investment (LAP) montrant ainsi à ses pairs africains que l’unité africaine se construira d’abord et avant tout par des actes concrets servant effectivement les intérêts de l’Afrique. A ce titre, Il est regrettable que ni le Président de la Commission de l’Union africaine ni aucun chef d’état ni de gouvernement africain n’ait jugé utile d’assister à cet évènement historique...
Amadou Top
Président d’OSIRIS