Comme Icare, Kabirou Mbodje risque de se brûler les ailes à force d’approcher l’astre du jour que seules les multinationales peuvent caresser sous nos cieux. Stoppé net dans le rachat de la banque togolaise Siab, il a, sans doute perdu, depuis le 30 septembre, l’acquisition de la filiale sénégalaise de Millicom, Tigo. Et le Sénégal, qui avait son prestige en jeu dans ce deal, rate ainsi l’occasion de voir une des ses égéries titiller les grands pour faire des émules.
Enterrement de première classe. C’est le samedi 30 septembre dernier qu’a expiré le délai que s’était fixé l’homme d’affaires Kabirou Mbodje pour payer le reste des 80 milliards de francs Cfa devant lui permettre de racheter l’opérateur de télécommunication Tigo. Contacté par WalfQuotidien pour savoir si Kabirou a effectivement le « wari » (transfert, maintenant en wolof, par glissement de sens) du reliquat, le Groupe Wari a promis de nous revenir dans la semaine. Une curieuse réponse qui laisse planer le doute sur l’effectivité du paiement.
Du côté de Tigo, on informe que l’affaire est pliée depuis le mois de juin. Et on reste sur la même position Ce délai de rigueur passé, la filiale sénégalaise de Millicom international cellular a mis fin, à son accord avec Wari et annoncé la signature d’un accord pour la cession de sa filiale au Sénégal. « Le Groupe Millicom a annoncé aujourd’hui qu’il a décidé d’exercer ses droits en mettant fin à l’accord de cession de sa filiale Tigo au Sénégal au Groupe Wari », relevait le 31 juillet 2017, un communiqué dudit groupe. Lequel informait, en outre, qu’il avait également signé un accord pour la cession de Tigo Sénégal à un consortium composé du Groupe Teyliom Telecom, NJJ, et de Sofima (véhicule d’investissement en télécommunications géré par le Groupe Axian).
Depuis lors, c’est le branlebas de combat pour l’accaparement de ce fromage. Au cœur du puzzle, Kabirou Mbodje, et un certain Yérim Sow, autre homme d’affaires sénégalais, en deal avec des Français. « Wari s’étonne de l’annonce de Millicom faite aujourd’hui sur une remise en cause de la vente de Tigo et le rejette catégoriquement. Conformément au contrat de vente qui les lie, Wari a respecté tous ses engagements dans le cadre de l’acquisition du deuxième opérateur de téléphonie sénégalais, en payant le déposit initial de 10 millions de dollars et en conduisant une due diligence contractuelle de 9 mois (étude de tous les aspects commerciaux, légaux, financiers et techniques de Tigo) qui devait déboucher sur un paiement du reliquat au plus tard le 02 Novembre 2017. C’est pourquoi, ayant prévu de faire le paiement au plus tard le 30 septembre conformément aux engagements de sa banque partenaire, Wari dénonce la rupture unilatérale du contrat par Millicom, interpelle les autorités sénégalaises et prend l’opinion à témoin pour empêcher pareille forfaiture », réagissait aussitôt Kabirou Mbodje.
Quoi qu’il en soit, c’est une autre bonne affaire qui semble capoter pour Kabirou. Car, ce fiasco du siècle sera lourd de conséquences pour le jeune entrepreneur. Il risque de subir la perte de confiance en l’homme dans les gros business. En effet, stoppé net sur le rachat de la banque togolaise Siab, filiale de la holding Libyan Foreign Bank, Kabirou Mbodje, essuie ce deuxième revers qui risque de le décrédibiliser à jamais.
Seyni Diop
(Source : Wal Fadjri, 3 octobre 2017)