Que le meilleur l’emporte sur le pire...
dimanche 31 août 2003
Le 27 août 2003, il a été procédé a un remaniement ministériel du gouvernement sénégalais qui a substantiellement affecté le secteur des technologies de l’information et de la communication. Tout d’abord, le ministère de la culture et de la communication a été scindé en deux, ce qui n’est pas une nouveauté en soi puisqu’il en a souvent été ainsi par le passé. Ce qui est par contre nouveau et plutôt inquiétant, dans un contexte ou de nombreuses voix dénoncent la mainmise du parti au pouvoir sur l’audiovisuel public, c’est la transformation du ministère de la communicatrion en ministère de l’information, une appellation et une fonction qui ne sont plus de saison depuis belle lurette dans les régimes qui se veulent réellement démocratiques. En effet, faut-il rappeler que jadis l’appellation « ministère de l’information » n’était rien d’autre qu’un euphémisme pour dénommer le ministère qui était en charge de la propagande officielle du régime et qui exerçait à ce titre un contrôle sans limite sur des médias publis dont tout point de vue discordant était systématiquement exclu. Il faut donc espérer qu’il s’agit là d’une simple erreur d’appellation qui devrait faire l’objet d’un décret rectificatif dans les plus brefs délais afin de lever toute équivoque. Cela étant, au delà de cette question de la forme, sur le fond, le nouveau ministre devra s’atteler à crédibiliser les médis public, et plus particulièrement la télévision, en y faisant observer un profesionnalisme des plus rigoureux et surtout un équilibre strict entre les différentes sensibilités politique, syndicale, culturelle, religieuses et autres qui composent le Sénégal. A côté de cela, il faut saluer la création d’un département ministériel en charge de la coopération panafricaine dans les technologies de l’information et de la communication, domaine dont le Sénégal assure d’ailleurs la coordination dans le cadre du NEPAD. En effet, il semble que jusqu’à ce jour, les TIC soient le parent pauvre du NEPAD et qu’en dehors d’une liste de projets, rien de vraiment concret n’ait été engagé en la matière. A quelques mois de la tenue du Sommet mondial sur la société de l’information, il serait important que le Sénégal puisse rapidement prendre une initiative majeure afin que l’Afrique puisse parler d’une seule voix et qu’un contenu concret soit donné au concept de « solidarité numérique » lancé par le Président Abdoulaye Wade à l’oxccasion de la PrepCom2. Enfin, il faut souhaiter qu’un nouveau départ pourra être donné à la politique nationale en matière de TIC dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle est en panne depuis plusieurs années. Il urge d’adopter une vision partagée par la majorité des acteurs, d’élaborer une stratégie nationale s’appuyant sur un plan d’action et un calendrier de réalisation et surtout dotée de moyens financiers permettant sa mise en œuvre. Il faudra surtout empécher que puissent prosperer des pratiques malsaines d’affairistes incrustés à des points stratégiques de l’appareil d’Etat, qui faussent les règles d’un marché encore très faible et hypothéquent le développement des TIC dans le pays. En cette période ou de nouvelles perspectives semblent donc se présenter, il faut simplement espérer que le meilleur l’emportera sur le pire.
Amadou Top
Président d’OSIRIS