Prendre des engagements fermes au profit d’une société de l’information inclusive
lundi 31 octobre 2005
Du 16 au 18 novembre 2005, Tunis recevra le flambeau allumé à Genève, pour le parachèvement du processus du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI), clôturant ainsi un cycle de quatre années durant lesquelles la communauté internationale a tenté de donner une réponse aux défis multiformes posés par la Société de l’information. Apparemment, aucune question n’a été éludée, même si les accords intervenus dans de nombreux domaines reflètent, par leur ambiguïté, le niveau de complexité des problématiques qui vont agiter le monde au cours de ce nouveau siècle. Durant toutes les phases du SMSI, les gouvernements, les pouvoirs locaux, les organisations de la société civile et le secteur privé ont confronté leurs hypothèses et envisagé de différentes manières l’évolution de nos sociétés. Le constat le mieux partagé est qu‘elles vont devoir s’adosser à leurs identités tout en faisant preuve d’ouverture pour survivre dans un monde qui va se globaliser de plus en plus, avec les technologies de l’information et de la communication comme colonne vertébrale. Si malgré tous les efforts soutenus à l’occasion d’intenses négociations, la gouvernance de l’Internet reste une question posée et à résoudre, il n’en demeure pas moins que des avancées significatives ont été obtenues sur nombre de sujets touchant notamment aux droits des citoyens à jouir des immenses potentialités offertes par les moyens de communication et d’échange électroniques. Les menaces aux liberté ainsi que les multiples travers que certaines formes d’utilisation d’Internet pourraient induire tant du fait d’individus, de groupes plus ou moins organisés qu’au travers de pratiques étatiques et gouvernementales, ont été évaluées à leur juste mesure et ont fait l’objet de recommandations précises. Toutefois, le danger le plus grave qui menace l’humanité, dans la perspective de cette société de l’information en gestation, est sans nul doute le risque que des millions d’hommes et de femmes soient marginalisées et contraints d’évoluer à la périphérie d’un monde où rien de ce qui se passe dans le coin le plus isolé de la planète ne peut échapper à l’attention des uns et des autres. Le monde souffre déjà trop des incompréhensions entre les peuples pour se permettre d’approfondir encore un peu plus le fossé lié à l’absence de communication et de dialogue entre les diverses cultures, les sensibilités et les groupes sociaux ayant des vécus différents mais qui sont contraints par l’histoire, la géographie et la marche du monde actuelle de partager le même espace qu’est la planète terre. La proposition, faite par le Chef de l’état sénégalais et portée par l’Afrique, de créer un Fonds de solidarité numérique, présente dans ce contexte un événement d’une très haute portée historique. Tout d’abord, c’est la première fois qu’une idée de portée universelle, venant d’Afrique, est acceptée par la communauté internationale et saluée dans toutes les instances où se décide le présent et l’avenir des relations internationales. Ensuite, au delà de son originalité qui est de poser clairement la question de la solidarité dans une perspective différente des modalités classiques de « l’aide au développement », le fonctionnement du Fonds de solidarité numérique repose sur des mécanismes qui devraient permettre d’assurer une intervention diligente et ciblée en vue de contrer la tendance naturelle à ignorer les campagnes et les zones rurales, les femmes et tous les laissés pour compte du processus de développement des infrastructures et applications tributaires des dures lois du marché. En tout état de cause, Tunis s’annonce comme le rendez-vous à l’occasion duquel la communauté internationale doit prendre des engagements fermes afin d’apporter des réponses précises à la manière de mettre en œuvre le plan d’action élaboré de manière consensuelle à Genève pour faire en sorte que la Société de l’information soit inclusive et orientée vers l’épanouissement des femmes et des hommes du monder entier au delà de toutes les différences qui peuvent les caractériser.
Amadou Top
Président d’OSIRIS