Pour avoir diffusé les photos de ses enfants sur le net : un officier des Eaux et Fôrets traine son chauffeur en justice
samedi 28 octobre 2017
L’étudiant, Tafsir Amadou Bayo Fall a été attrait hier, à la barre du Tribunal de Grande Instance de Dakar pour atteinte à l’intimité de la vie privée et tentative d’extorsion de fonds. Il est poursuivi par son employeur El hadji Amadou Sall qui l’accuse d’avoir diffusé les photos de ses enfants sur le net et d’avoir tenté de lui soutirer de l’argent par des menaces. Jugé, le prévenu est condamné à 2 ans de prison assortis de sursis.
Après l’obtention de son diplôme, Tafsir Amadou Bayo Fall a tenté par tous les moyens de se trouver du travail. Mais, comme le hasard fait bien les choses, au courant de l’année 2016, il a fait la connaissance du sieur El hadji Abdou Sall. Qui, après quelques échanges, lui a proposé de le prendre comme chauffeur. Ce que le mis en cause accepta sans rechigner. Après 8 mois de bon compagnonnage, son patron lui propose ainsi de venir habiter chez lui, nécessitant le déplacement de ce dernier au domicile de son petit protégé. Il tombe d’accord avec ses parents et Tafsir rejoint la résidence de son employeur. Mais les choses ne se passeront pas comme prévu.
En effet, 10 mois se sont écoulés et le mis en cause décide alors de quitter la maison. Il exige à son boss de lui payer son argent avant de quitter les lieux. Car selon lui, El hadji Abdou Sall lui avait promis de lui verser chaque mois 80 000 fcfa comme salaire. Pour ne pas créer de polémique, son employeur décide de lui verser son argent. Suite à cela la somme de 200 000 fcfa lui a été envoyée via Wari.
Toutefois, quand il s’est rendu compte qu’il avait affaire à une autorité de l’Etat, il a commencé à lui faire du chantage dans le but de lui soutirer de l’argent. Le sieur Sall et sa femme ont été victimes d’harcèlement téléphonique provenant du jeune Tafsir qui au bout du fil, leur révèle avoir des informations troublantes sur eux. Ne se limant pas là, il demande une rançon pour clouer son bec.
A en croire le couple Sall, ils ont été surpris de voir des photos de leurs enfants sur la page facebook de leur ex-employé. Prise de panique, le pater décide alors de s’en ouvrir à la sureté urbaine et dépose plainte contre Tafsir Fall. Interpellé, le mis en cause a reconnu avoir publié les photos, mais réfute la thèse du chantage. Il atteste que c’est le plaignant qui lui doit de l’argent. Devant le prétoire, le prévenu souligne qu’il a connu le sieur Sall, qui après quelques échanges l’a proposé d’être son chauffeur, ce qu’il a accepté. Il précise qu’ils sont tombés d’accord sur le paiement de 80 000 FCFA par mois. « Après 6 mois de travail, il n’a pas respecté sa part du contrat. Sur ce, j’ai décidé d’arrêter. Certes, il m’a envoyé 200 000 francs alors qu’il me devait 800 000 francs. Je m’en suis ouvert alors, à sa femme mais cela n’a rien changé. Ne voulant pas se résigner à me payer mon argent, mon patron m’a poursuivi en justice pour ne pas me payer », relate-t-il. Pour les photos, il reconnait les avoir publiées sans aucune intention mauvaise. Mais Tafsir rechigne avoir voulu extorquer son patron.
Prenant la parole, le parquet n’a pas été tendre avec le prévenu. « Tu n’as pas le droit de publier les photos des enfants de ton patron sans son consentement. Même s’il te devais de l’argent, tu devais l’attraire au Tribunal du travail au lieu de lui faire chanter », dixit le ministère public.
Le substitut du procureur requiert 6 mois de prison ferme. L’avocat de la défense, pour sa part a plaidé la relaxe pure et simple au profit de son client. Selon lui, le mis en cause n’est pas animé de mauvaise foi. Finalement, Tafsir Amadou Beyo Fall écope d’une peine de 2 ans assortis de sursis.
Adama Faye
(Source : Sud Quotidien, 28 octobre 2017)