Morosité par ci, énervements par là
samedi 30 juin 2001
Le 6ème Salon International des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (SINEC) qui s’est tenu à Dakar du 26 au 30 Juin 2001 s’est terminé avec un arrière goût d’échec s’expliquant par le désintérêt apparent des visiteurs professionnels comme du grand public. Faute de recul et d’une grille de lecture appropriée, les spéculations vont bon train pour expliquer les raisons de cette désaffection. Pour certains, le désintérêt noté cette année pour le SINEC serait une conséquence directe de l’onde de choc de la morosité qui, après avoir frappé nombre de secteurs de la nouvelle économie dans les pays riches, serait venue mourir sur nos berges. Pour d’autres, il s’agit plus simplement de la lassitude qui affecte une manifestation dont la fréquence ne donne pas suffisamment de distance pour véritablement attirer la curiosité des uns et des autres. Si ce salon a été une occasion pour que se manifeste de nouveaux acteurs qui s’investissent dans les contenus, il a surtout été un moment à l’occasion duquel les fournisseurs d’équipement et de services se sont enfin entendus sur l’unicité du marché du numérique qui marche au pas de la convergence. Ainsi, sur leurs stands, les fournisseurs d’équipement informatique semblaient ne vouloir vanter que leurs nouvelles aptitudes dans le domaine des télécom. Du coté des opérateurs de télécommunications, on tentait plutôt de cacher câbles et fils pour ne mettre en évidence que les compétences récemment développées dans le domaine des services à valeur ajoutée et du soft. A travers les multiples facettes des offres produits et services, il ressort nettement que, pour les uns et comme les autres, les technologies sans fils ne seront plus la chasse gardée de qui que ce soit et que le monde de la téléphonie sur IP ne peut être considérée comme un royaume indépendant. Devant les atermoiements des pouvoirs publics à déconstruire l’ancien mode de cohabitation des « télécommunicants » et des « informaticiens », chacun s’active à repérer les ancres flottantes au milieu des flots agités de la concurrence biaisée, pour aller pécher dans des eaux moins opaques. Le séminaire organisé par l’ESMT et NCS sur la téléphonie sur Internet a été une occasion de plus pour demander la définition de nouvelles règles du jeu adaptées au nouvel environnement issu de l’évolution technologique. Espérons que le débat se poursuivra dans la sérénité et que l’on ne verra plus, comme il y a quelques semaines de cela, de hauts responsables de la Sonatel s’abriter courageusement derrière un pseudonyme pour nous insulter sans modération dans la presse écrite et sur le net. Malheureusement pour celui qui s’est livré à ce petit jeu, il a été trahi par les traces d’ADN (Adresses Du Net) qu’il a laissées sur les lieux de son crime et nous avons pu reconstituer avec une efficacité digne de « cyber-policiers » l’identité de ce « cyber-calomniateur ». Certes les enjeux de la libéralisation du marché des télécommunications sont importants compte tenu de la place qu’occupe ce secteur dans le développement économique et social de notre pays, mais il est indispensable que chacun sache raison garder. La Sonatel étant aujourd’hui une société privée dont le capital est majoritairement détenu par une société étrangère, le discours selon lequel tout ce qui est bon pour la Sonatel est bon pour le Sénégal n’est plus de mise. Cela étant, il est tout aussi évident que la fin du monopole dans le secteur des télécommunications ne doit pas rimer avec le triomphe de la loi de la jungle dans lequel chacun pourrait se permettre de faire n’importe quoi, n’importe où et à n’importe quel prix sous prétexte de pouvoir conquérir une part de marché. C’est pourquoi, comme nous le faisons inlassablement depuis plusieurs années, nous continuons de réclamer la création d’une autorité indépendante de régulation des télécommunications dotée des moyens humains, techniques et financiers indispensables à l’exercice de sa mission, la fin du monopole de la Sonatel et l’adoption d’un nouveau code des télécommunication fixant clairement les droits et les devoirs des différents intervenants du secteur afin que tous les talents puissent se libérer et que le bol de riz que constitue le marché des télécommunications soit partagé par tous les enfants de la maison Sénégal... qui ont les mains propres.
Amadou Top
Président d’OSIRIS