Les collectivités locales à l’heure des TIC
jeudi 30 juin 2005
A quelques semaines du Forum africain des collectivités locales et de la société de l’Information qui doit se tenir du 13 au 25 juillet 2005 à Dakar autour du thème « Gouvernance électronique et Solidarité numérique : construire les agendas locaux en Afrique », l’actualité semble confirmer que les pouvoirs locaux sont entrain de travailler à la concrétisation de leur engagement au sein du Fonds de solidarité numérique. Premiers acteurs parmi tous les partenaires à avoir soutenu la mise sur pied de cet important outil de financement de la lutte contre la fracture numérique et confrontés à la question axiale de l’inclusion des populations dans la société de l’information, les communes, les villes et les régions prennent davantage conscience des nombreuses opportunités qu’elles peuvent tirer des technologies de l’information et de la communication. Qu’il s’agisse de l’informatisation de l’Etat civil ou de la gestion administrative, comptable et budgétaire, les réalisations et les projets fleurissent ici et là et l’on ne peut que s’en réjouir. Cependant, il faut noter que le citoyen est souvent le grand absent de ces projets et rares sont les collectivités locales qui songent en priorité à améliorer le service rendu à leurs administrés voire à en créer de nouveaux, même si les efforts de modernisation ont des retombées indirectes pour ce dernier. Il est en effet grand temps que l’utilisation des TIC ne soit plus pensée uniquement comme un moyen d’améliorer l’efficacité du fonctionnement interne, pour ne pas dire de la gestion administrative des collectivités locales, mais aussi et surtout comme un outil au service du citoyen et de la démocratie locale fournissant plus de transparence, d’information, de facilités, d’espaces d’expressions et de débats, etc. en rapport avec la vie de la cité. Les collectivités doivent ainsi s’orienter vers la mise en place de services en ligne informant sur les différentes démarches administratives qui sont de leur ressort tout en permettant de télédécharger les formulaires nécessaires à leur accomplissement. Au delà des différents services en ligne qu’il est possible de mettre en œuvre, il est également important que les collectivités locales s’impliquent concrètement dans la lutte contre la fracture numérique en installant des points d’accès public à Internet. Il ne sert en effet à rien de réaliser de magnifiques « vitrines numériques » si la majorité des habitants d’une collectivités locales n’ont pas la possibilité des les utiliser faute de pouvoir accéder à Internet soit parce que l’infrastructure d’accès est inexistante, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers de se connecter ou encore parce qu’ils ne sont pas capables d’utiliser l’outil informatique. Pour apporter des solutions à tous ces problèmes, les collectivités locales doivent donc, à l’image des Etats, concevoir des stratégies en la matière, prenant en compte les dimensions infrastructures, coûts d’accès, formation, création de contenu, etc. Leur implication plus active dans le déploiement de réseaux alternatifs de télécommunication et l’offre de services d’information administrative plus développés permettraient de réduire les coûts d’accès et favoriser une plus grande dissémination ; ce qui leur garantirait ainsi des ressources additionnelles dans le même temps où la pénétration Internet s’accroîtrait. Il faut souhaiter que les recommandations attendues de la conférence de Dakar indiquent, comme ce fut le cas avec la rencontre de Bamako 2002 préparatoire au sommet de Genève, des pistes intéressantes à proposer à la rencontre de Bilbao puis au sommet de Tunis.
Amadou Top
Président d’OSIRIS