Le vent du changement souffle sur le secteur des télécommunications !
mercredi 31 mai 2000
Le Président de la république qui demande une baisse des tarifs du téléphone, le Ministre de la Culture et de la Communication qui relance le projet de création d’un organe de régulation du secteur des télécommunications, le Directeur de cabinet du Président de la république qui annonce la mise aux enchères d’une licence pour un troisième opérateur de téléphonie cellulaire, décidément le vent du changement souffle sur le secteur des télécommunications ! Baisse des tarifs, régulation du marché, ouverture à la concurrence tels sont en effet les changements attendus par la majorité des Sénégalais, qu’ils soient consommateurs ou fournisseurs de services de télécommunications. Cela étant pour que ce tiercé soit véritablement un tiercé gagnant pour le plus grand nombre, il faut impérativement le mettre dans l’ordre. Il faut d’abord créer un organe de régulation indépendant politiquement, techniquement et financièrement tant vis à vis du pouvoir politique que vis à vis de « l’opérateur historique », à savoir la Sonatel. Lorsque cet arbitre crédible, impartial et doté des moyens lui permettant d’exercer sa mission sera mis en place, il faudra passer dans les meilleurs délais à la seconde étape qui consistera à ouvrir à la concurrence l’ensemble du marché des services de télécommunications. Ainsi, de nouveaux fournisseurs pourront se lancer sur le marché des services de télécommunications contribuant ainsi à la création de richesses et à l’utilisation de nouvelles solutions technologiques et les consommateurs pourront choisir les services les mieux adaptés à leurs besoins tout en ayant un meilleur niveau de qualité de service compte tenu de l’émulation créée par la concurrence. Inéluctablement, l’apparition de nouveaux acteurs sur le marché aura pour conséquence de faire baisser les prix au profit des consommateurs individuels comme des entreprises. Cela étant, compte tenu de l’importance des enjeux économiques et financiers existant, ces bouleversements ne se feront pas sans une forte mobilisation de tous ceux qui ont intérêt à la fin du monopole. Il est donc grand temps que l’Etat qui veut développer l’industrie des téléservices, les investisseurs et les opérateurs économiques qui veulent se lancer dans le secteur et les consommateurs qui veulent avoir le choix de leur fournisseur de services et payer au plus juste prix les prestations dont ils bénéficient allient leurs forces pour imposer la révision des termes du cahier des charges qui lie l’état du Sénégal à la Sonatel. Sans une telle remise en question, il n’y aura ni développement des téléservices, ni utilisation des technologies de l’information et de la communication par le plus grand nombre et par conséquent le Sénégal ne sera pas à même de prendre la place à laquelle il aspire dans la société de l’information.
Amadou Top
Président d’OSIRIS