La Sonatel une nouvelle fois au banc des accusés
samedi 30 novembre 2002
Après ses démêlés avec les fournisseurs de services Internet puis avec les utilisateurs du service SMS, la Sonatel doit maintenant faire face à la grogne des opérateurs privés de terminaison d’appels qui se sont organisés au sein d’un collectif chargé de défendre leurs intérêts. Ces derniers dénoncent à la fois une discrimination sur le plan tarifaire entre opérateurs nationaux et opérateurs étrangers ainsi que des erreurs de facturation qui les ont conduit à accumuler des arriérés de paiement jusqu’à ce que la Sonatel suspende leur instrument de travail à savoir les liaisons qui leur permettent d’opérer. Pendant ce temps là de grosses firmes internationales comme ITXC opèrent dans les meilleures conditions possibles avec la bénédiction de la Sonatel qui a pourtant toujours combattu avec la dernière énergie le développement des services de téléphonie sur IP dont elle dénonçait auparavant le caractère illégal et la piètre qualité des prestations fournies. Une fois de plus, des privés sénégalais qui ont pris des risques en investissant dans un secteur, celui de la voix sur IP, partout en pleine expansion, en sont réduits à cesser prématurément leur activité. Cette situation ne surprend pas les observateurs du domaine qui dénoncent depuis longtemps une situation dans laquelle une société privée étrangère use et abuse du monopole qui lui a été accordé jusqu’en 2004 et profite de l’impuissance de l’Agence de régulation des télécommunications qui a bien du mal à exercer ses pouvoirs faute des instruments juridiques nécessaires. Au-delà des apparences, il n’y a donc rien de nouveau dans ce conflit si ce n’est le fait que le secteur privé national semble décidé à s’organiser pour refuser le diktat de la Sonatel. A l’heure ou, pour d’autres raisons, on reparle des audits, il est urgent de mettre sur pied une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les pratiques anticoncurrentielles de la Sonatel ainsi que sur les liens officiels ou occultes qui existent entre les responsables de cette société et les investisseurs étrangers qui bénéficient systématiquement d’un traitement de faveur au détriment des investisseurs nationaux.
Amadou Top
Président d’OSIRIS