La RDC accélère le processus de lancement de son propre satellite télécoms
lundi 1er septembre 2025
Les pays africains se tournent de plus en plus vers le satellite pour réduire la fracture numérique. Si certains concluent des partenariats avec des fournisseurs ou leur délivrent des licences d’exploitation, d’autres choisissent d’investir directement dans l’acquisition de leurs propres satellites.
Le gouvernement congolais accélère son projet de lancement d’un satellite télécoms pour améliorer la connectivité nationale, en partenariat avec Monacosat. Jean-Philippe Anvam, représentant de l’entreprise monégasque, a rencontré le président de la République, Félix Tshisekedi, le samedi 30 août, pour discuter de l’initiative et de son état d’avancement, selon un communiqué de la cellule de communication de la présidence.
Il était accompagné d’Augustin Kibassa Maliba, ministre de l’Économie numérique, et de José Mpanda, ministre des Postes et Télécommunications. « Réduire la fracture numérique en RDC grâce au déploiement d’un satellite congolais est une initiative qui ambitionne de faciliter l’accès à internet à haut débit sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les zones rurales et enclavées où les infrastructures de télécommunication demeurent insuffisantes », a déclaré M. Anvam.
Deux jours plus tôt, le jeudi 28 août, M. Kibassa avait déjà reçu une délégation de la banque nigériane Fidelity Bank, conduite par sa directrice générale Nneka Onyeali-Ikpe. L’institution, qui souhaite s’implanter en RDC, s’est déclarée prête à soutenir financièrement le projet satellitaire, tandis que le gouvernement réaffirmait sa volonté de « mobiliser tous les partenaires nécessaires afin de faire du numérique un véritable levier de développement économique et social ».
En novembre 2024, le gouvernement congolais avait signé un protocole d’accord avec Monacosat en vue de cette collaboration. Le recours à la technologie satellitaire, de plus en plus fréquent en Afrique, intervient dans un contexte où cette solution est plébiscitée pour sa capacité à assurer une couverture géographique universelle, même dans des zones reculées et difficiles d’accès pour les réseaux traditionnels des opérateurs télécoms.
En RDC, la couverture du réseau 2G atteignait 75 % de la population en 2023, contre seulement 45 % pour la 4G, selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Le taux de pénétration de l’Internet était alors estimé à 30,5 % de la population pour environ 102,3 millions d’habitants. La GSMA, de son côté, évaluait à 40 millions le nombre de personnes n’ayant aucun accès à l’Internet mobile.
Si l’acquisition d’un satellite télécoms peut effectivement contribuer à réduire la fracture numérique, il convient toutefois de rappeler que l’on ignore encore à quelle étape d’avancement se trouve le projet avec Monacosat, ni les mécanismes financiers et techniques envisagés pour le concrétiser. Des incertitudes demeurent également quant au calendrier, aux conditions de mise en œuvre et à la gouvernance de cette infrastructure stratégique.
À titre de comparaison sur la question du calendrier, l’Angola avait conclu en 2018 un accord avec la Russie pour la construction d’un satellite de télécommunications. Dénommé AngoSat-2, il est destiné à remplacer un premier engin d’une valeur de 327,6 millions USD perdu lors de son lancement en 2017. La nouvelle infrastructure a finalement été mise en orbite en octobre 2022, pour une entrée en service au début de l’année 2023.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 1er septembre 2025)