En Afrique subsaharienne, la 5G ne représente que 1,2% des connexions mobiles
jeudi 18 septembre 2025
Le rapport estime que les prix élevés des smartphones et des forfaits de données mobiles constituent des freins majeurs à une adoption plus rapide de la 5G sur le continent, soulignant l’urgence d’actions énergiques sur ces deux fronts.
Les réseaux de cinquième génération (5G) ne représentent actuellement que 1,2% des connexions mobiles en Afrique subsaharienne, où les opérateurs de télécommunications ont pourtant investi 28 milliards de dollars dans l’extension de la couverture et la modernisation des réseaux au cours des cinq dernières années, selon un rapport publié le jeudi 11 septembre 2025 par l’Union internationale des télécommunications (UIT) et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Intitulé « The State of Broadband in Africa 2025 », le rapport précise que la troisième génération (3G) des réseaux de téléphonie mobile représente encore plus de la moitié des connexions mobiles sur le continent, contre un tiers pour la 4G et environ 10% pour la 2G.
L’utilisation de la 3G et la 2G devraient décliner rapidement durant les prochaines années pour se situer à 33% et 2% respectivement en 2030. La 4G poursuivra sa progression pour se tailler une part de 49% du total des connexions, tandis que la 5G devrait atteindre un taux de pénétration de 17 % à la fin de la décennie en cours.
Cette lente transition vers la 5G comparativement à d’autres régions du monde (la 5G représente actuellement 61% du total des connexions en Chine et 77% en Amérique du Nord) souligne une fracture numérique croissante, qui pourrait nuire à la compétitivité de l’Afrique dans l’économie numérique mondiale, alors que l’accès à Internet à très haut débit est plus que jamais nécessaire pour stimuler l’innovation dans tous les secteurs d’activité.
Le rapport note cependant que les opérateurs de téléphonie mobile actifs en Afrique subsaharienne sont en train d’augmenter leurs investissements dans le déploiement de la 5G. Vodacom vient par exemple de lancer les premiers services 5G au Mozambique, tandis que MTN a procédé au déploiement de cette technologie au Bénin. Au total, les dépenses d’investissement des opérateurs africains devraient atteindre 62 milliards de dollars d’ici 2030. La majorité de ces investissements se concentreront sur le déploiement et l’expansion des réseaux 5G.
La migration des clients vers la 5G n’est pas cependant uniquement une affaire de déploiement de ce type de réseau par les opérateurs. Des actions sont nécessaires pour réduire les prix des forfaits de données mobiles et des prix des appareils compatibles avec la 5G. En 2024, les personnes vivant en Afrique payaient 4,2 % de leur revenu mensuel pour un forfait de données mobiles haut débit d’entrée de gamme (2 Go par mois). Bien qu’il ait enregistré une baisse significative au cours des dernières années, ce prix se situe encore au-dessus du « seuil d’abordabilité », fixé à 2% du revenu mensuel par habitant fixé par l’UIT.
33 pays africains disposent de points d’échange Internet
Le rapport indique que la couverture mobile en Afrique (ou le pourcentage de la population vivant à portée d’un signal mobile) a été estimée par l’UIT à environ 88,4 % en 2024. Le haut débit mobile couvrait 86 % de la population africaine, laissant 14 % sans aucune possibilité de connexion mobile.
Dans plusieurs pays africains, les grands opérateurs tels que les groupes panafricains MTN et Vodacom ont joué un rôle important dans l’amélioration de la couverture mobile. Orange fournit de son côté des services de connectivité mobile et des services numériques dans treize pays d’Afrique subsaharienne.
En termes d’équipements, des entreprises chinoises comme Huawei et ZTE sont très présentes sur le continent, grâce à leurs prix très compétitifs qui contribuent à faciliter le déploiement des solutions TIC. A titre d’exemple, le système de transfert d’argent M-Pesa fonctionne essentiellement sur des plateformes développées par Huawei.
En conséquence, l’utilisation globale d’Internet (fixe et mobile) par les particuliers africains a augmenté sensiblement au cours des cinq dernières années, passant de 25% en 2019 à 38% en 2024. Cette hausse a été en partie favorisée par la pandémie de covid-19, qui a encouragé les ménages les plus aisés à accéder à Internet pour continuer à travailler, à communiquer ou à suivre des cours.
Le rapport révèle par ailleurs que 33 pays africains disposent désormais d’un ou plusieurs points d’échange Internet (IXP), des infrastructures physiques où les réseaux télécoms se réunissent pour assurer une connectivité data accessible, abordable et de qualité en créant des itinéraires plus courts pour le trafic Internet et en brisant la dépendance des fournisseurs africains aux liaisons Internet internationales. Le nombre de ces points d’échange Internet, qui diminuent les coûts pour les consommateurs tout en garantissant une vitesse de trafic beaucoup plus importante, varie d’un pays à l’autre, tout comme le nombre de participants à chaque point. L’Afrique du Sud arrive en tête avec 7 IXP, suivie de la Tanzanie (5), la République démocratique du Congo, du Cameroun et du Kenya (3 IXP chacun).
Walid Kéfi
(Source : Agence Ecofin, 18 septembre 2025)