Éducation 4.0 au Nigeria : le numérique comme moteur de compétences et d’emploi
mardi 2 septembre 2025
Avec une population jeune et croissante, le Nigeria doit préparer ses étudiants à un marché du travail numérique. L’accès limité aux infrastructures pédagogiques incite le pays à accélérer l’intégration des technologies dans l’enseignement supérieur.
Le Tertiary Education Trust Fund (TETFund) a réaffirmé son engagement à moderniser l’enseignement supérieur nigérian grâce à la transformation numérique. Lors d’un atelier de deux jours, les institutions bénéficiaires ont été formées à l’utilisation des plateformes Blackboard et TERAS afin de renforcer l’apprentissage en ligne, la recherche académique et la gestion administrative. Sonny Echono, secrétaire exécutif du TETFund, a insisté sur le risque de sous-utilisation des infrastructures si le personnel et les étudiants n’adoptent pas activement ces technologies.
« Nous ne sommes plus confinés aux quatre murs des salles de classe. Avec seulement un téléphone Android ou un autre appareil, les étudiants doivent pouvoir accéder aux contenus, participer aux cours et acquérir des compétences. Il n’y a pas d’alternative à la technologie si nous voulons préparer nos jeunes aux opportunités à venir », a-t-il affirmé.
Cette approche peut transformer la vie de millions d’étudiants en leur donnant accès à des cours de qualité et à des ressources pédagogiques numériques. L’apprentissage devient plus flexible et interactif, permettant aux jeunes de développer des compétences recherchées dans les secteurs de la tech, de la cybersécurité ou de la data science. La Banque mondiale prévoit qu’en 2050, l’Afrique subsaharienne comptera près de 2,2 milliards d’habitants, soulignant l’urgence de préparer une main-d’œuvre qualifiée et adaptée aux besoins du marché.
Le retard dans l’adoption des outils numériques est un problème commun à de nombreuses universités africaines. En 2023, moins de 40 % des établissements disposaient d’infrastructures numériques suffisantes pour l’enseignement hybride, selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). La transformation numérique devient un levier pour améliorer l’employabilité des jeunes et soutenir la croissance économique.
La suite dépendra de l’engagement des institutions africaines et de la formation continue des enseignants. Sur le continent, des expériences similaires ont montré qu’un suivi rigoureux et des partenariats public-privé pouvaient multiplier l’impact de la digitalisation éducative. En 2023, le Rwanda prévoyait de connecter 3000 écoles à Internet à l’horizon 2024 grâce à un financement de 30 millions $ de la banque Exim de Chine et à un projet d’accélération numérique soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 200 millions $. Au Kenya, des partenariats public-privé ont permis de fournir une connectivité Internet rapide et fiable à 34 écoles, dont 6 spécialisées, grâce au projet DigiSchool.
Pour pérenniser cette transformation, le Nigeria pourrait s’inspirer de ces exemples en renforçant ses infrastructures, en généralisant l’usage des plateformes numériques et en intégrant les compétences numériques dans tous les cursus. Le pays a l’opportunité de positionner ses jeunes comme acteurs clés d’une économie numérique émergente et compétitive en Afrique.
Félicien Houindo Lokossou
(Source : Agence Ecofin, 2 septembre 2025)