Le secteur des services de paiement en Afrique de l’Ouest franchit un nouveau cap. Après avoir validé, le 31 août dernier, neuf premiers établissements de paiement, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a annoncé, le 8 septembre 2025, l’agrément de dix nouveaux acteurs. Au total, l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) compte désormais 30 fintechs officiellement autorisées à exercer.
Cette accélération traduit la volonté claire de l’institution d’Abidjan de mettre fin à la zone grise dans laquelle évoluaient encore nombre d’opérateurs numériques. L’agrément, soumis à des conditions strictes — capital minimum, dispositifs de sécurité renforcés, lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme — marque un changement d’échelle : la BCEAO traite désormais les fintechs avec le même niveau d’exigence que les banques traditionnelles.
Une répartition sous-régionale
Les dix nouveaux entrants reflètent la diversité de l’écosystème : deux au Bénin (Julaya Bénin et Open SI), un au Burkina (Kerry Payments Burkina), deux en Côte d’Ivoire (Djamo Côte d’Ivoire et Payemetrust Côte d’Ivoire), un au Mali (Cauridor), un au Togo (Ollo Africa), et trois au Sénégal (Julaya Sénégal, Djamo Sénégal et African Financial Agent).
Avec ces nouvelles autorisations, le Sénégal consolide sa place de leader régional avec 12 fintechs agréées, suivi par la Côte d’Ivoire (9). Les autres pays se partagent les agréments : deux pour le Bénin, le Burkina, le Togo et le Mali, un pour le Niger et un pour la Guinée-Bissau.
Un virage réglementaire majeur
Ces agréments s’inscrivent dans le cadre de l’Instruction N°001-01-2024, en vigueur depuis janvier 2024, qui impose aux fintechs de se mettre en conformité avec des normes rigoureuses de gouvernance, de cybersécurité et de supervision. Cette réforme met un terme à la dépendance systématique vis-à-vis des banques et permet aux acteurs numériques d’opérer sous licence propre, directement sous la houlette de la BCEAO.
Pour les observateurs, la dynamique est double :
– marché : l’arrivée de nouveaux acteurs stimule l’innovation et la compétitivité dans les services de paiement ; consommateurs : le renforcement des règles protège mieux les usagers et sécurise les transactions ;
– inclusion financière : la multiplication des services contribue à élargir l’accès des populations non bancarisées aux outils financiers modernes.
(Source : Social Net Link, 12 septembre 2025)