OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2017 > Décembre 2017 > La discrète bataille pour le contrôle d’Internet

La discrète bataille pour le contrôle d’Internet

mercredi 13 décembre 2017

Internet

Les gouvernements sont depuis peu de plus en plus désireux de promouvoir le concept de « souveraineté numérique », ce qui présente une menace réelle et grandissante pour un Internet au service du bien commun.

Au début de l’automne, dans la matinée du 20 septembre, la police espagnole a perquisitionné les bureaux de l’organisation chargée de la gestion du nom de domaine fréquemment utilisé pour la création des sites catalans : « .cat ». Cela fait penser à une scène dystopique d’un futur cyberpunk : les registres informatiques ont été saisis, le directeur a été arrêté pour sédition et les domaines promouvant le référendum sur l’indépendance du 1er octobre ont été supprimés.

Cette motion de censure maladroite de la part de la police espagnole révèle l’intérêt grandissant des gouvernements à contrôler la place publique du XXI ème siècle : Internet.

La plupart des internautes d’aujourd’hui considèrent pour acquis leur capacité à récupérer instantanément de l’information et à communiquer au moyen d’un réseau mondial ouvert et sécurisé. Cependant, la structure d’Internet est en constante évolution et régulièrement contestée. Ce n’est pas parce qu’Internet a toujours été exploité conformément aux principes de ses créateurs, en faisant valoir l’interopérabilité et la liberté d’expression, qu’il en sera toujours ainsi.

Effectivement, les gouvernements sont depuis peu de plus en plus désireux de promouvoir le concept de « souveraineté numérique », ce qui présente une menace réelle et grandissante pour un Internet au service du bien commun.

La Chine, censeur en ligne le plus perfectionné au monde, va accueillir, pour la quatrième fois, le Sommet de Wuzhen au mois de décembre. Le Sommet de Wuzhen témoigne de la volonté du pays de créer une alternative au Forum sur la gouvernance d’Internet (un forum annuel multi-acteurs pour un dialogue international sur les politiques et les enjeux de la gouvernance d’Internet) qui reflète une vision de l’avenir d’Internet axée sur les priorités de l’État.

Lors du discours d’ouverture du Sommet de Wuzhen de 2015, le Président chinois Xi Jinping a déclaré : « Nous sommes tenus de respecter le droit de chaque pays à choisir, en toute indépendance, son propre parcours de développement du cyberespace, son propre modèle de réglementation et ses politiques publiques relatives à Internet, tout en participant à la gouvernance international du cyberespace sur un pied d’égalité ». Une augmentation du contrôle de l’infrastructure du réseau Internet au niveau mondial par les acteurs d’un État autoritaire mènerait automatiquement à une fragmentation et à une censure plus importantes.

Les adeptes de la « cybersouveraineté » veulent augmenter l’influence d’instances plus favorables à leur concept de gouvernance d’Internet, telle que l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence de l’ONU fondée dans le but de coordonner des protocoles internationaux de transmission pour le télégraphe et le téléphone. Grâce à une série de propositions sur la cybersécurité et d’autres sujets lors d’une conférence de l’UIT en octobre dernier, le Brésil, le Mexique, les États arabes et un bloc régional formé par la Russie et de nombreuses ex-républiques soviétiques ont suggéré que l’UIT élargisse son mandat aux questions relatives à la protection des renseignements personnels.

Les groupes de défenses des droits numériques comme Article 19, Public Knowledge et Access Now ont soulevé des inquiétudes à propos de cette évolution, en déclarant : « toute discussion sur les aspects réglementaires ou politiques de la vie privée doit être guidée par l’intérêt public, dans un cadre de respect des droits humains. Ces discussions doivent être menées dans des forums de manière ouverte et transparente. Cependant, l’IUT n’est ni un forum ouvert ni un forum spécialisé dans la protection de la vie privée ». Bien que les détails techniques de la gouvernance d’Internet soient perçus comme distants, ennuyeux ou insignifiants, on ne devrait pas sous-estimer leur impact potentiel sur des valeurs clés comme la liberté d’expression dans le monde en ligne d’aujourd’hui.

Dans le cadre de sa campagne #KeepItOn, Access Now a documenté 55 coupures délibérées d’accès à Internet ou à des applications mobiles en 2016, afin de contrôler ce que les gens disent ou font, dans la plupart des cas par les gouvernements, et 61 coupures au cours des trois premiers trimestres de 2017. Souvent, comme pour les coupures d’accès à Internet en Égypte en 2011 ou le cas de la liste noire Internet de la Russie depuis 2012, les États exercent des pressions sur leurs fournisseurs de services afin de contrôler l’accès Internet des citoyens et de censurer leur contenu. Cependant, les nombreux points de concentration de l’infrastructure multiplient les occasions de perturber les réseaux numériques, car plus les tentacules des gouvernements atteindront les processus de gouvernance d’Internet, plus ils seront susceptibles de poursuivre des objectifs politiques, en exploitant l’architecture technique de diverses manières.

De plus, la conception même de la structure d’Internet n’est pas neutre, mais reflète plutôt les valeurs de ses créateurs en mettant l’accent sur l’interopérabilité et la liberté d’expression. Ceci, bien sûr, peut représenter un risque dans la mesure où les autorités de régulation peuvent être capturées par des acteurs qui promeuvent d’autres valeurs au fur et à mesure qu’Internet continue d’évoluer.

Récemment, il y a eu une controverse à propos du transfert, en octobre 2016, du contrôle de la gestion du système des noms de domaine, « l’annuaire téléphonique d’Internet », passant du gouvernement américain à une communauté internationale multipartite composée d’acteurs commerciaux, d’experts techniques, d’universitaires, de la société civile et des gouvernements. Les propos alarmistes indiquant que l’ICANN (Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet), l’instance de gouvernance d’Internet en question, pouvait tomber immédiatement sous le contrôle de la Chine ou de la Russie ne se sont pas concrétisés, comme on pouvait s’y attendre. Cependant, le fait que l’ICANN assure « être une organisation technique qui n’a ni la compétence ni la capacité de réglementer le contenu sur Internet » trahit également un manque d’imagination, supposant que la jeune organisation continuera nécessairement à fonctionner comme elle l’a toujours fait depuis dix-neuf ans.

La saisie des noms de domaine est régulièrement effectuée pour appliquer les lois sur les droits d’auteur, par exemple, et le raid de septembre dernier de la police espagnole visant à obtenir un registre de noms de domaine afin de censurer l’accès aux sites promouvant l’indépendance catalane montre que les gouvernements comprennent de plus en plus comment l’architecture technique, comme le système des noms de domaines, peut aussi être utilisé à des fins politiques.

La clé pour maintenir une gouvernance d’Internet saine est de favoriser des voix démocratiques fortes au sein des communautés multi-acteurs capables de façonner la structure évolutive d’Internet, dans une perspective de souveraineté cybernétique différente de celle axée sur l’État. Ces communautés sont en mesure de protéger les instances et les procédures de gouvernance d’Internet d’acteurs qui possèdent des programmes hostiles aux valeurs intrinsèques d’Internet, à savoir l’interopérabilité et la liberté d’expression. Une autre étape importante consiste à intégrer de manière systématique des évaluations de l’impact sur les droits humains dans les procédures de révision des nouveaux protocoles et politiques au sein des instances de gouvernance d’Internet. A l’image d’Article 19, qui l’a récemment mis en place pour les ingénieurs travaillant pour le groupe Internet Engineering Task Force (IETF), et de l’ICANN qui a adopté le règlement des droits humains en 2016.

Dans le cas contraire, il est possible que ce soit une toute autre vision d’Internet qui devienne la réalité de demain.

(Source : RITIMO, 13 décembre 2017)


Cet article de Open Democracy a été traduit de l’anglais au français par Cendrine Lindman, traductrice bénévole pour Ritimo. Retrouvez le texte original, publié le 15 novembre 2017, ici : The quiet battle for control of the internet.

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2056/2210 Régulation des télécoms
  • 173/2210 Télécentres/Cybercentres
  • 1550/2210 Economie numérique
  • 804/2210 Politique nationale
  • 2210/2210 Fintech
  • 251/2210 Noms de domaine
  • 811/2210 Produits et services
  • 691/2210 Faits divers/Contentieux
  • 359/2210 Nouveau site web
  • 2144/2210 Infrastructures
  • 789/2210 TIC pour l’éducation
  • 90/2210 Recherche
  • 121/2210 Projet
  • 1392/2210 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 860/2210 Sonatel/Orange
  • 777/2210 Licences de télécommunications
  • 133/2210 Sudatel/Expresso
  • 464/2210 Régulation des médias
  • 599/2210 Applications
  • 494/2210 Mouvements sociaux
  • 778/2210 Données personnelles
  • 60/2210 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2210 Mouvement consumériste
  • 179/2210 Médias
  • 321/2210 Appels internationaux entrants
  • 691/2210 Formation
  • 48/2210 Logiciel libre
  • 835/2210 Politiques africaines
  • 406/2210 Fiscalité
  • 83/2210 Art et culture
  • 284/2210 Genre
  • 750/2210 Point de vue
  • 489/2210 Commerce électronique
  • 705/2210 Manifestation
  • 156/2210 Presse en ligne
  • 63/2210 Piratage
  • 102/2210 Téléservices
  • 415/2210 Biométrie/Identité numérique
  • 149/2210 Environnement/Santé
  • 156/2210 Législation/Réglementation
  • 167/2210 Gouvernance
  • 823/2210 Portrait/Entretien
  • 72/2210 Radio
  • 338/2210 TIC pour la santé
  • 134/2210 Propriété intellectuelle
  • 29/2210 Langues/Localisation
  • 501/2210 Médias/Réseaux sociaux
  • 931/2210 Téléphonie
  • 95/2210 Désengagement de l’Etat
  • 484/2210 Internet
  • 57/2210 Collectivités locales
  • 188/2210 Dédouanement électronique
  • 495/2210 Usages et comportements
  • 511/2210 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2210 Audiovisuel
  • 1358/2210 Transformation digitale
  • 191/2210 Affaire Global Voice
  • 75/2210 Géomatique/Géolocalisation
  • 146/2210 Service universel
  • 330/2210 Sentel/Tigo
  • 87/2210 Vie politique
  • 727/2210 Distinction/Nomination
  • 17/2210 Handicapés
  • 336/2210 Enseignement à distance
  • 320/2210 Contenus numériques
  • 292/2210 Gestion de l’ARTP
  • 89/2210 Radios communautaires
  • 799/2210 Qualité de service
  • 212/2210 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2210 SMSI
  • 231/2210 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1275/2210 Innovation/Entreprenariat
  • 653/2210 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2210 Internet des objets
  • 85/2210 Free Sénégal
  • 177/2210 Intelligence artificielle
  • 97/2210 Editorial
  • 8/2210 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous