C’est fait ! Depuis le 4 février 2004, l’African network information center (Afrinic), plus prosaïquement l’organisation non gouvernementale, qui va, d’ici la fin de l’année 2004, gérer effectivement l’attribution des adresses IP (Internet Protocol) [1] et ASN (Autonomous System Numbers) [2], est désormais une réalité. Comme ses autres comparses, l’American registry for Internet numbers (Arin) pour l’Amérique du Nord, l’Asia pacific network information centre(Apnic) pour l’Asie et le Pacifique, le Latin American and Caribbean Internet addresses registry (Lacnic) pour l’Amérique Latine et centrale et les Réseaux IP européens (Ripe-Ncc) pour l’Europe, l’Afrinic est mandatée par l’Internet assigned numbers authority (Iana), la structure qui gère l’allocation des adresses IP au sein de l’Internet corporation for assigned names and numbers (Icann), pour lui suppléer au niveau du continent africain. Concrètement, l’Iana lui alloue des groupes d’adresses qu’elle réalloue à son tour à des fournisseurs d’accès Internet.
Une longue gestation
Ces derniers, sélectionnés sur certains critères, ont rang de régistres locaux. C’est cette sélection parfois inadaptée qui justifie en partie l’existence de l’Afrinic. Jusqu’à ce que cette structure prenne la relève, les adresses IP africaines sont et seront gérées par l’Arin, l’Apnic et le Ripe-Ncc. Ce qui constitue un handicap important pour les fournisseurs d’accès africains qui doivent répondre à des critères appliqués à leurs homologues des pays industrialisés ou assimilés où les nouvelles technologies sont plus développées. « L’un d’eux, au sein du Ripe-Ncc, est de justifier de l’utilisation de 4 000 adresses », explique Adiel Akplogan, directeur de projet et directeur exécutif de l’Afrinic joint à Dakar où l’organisation tiendra les 23 et 24 mai prochains sa première réunion consultative. Son thème : les procédures d’allocation des ressources Internet en Afrique. Afrinic est en gestation depuis 1998. Cette année-là, les fournisseurs d’accès africains se retrouvaient à Cotonou, au Bénin, pour envisager la mise en place d’une telle structure. Ses contours prendront forme au Cap (Afrique du Sud) en 2000 et en 2001 un conseil administratif intérimaire sera mis en place dans la capitale ghanéenne, Accra. Composée des représentants des six régions de l’Afrique - Ouest, Est, Nord, Sud, Centre et Océan Indien -, ce conseil finalisera la mise en place de l’Afrinic.
Sa mission principale : établir des critères adaptés aux besoins des fournisseurs d’accès africains en termes d’adressage et gérer les problèmes inhérents. Ce qu’elle fait déjà puisqu’elle traite, en collaboration avec les registres régionaux qui s’occupent de l’Afrique, les requêtes de ses membres en attendant qu’ils soient effectivement sous sa houlette. Ils sont à ce jour 148 registres locaux (des fournisseurs d’accès et des sociétés de télécommunications). Personne ne s’en étonnera. Afrinic a choisi d’établir son siège administratif dans la cyber-île, Maurice. Les opérations techniques ont élu domicile en Afrique du Sud, le centre de réplication (système de sauvegarde), quant à lui, a été implanté en Egypte. Enfin, le Ghana accueille le centre de formation de l’Afrinic. Au total, sous les traits de cette nouvelle structure participative où il est donné à chaque fils du continent de s’exprimer, semble se dessiner le nouveau visage des inforoutes africaines.
Falila Gbadamassi
(Source : Afrik.com 21 mai 2004)