Facebook s’invite ans la campagne pour l’élection présidentielle de février 2012
mercredi 30 novembre 2011
Alors que les forces politiques et sociales tout comme la société civile se mobilisent en direction de l’élection présidentielle du 26 février 2012, la campagne électorale est d’ores et déjà placée sous le signe des technologies de l’information et de la communication (TIC) et plus particulièrement de Facebook. Certes, d’aucuns diront qu’il ne s’agit pas d’une nouveauté tant le téléphone portable et les radios FM avaient joué un rôle important lors de l’élection de 2000 qui avait sonné le glas de quarante ans de règne du Parti socialiste (PS) sur la vie politique sénégalaise et la survenue de l’Alternance. La différence réside dans le fait que la campagne électorale de 2000 avait été somme toute très classique avec ses meetings, ses caravanes, ses concerts, le placardage d’affiches, etc. sans oublier les désormais célèbres « marches bleues », forme de mobilisation originale et surtout en adéquation avec les moyens financiers limités dont disposait M° Abdoulaye Wade et la coalition qui le soutenait. A l’époque, la mobilisation électorale ne s’était guère appuyée sur les TIC et tout au plus la diaspora sénégalaise avait-elle organisé des « marches bleues sur le net » consistant à se connecter massivement sur un site de chat et à y envoyer régulièrement des messages pour y signaler sa présence. Par contre, les TIC, et plus spécifiquement la combinaison du téléphone mobile et des radios FM, avaient joué un rôle important dans un premier temps pour dénoncer les différentes tentatives de fraudes ou de perturbations du scrutin, puis dans un second temps pour faciliter la vigilance citoyenne lors du dépouillement des résultats dans les différents bureaux de vote puis leur proclamation instantanée interdisant ainsi les tripatouillages électoraux auxquels s’adonnaient habituellement les différentes autorités administratives en charge de l’organisation du scrutin et de la proclamation officielle des résultats. Cette fois-ci, la situation est différente car la campagne électorale a très tôt démarré sur Internet, non pas à travers la création de sites web et de blogues dédiés comme en 2007 mais plutôt via l’utilisation de pages Facebook. Il faut dire que ce réseau social, déjà très populaire parmi la jeunesse, a suscité un vif intérêt dans les cercles politiques depuis la révolution du jasmin en Tunisie, que certain ont baptisé « révolution Facebook », qui a marqué le début du « Printemps arabe ». Le coup d’envoi de la mobilisation politique des Sénégalais et des Sénégalaises via Facebook a commencé à prendre de l’ampleur après les manifestations du 23 juin 2011 devant l’Assemblée nationale visant à protester contre la modification de la constitution en vue de créer un poste de vice-président et permettre l’élection du Président de la république avec 25% des voix. Plus d’une dizaine de pages Facebook, s’inscrivant dans la mouvance des « indignés sénégalais » se sont alors créées, attirant des dizaines de milliers d’internautes autour du slogan « Wade dégage ». Surfant sur cette dynamique, nombre de candidats à l’élection présidentielle ont créé des pages Facebook au point qu’un site a décidé d’établir le classement de celles-ci sur la base du nombre de « J’aime » qu’elles récoltent. Si dans le monde globalisée dans lequel nous vivons, l’utilisation des réseaux sociaux comme outil de mobilisation et de propagande se comprend tout à fait, il n’en reste pas moins que l’on peut légitimement s’interroger sur son impact réel sur le l’évolution du cours politique. En effet, le Sénégal avec ses 620 000 utilisateurs de Facebook, soit un taux de pénétration de 67,24% de la population en ligne mais de seulement 4,41% de la population totale, est loin de présenter une situation comparable à celle de la Tunisie avec ses 2 800 000 utilisateurs de Facebook soit un taux de pénétration de 26,44% de la population totale. Reste donc à savoir si, au-delà de l’indéniable effet de mode, le phénomène Facebook a réussi à se faire véritablement une place dans les mœurs politiques sénégalaises au point d’en devenir un des éléments majeurs comme le sont déjà l’affichage public, la presse écrite, la radio, et la télévision. Quoiqu’il en soit, globalement parlant, les TIC sont d’ores et déjà des instruments indispensables à l’action politique qu’il s’agisse d’utiliser le téléphone mobile pour véhiculer des mots d’ordre ou coordonner des actions, de recourir au courrier électronique pour informer les militants et faire circuler des documents ou encore d’intervenir dans la presse en ligne et les forums de discussions pour véhiculer ses idées et peser sur la formation de l’opinion publique.
Olivier Sagna
Secrétaire général