Esquisse de bilan
vendredi 31 décembre 2004
En cette période, il est difficile de ne pas sacrifier au traditionnel bilan de fin d’année d’autant que 2004 semble avoir été une année charnière en matière de TIC au Sénégal. En effet, l’année écoulée a débuté avec l’annonce par le gouvernement de son intention de mettre fin au monopole de la Sonatel sur la téléphonie fixe et internationale, intention qui a été concrétisée en juillet 2004, clôturant ainsi le processus de réforme du secteur des télécommunications entamé en 1981. Désormais l’ensemble des activités de télécommunication est placé sous le régime de la concurrence, ce qui devrait permettre l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché, favoriser le déploiement de technologies alternatives et entraîner une baisse des coûts sur certains services. Cependant, en l’absence d’une lettre de politique sectorielle des télécommunications, les investisseurs nationaux et étrangers sont dans l’expectative ce qui a pour conséquence de retarder la matérialisation des opportunités offertes par la libéralisation du secteur. L’année 2004 a également permis de constater la montée en puissance de l’ART qui a annoncé de nombreux chantiers : plan national de numérotation, adoption d’une grille tarifaire pour l’assignation des fréquences radioélectriques, journées de vulgarisation sur la gestion des fréquences, concertation nationale sur la libéralisation du secteur des télécommunications, élaboration d’un projet de cahier des charges pour l’exploitation des télécentres, réflexion sur le dégroupage et la portabilité des numéros, etc. Il reste à l’ART de s’affirmer plus vigoureusement si elle veut être vraiment crédible aux yeux de tous les acteurs. Pour ce qui est de l’infrastructure et des services, les faits marquants ont été la progression continue de la téléphonie mobile, l’extension de l’ADSL à toutes les capitales régionales, le lancement du WiFi et l’expérimentation de la télévision sur ADSL, le passage de la bande passante Internet internationale à 465 Mbps et la création d’un comité de pilotage sur l’Internet nouvelle génération. Cependant, malgré des progrès, la couverture des zones rurales laisse toujours à désirer avec des conséquences graves en matière d’aménagement du territoire et d’égalité d’accès des citoyens aux outils de communications. De plus, en raison notamment de tarifs élevés, l’infrastructure et les services restent largement sous-utilisés par les acteurs économiques comme par les ménages au pouvoir d’achat limité. L’Etat a fait des avancées substantielles tant sur le plan institutionnel avec la création de l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE) qui devrait mettre définitivement fin à la cacophonie qui a régnée dans le domaine pendant de nombreuses années que sur le plan opérationnel avec la mise en œuvre de l’intranet administratif qui devrait contribuer de manière significative à la modernisation du fonctionnement de l’administration. L’annonce de l’introduction de la nouvelle carte nationale d’identité utilisant des procédés biométriques devrait consolider les acquis en matière de fichiers d’identification et permettre de fiabiliser le fichier électoral, gage d’élections démocratiques et transparentes. Le secteur privé continue à montrer son intérêt pour les TIC comme le prouve le dynamisme des entreprises du secteur et sa volonté de mieux prendre en charge ses problèmes spécifiques avec la création d’organisations professionnelles comme la SITSA (Senegalese Information Technology Association ) et la FOCYS (Forum des Cyber centres du Sénégal) qui sont venues s’ajouter à l’Organisation des professionnels des technologies de l’information et de la communication (OPTIC). Du côté de la société civile, les diverses associations continuent de faire leur travail de sensibilisation, de vulgarisation et de formation avec beaucoup de volonté mais avec peu de moyens. Des projets initiés avec le concours de la coopération internationale comme la Digital Freedom Initiative (DFI) sont entrés dans leur phase de déploiement, venant ainsi élargir le champ des interventions multiformes qui doivent être mises en synergie par une stratégie nationale élaborée selon une démarche participative. L’année 2005 qui débute devrait être celle de la confirmation des options stratégiques du Sommet mondial de la société de l’information dont la seconde phase se déroulera en novembre à Tunis. Début février, la réunion régionale du groupe Afrique à Accra devrait donner une plus grande impulsion à la concertation qui est engagée au sein du NEPAD et de l’Union Africaine, afin de mieux coordonner les initiatives en cours sur le continent et tirer ainsi davantage profit des possibilités offertes les TIC. Avec l’inauguration prochaine du Fonds de solidarité numérique (FSN), l’une des initiatives majeures lancées pour réduire la fracture numérique, il sera bientôt possible de concrétiser sur le terrain la volonté déjà affichée par l’Organisation mondiale des villes et pouvoirs locaux ainsi que les pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie de mettre en place des mécanismes de financement innovants. Dès lors, il urge de matérialiser l’idée de « Coalition nationale » pour la Société de l’Information qui est devenue au fil des rencontres un concept que s’approprient de nombreux acteurs qui y trouvent la formule idéale pour gérer le large consensus qui se dégage au Sénégal conduire pour une politique volontariste en faveur du développement des TIC tant du point de vue des infrastructures et des équipements que de celui des usages. Pour terminer, au nom de tous les membres d’OSIRIS, je voudrais souhaiter à chacune et à chacun d’entre vous qui nous lisez régulièrement, mes meilleurs vœux de bonne et heureuse année pour 2005.
Amadou Top
Président d’OSIRIS