Des avancées mais il reste encore beaucoup à faire
samedi 31 décembre 2005
Alors que l’année 2005 vient de s’achever quel bilan dresser en matière de technologies de l’information et de la communication et au delà de construction de la Société de l’information ? D’emblée, nous dirons que des progrès importants ont été accomplis mais il reste beaucoup à faire. Sur un plan général, le gouvernement a enfin publié la lettre de politique sectorielle des télécommunications attendue par les uns et les autres suite à la libéralisation totale du marché. Sa publication a été accompagnée de l’annonce d’un appel d’offres pour une licence globale de télécommunications, dont le lancement est prévu pour janvier 2006. Cependant, l’incertitude prévaut toujours quant aux intentions de l’Etat au sujet de sa participation dans le capital de la Sonatel dont on ne sait pas si elle sera maintenue, réduite ou bien supprimée. L’ART, secouée par le limogeage de son Directeur général, a traversé une passe difficile mais a vu ses compétences étendues avec sa transformation en une Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP). A l’heure de la convergence des technologies, on aurait cependant pu profiter de l’occasion pour créer un organe chargé de la régulation globale du secteur des TIC, à l’image de l’Independent Communications Authority of South Africa (ICASA), plutôt que de créer, aux côtés de l’ARTP, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA). Sous l’impulsion de l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE), un intranet gouvernemental a été créé, concrétisant ainsi un projet évoqué dans les années 90 et dont on a jamais vu le moindre début de réalisation à savoir le Réseaux de Communication Administratif Voix et Données ! Un portail présentant les démarches administratives est également en cours de réalisation qui devrait apporter plus de transparence, d’efficacité, de rapidité et une meilleure qualité dans le service rendu aux citoyens. Quatre avant projets de loi portant sur une loi d’orientation sur la société de l’information, la protection des données à caractère personnel, les transactions électroniques et la cybercriminalité ont été élaborés et publiquement discutés permettant ainsi de franchir un pas important vers la mise en conformité de notre législation avec les exigences de la Societé de l’information. Sur le plan économique, dans le cadre de la stratégie de croissance accélérée, la grappe « TIC et téléservices » a accompli un important travail de réflexion qui devrait déboucher sur l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action afin de donner une nouvelle impulsion au secteur. En matière de services, l’arrivée du GPRS, norme de transition vers l’UMTS, permet désormais aux utilisateurs nomades de se connecter à Internet d’un peu partout. La téléphonie mobile est en progrès constant puisque le nombre d’abonnés frôle désormais le chiffre de 2 millions tandis que la téléphonie fixe progresse lentement avec moins de 300.000 lignes. S’agissant enfin de la lutte contre la fracture numérique, le projet des centres multimédias communautaires (CMC) a démarré et des initiatives du type « un enseignant, un ordinateur » ont vu le jour, mais le Sénégal doit faire plus en menant une politique exemplaire, permettant par exemple de faire de Dakar la ville la plus branchée d’Afrique. Cela implique, l’élaboration d’une stratégie nationale discutée et partagée par les acteurs, le renforcement de la crédibilité de l’ART, l’attribution transparente de la licence globale de télécommunications, le développement de la téléphonie rurale, la création d’un réseau de points d’accès communautaires, la promotion d’opérateurs alternatifs utilisant des technologies novatrices et faciles à déployer (CPL, WiMAX, etc.), la modification de la législation sur les marchés publics afin de permettre l’application du Principe de Genève, etc. Autant de défis qu’il nous faudra savoir relever au cours de l’année 2006 si nous voulons tirer le meilleur profit des opportunités offertes par les TIC et continuer à jouer un rôle leader en Afrique. Bonne et heureuse année 2006 à tous.
Amadou Top
Président d’OSIRIS