Faire le bilan de l’année écoulée est toujours un exercice difficile puisqu’il s’agit de sélectionner des faits sans toujours avoir le recul suffisant pour les apprécier en toute objectivité. Toujours est-il que l’on peut dire sans risque de se tromper que l’année 2013 a été un bon cru pour l’action Sonatel à la Bourse régionales des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan (Côte d’Ivoire) où elle est passé de 14 800 FCFA en fin décembre 2012 à 20 395 FCFA en fin décembre 2013, soit une augmentation de 37,8%. En avril 2013, le titre Sonatel s’était d’ailleurs particulièrement distingué puisque plus de 135 000 actions avaient été échangées en une seule séance. Sur le terrain, la Sonatel a continué d’exercer son leadership (58,34%) sur le marché de la téléphonie mobile qui frise désormais les treize millions de clients même si, comme nous le disons souvent, les chiffres fournis par l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) doivent être minorés compte tenu du phénomène multi-SIM et des puces devenues inactives. Tigo, second opérateur à être arrivé sur le marché de la téléphonie mobile a, suite au règlement de son contentieux avec l’Etat en 2012, investi quelques 50 milliards de FCFA dans la modernisation et l’extension de son réseau et lancé sa 3G+ mettant ainsi son offre de services au même niveau que celle ses deux autres concurrents. Cependant, le bénéfice de ces investissements ne s’étant pas encore fait sentir, Expresso en a profité pour se hisser à la deuxième place avec 20,92% de parts de marché dépassant d’une courte tête les 20,74% de Tigo. En matière d’environnement légal et réglementaire, 2013 aura vu se dérouler une nouvelle campagne d’identification des abonnés à la téléphonie mobile, l’adoption du principe de la mise en oeuvre de la portabilité des numéros et le démarrage des activités de la Commission de protection des données personnelles (CDP), créée en 2008, qui a demandé à toutes les structures procédant à des traitements de données de les déclarer à ses services. L’année 2013 qui avait démarré par la validation de la stratégie nationale de passage de l’audiovisuel analogique au numérique s’est terminé avec la création du Comité de pilotage de la transition de l’analogique vers le numérique (CONTAN) dont le défi est de réussir dans les délais cette fameuse migration qui doit impérativement intervenir avant le 17 juin 2015 et de tirer le meilleur profit du dividende numérique pour créer des emplois et rendre l’accès haut débit Internet possible partout dans le pays. En matière d’usages, le fait marquant a été la mise en place par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche de la plateforme Campusen qui a permis l’orientation dans les établissements privés d’enseignement supérieur de quelques 6 000 bacheliers de la session 2012 non orientés dans les universités publiques puis l’orientation des bacheliers de la session 2013 dans les universités publiques couplée avec le paiement électronique des frais d’inscription via les services de transfert d’argent (Yooni-ma, La Poste, Wari, Joni Joni et Money Express), le tout ayant fonctionné sans problème majeur. A ce chapitre, il faut également ajouter la dématérialisation des factures téléphoniques à laquelle a procédé la Sonatel ainsi que l’envoi par Macky Sall, Président de la république, de SMS et de tweets à l’occasion des principales fêtes légales. Sur un autre registre, il faut signaler le « buzz » fait sur Internet par « le Journal rappé » présenté par Xuman et Keyti et qui a été visionné plus d’un million de fois. Toujours côté contenus numériques, l’année 2013 a vu la naissance d’une seconde maison d’édition spécialisée dans l’édition numérique avec la création de « Diasporas noires » qui rejoint les « Nouvelles éditions numériques africaines » dont le promoteur vient de lancer la « Librairie numérique africaine ». Enfin, il faut souligner que Kheweul.com, la firme créée par Mouhamet Diop, s’est vu décerner le prix du meilleur registrar africain par l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN). L’année 2013 apparaît donc comme une année porteuse de ruptures qu’il convient de matérialiser en prenant les décisions idoines qui permettront de replacer notre pays sur les rails du développement de l’économie numérique. Le Sénégal pourrait ainsi retrouver la place de leader qu’il occupait, il y a plus d’une décennie de cela, et qu’il a perdu au profit de pays comme le Kenya, le Rwanda, etc. faute d’avoir su mettre en place l’environnement nécessaire au développement des TIC.
Amadou Top
Secrétaire général