Batik N° 17 Décembre 2000
dimanche 31 décembre 2000
Bulletin d’Analyse sur les Technologies de l’Information et de la Communication
Lettre d’information électronique mensuelle publiée par OSIRIS
l’Observatoire sur les Systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal
n° 17 décembre 2000
Sommaire
Editorial
Dewenetti !
Actualités
Les PAJE font un premier bilan
La participation sénégalaise au projet Fragments du monde
Walf Online tente un second départ
Réunion des groupes d’experts africains des commissions d’études de l’UIT-D
Politique
Cacophonie gouvernementale sur la régulation
Première rencontre de la Digital Opportunity Task Force (DOT Force)
Infrastructures et services
La capacité de la bande passante internationale passe à 42 Mbits
Projets
La participation sénégalaise au projet Fragments du monde »
Projet d’extension du SIUP aux 42 collectivités locales de la région de Dakar
Rendez-vous
Troisième édition de l’African Telecom Summit (27-30 mars 2001)
Editorial
Enfin nous y voilà ! Après l’effervescence médiatique qui a enivré le monde entier il y a tout juste un an à l’occasion du faux passage au vingt et unième siècle, des milliards d’hommes et de femmes ont vécu cet événement exceptionnel qu’est le passage simultané à un nouveau siècle et à un nouveau millénaire. Cela étant, comme pour ramener les choses à des dimensions plus humaines, le hasard a voulu que les USA, première puissance technologique du monde et symbole autoproclamé de la démocratie, accompagnent le siècle finissant par un processus électoral digne d’une république bananière dans lequel on a recouru au comptage manuel d’une partie des bulletins de vote après que certains aient publiquement dénoncé le manque de fiabilité du décompte électronique. Ainsi donc, la fièvre du bogue de l’an 2000 et le canular de ces élections américaines, ont exprimé toute la relativité de notre maîtrise sur les technologies qui structurent progressivement notre quotidien.
Au Sénégal, l’annonce par la Sonatel de l’élargissement de la bande passante Internet à 42 Mbits devrait permettre à notre pays de matérialiser la volonté si souvent énoncée de développer le secteur des téléservices. Cet accroissement quantitatif qui devrait se traduire par une amélioration qualitative des conditions d’accès à Internet est cadeau de fin d’année à la hauteur de la symbolique attachée au passage à un millénaire annoncé comme devant être celui des technologie de l’information et de la communication. Mais, si l’on veut promouvoir l’accès universel aux services de communication et hisser Internet au rang de service public, il faudra faire plus, notamment en corrigeant dans les meilleurs délais, l’hérésie majeure que constitue l’absence d’une autorité indépendante de régulation du secteur des télécommunications. En effet, la volonté du gouvernement de faire des nouvelles technologies un tremplin pour impulser un vaste mouvement de modernisation de l’Etat et de l’économie, ne saurait se concevoir en l’absence d’une telle autorité de régulation. Garante des règles du jeu dans un secteur stratégique, c’est elle et elle seule qui pourra faire en sorte que tous les acteurs intéressés puissent s’affronter dans le cadre d’une compétition saine et loyale et offrir des services de qualité à des coûts acceptables. Dans cette perspective, l’idée avancée par le gouvernement de créer une autorité multisectorielle chargée de réguler des sphères économiques aussi distinctes que l’eau, l’électricité et les télécommunication inquiète au plus haut point sur la volonté d’opérer la rupture tant attendue avec la situation actuelle et de faire véritablement des technologies de l’information et de la communication un des piliers majeurs de notre développement. Autant il est concevable qu’un souci de rationalisation invite à combiner la régulation des télécommunications et celle des médias au regard des convergences actuelles et futures, autant il semble risqué, sous prétexte d’économies d’échelle, de procéder à un mélange des genres qui, de toute évidence, fait fi de la complexité et de la spécificité des taches qui attendent les responsables de cette autorité de régulation. Contrairement aux secteurs de l’eau et de l’électricité, le secteur des télécommunications est en évolution constante, rapide et souvent imprévisible. De plus, qu’il s’agisse de veille technologique, de gestion du spectre des fréquences, d’attribution de licences, de la mise en oeuvre de nouvelles solutions ou de nouveaux services ou encore de la gestion des relations entre l’opérateur historique et les nouveaux arrivants sur le marché, toutes ces questions sont marquées d’une telle spécificité que la volonté de « rationaliser » à tous prix risque de conduire à l’inefficacité. Or, si le gouvernement ne se donne pas les moyens de réguler correctement et rapidement le secteur des télécommunications, la politique de développement des téléservices s’en trouvera sérieusement compromise avec toutes les conséquences néfastes que cela comportera sur la création d’emploi et de richesses. En cette période de vœux, souhaitons que l’Agence de régulation des Télécommunications voit enfin le jour pour le plus grand bien de l’Etat, des professionnels des TIC mais aussi et surtout des utilisateurs et des citoyens. Bonne année à tous et meilleurs vœux.
Amadou Top
Président d’OSIRIS
Actualités
Les PAJE font un premier bilan
Les Points d’accès à Internet pour les jeunes (PAJE), une initiative de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) financée par le Fonds Francophones de Inforoutes (FFI), ont fait un premier bilan de leur existence lors d’une réunion tenue à Gorée du 27 novembre au 6 décembre 2000. A cette occasion, les animateurs des 37 PAJE répartis dans 22 pays de l’espace francophone ont pu échanger sur leurs expériences avec des responsables de l’Institut francophone des nouvelles technologies de l’information et de la formation (INTIF) secondés par divers experts. La démarche du programme PAJE consiste à mettre à la disposition de structures ayant une dimension-jeunesse dans leurs activités, un financement allant de 9 à 15 millions CFA pour l’acquisition de cinq ordinateurs, leur mise en réseau, la formation des animateurs et la prise en charge des coûts de communication Internet sur une période d’un an. Au Sénégal, l’école Mass Massaër Niane de Baobab et le Centre de Sauvegarde de Pikine abritent déjà un PAJE et un troisième devrait bientôt être fonctionnel à Fatick.
AIF : http://www.francophonie.org/
FFI : http://www.francophonie.org/fonds/
INTIF : http://intif.francophonie.org/
PAJE : http://intif.francophonie.org/PAJE/
La participation sénégalaise au projet Fragments du monde
Initié par l’association Veille Européenne et Citoyenne sur les autoroutes de l’information et Multimédia (VECAM) et l’Institut National de la Jeunesse et de l’éducation Populaire (INJEP) qui est un établissement public dépendant du Ministère français de la jeunesse et des sports, Fragments du monde est un concours qui réunit des jeunes du monde âgés de 16 à 25 ans avec pour objectif de développer une convergence de cultures à travers les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pour se faire, il a été demandé à des groupes de jeunes de présenter une contribution sous forme de pages web en trois parties :
– la présentation d’une place publique de leur pays,
– des témoignages en rapport avec un projet ou un sujet d’enquête de leur choix
– une histoire extraordinaire en rapport avec le projet.
Le Sénégal s’est engagé dans ce projet et est représenté par deux groupes, l’un coordonné par Mamadou Gaye, Directeur du Système d’Information Urbain Populaire SIUP, qui travaille sur le thème de l’environnement et plus particulièrement sur la protection du littoral et l’autre sous la responsabilité de Moustapha Mbengue, documentaliste-webmaster du Centre Culturel Français de Dakar qui se consacre à la médecine traditionnelle africaine et plus particulièrement sur le Ndëp, méthode de guérison traditionnelle pratiquée par les Lébous.
Le 6 décembre 2000, le projet a été présenté à Gorée lors d’un stage sur la conception de site Web organisé par l’Agence intergouvernementale de la Francophonie et depuis peu le Sénégal s’est s’enrichi d’un troisième groupe dénommé « Cyber Penc » qui est originaire du village de Yoff.
Les travaux des ces deux groupes de jeunes sont accessibles sur le site du projet Fragments du monde à l’adresse http://www.fragmentsdumonde.org/
Walf Online tente un second départ
Depuis le 11 décembre 2000, Walf Online, la structure chargée de mettre en ligne la version électronique du quotidien Wal Fadjri s’est dotée d’une liaison spécialisée à 64 Kbits. Pour rentabiliser cet investissement qui s’élève au total à près de 20 millions de FCfa, le groupe à jeté son dévolu sur la publicité et entrain de finalisé un contrat avec une agence installée aux Etats-Unis. La première tentative de Wal Online s’était appuyée sur un partenariat avec Téléservices SA mais pour diverses raisons le projet échoua et depuis un bon moment le quotidien n’était plus mis en ligne régulièrement. Espérons que ce second départ sera le bon et que Walf Online suivra les traces prometteuses du Soleil et de Sud Quotiden.
Walf Fadjri Online : http://www.walf.sn/
Le Soleil : http://www.lesoleil.sn/
Sud Online : http://www.sudonline.sn/
Pour plus de détails sur l’échec de Walf Online : cliquez ici
Réunion des groupes d’experts africains des commissions d’études de l’UIT-D
La recommandation de Bamako (20-23 mai, 2000) sur la participation des pays africains aux travaux des commissions d’études de l’UIT-D ayant reconnu que l’insuffisance de la participation des pays africains à ces aux travaux pouvait conduire à une prise en compte insuffisante des problèmes spécifiques de la Région quant au développement de réseau de télécommunications ainsi que les mesures réglementaires à prendre pour accompagner ce développement, il a été créé des groupes d’experts africains. Chaque groupe d’experts traite un thème regroupant un certain nombre de questions des commissions d’études de l’UIT-D, soit quatre thèmes pour chaque commission d’études et un sur les questions genre. Suite à l’invitation conjointe du Ministre de la Communication du Sénégal et du Conseil Supérieur de l’Industrie du Sénégal, une réunion des groupes d’experts africains s’est donc tenue à Dakar du 6 au 8 décembre 2000. A l’issue de ces travaux, il a notamment été retenu de réaliser de nouvelles études de cas pour donner des exemples de projets spécifiques au continent africain et de mieux intégrer la dimension Genre dans les travaux de l’UIT-D. La prochaine réunion des Groupes d’experts africains de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) devrait avoir lieu à Maputo (Mozambique) en mai 2001.
UIT : http://www.itu.org/
Politique
Cacophonie gouvernementale sur la régulation
Autant les professionnels des technologies de l’information et de la communication avaient apprécié la volonté affirmée par le ministre de la Culture et de la Communication dès son entrée en fonction de mettre rapidement sur pied une Agence de Régulation des Télécommunications autant ils sont troublés par la cacophonie gouvernementale qui règne sur la question depuis un certain temps. En effet, avec la volonté affichée du ministre de l’Économie et des Finances de remettre en question la création de cette agence sectorielle au profit d’une agence multisectorielle régulant l’eau, l’électricité et le téléphone, conformément au schéma de la Banque mondiale, la perspective de voir naître cette indispensable autorité de régulation qui aurait normalement du être créée avant même la privatisation de la Sonatel, semble de nouveau remise aux calendes grecques. Compte tenu du rôle fondamental qu’une telle structure de régulation sera amenée à jouer pour la création d’un environnement juridique et réglementaire propice au développement des téléservices, il est grands temps que le Premier ministre remette de l’ordre dans la maison en tranchant rapidement et définitivement en faveur de l’agence sectorielle des télécommunications, qui est moins le projet d’un ministre voire même du Gouvernement que l’instrument de régulation qu’appellent de tous leurs vœux les professionnels des téléservices depuis des années.
Première rencontre de la Digital Opportunity Task Force (DOT Force)
Le 8 novembre 2000 s’est tenue à Tokyo (Japon) la première réunion de la Digital Opportunity Task Force (DOT Force) regroupant les pays du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie) et neuf pays en développement choisis pour représenter leur zone géographique (Bolivie, Brésil, Chine, Egypte, Inde, Indonésie, Sénégal, Afrique du sud et Tanzanie). Le Sénégal, désigné pour représenter la zone Afrique de l’Ouest, était présent à cette importante réunion à travers la personne de Ndèye Maïmouna Diop, conseiller technique en NTIC au ministère de la Culture et de la Communication. Le travail attendu par les membres du G8 de la part des pays non-membres du G8 était de les aider à mieux mesurer la profondeur de la fracture numérique, comprendre les raisons de ce sous-développement numérique et évaluer les besoins de chaque région en termes d’infrastructures, d’accès, de ressources humaines et de production contenus. Suite à cette réunion, un questionnaire a été envoyé dans les différents pays d’Afrique de l’Ouest de manière à faire un état global de la situation. Ce document sera exposé lors de la prochaine rencontre de la DOT Force qui aura lieu à Dubai (Emirats arabes unis) du 15-17 Janvier 2001 en marge du forum de l’OCDE sur « Emerging Market Economy Forum on Electronic Commerce ». Le document final devant fournir les bases d’un plan aux dirigeants du G8 sera présenté lors de la prochaine rencontre des dirigeants du G8 prévue à Gênes (Italie) en Juillet 2001.
Charte d’Okinawa sur la société de l’information : cliquez ici
Forum de l’OCDE sur le commerce électronique : http://www.oecd.org/dsti/sti/it/ec/act/dubai_ec/
Infrastructures et services
capacité de la bande passante internationale passe à 42 Mbits
A travers un encart publicitaire publié dans certains journaux de la place, la Sonatel a informé le grand public et les professionnels de l’Internet qu’elle venait de faire passer les capacités technique de la bande passante internationale de 4 Mbps à 42 Mbps. Désormais, ce sont donc 36 Mbps (34 Mbps avec France Télécom et 2 Mbps avec Téléglobe) qui sont disponibles pour les utilisateurs. A terme, la liaison à 64 Kbps avec MCI devrait être supprimée et la capacité de la liaison avec Téléglobe portée à 8 Mbps. Ce cadeau de Noël fait aux professionnels de l’Internet et aux internautes vient à son heure car depuis longtemps les uns et les autres se plaignaient de la faiblesse du débit compte tenu de l’accroissement régulier du trafic.
Sonatel : http://www.sonatel.sn/
Projets
Projet d’extension du SIUP aux 42 collectivités locales de la région de Dakar
Le Centre de Ressources pour l ’Emergence Sociale Participative (CRESP) vient de concevoir un projet d’extension du Système d’Information Urbain Populaire (SIUP) aux quarante deux collectivités locales de la Région de Dakar. Envisageant un partenariat entre l’Agence Régionale de Développement (ARD) de Dakar, le ministère de la Culture et de la Communication, le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire et l’Observatoire sur les Systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal (OSIRIS), il compte utiliser une méthodologie dite en cascade dans laquelle les six communes disposant actuellement d’un Système d’Information Urbain Populaire (SIUP) formeront chacune six communes avoisinantes dans le cadre de sessions de formation d’une durée de trois mois. Les principaux objectifs du projet sont de :
– 1. Mettre en place dans chaque commune d’arrondissement un flux d’informations entre les autorités locales et leurs services techniques, les populations et leurs associations.
– 2. Définir des cadres d’analyse et de recherche populaire (pratique des acteurs sur la gestion urbaine et dialogue entre société civile et autorités locales/ pouvoirs publics).
– 3. Identifier les problèmes et les éléments de lutte contre la pauvreté et évaluer le progrès accompli pour un changement social significatif.
– 4. Définir et pérenniser les programmes de prestation de services des centres de ressources SIUP les plus adaptés aux besoins des élus et des populations de base.
Prévu sur une durée de dix-huit mois le projet nécessitera un financement d’environ 550 millions de FCFA.
CRESP : http://www.cresp.sn/
SIUP : http://www.siup.sn/
Rendez-vous
Troisième édition de l’African Telecom Summit (27-30 mars 2001)
Du 27 au 30 mars 2001, se tiendra à Accra (Ghana) la troisième édition de l’African Telecom Summit. Organisée au centre de conférence international d’Accra par Spectrum International Ltd. Ghana avec le soutien du ministère des Communications et de l’Union Internationale des Télécommunications, cette manifestation portera sur le thème « Accès universel en Afrique : Stratégies pour un développement effectif ». Pour toute information complémentaire, écrire à : cordinat@ghana.com.
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