Au-delà du Startup Act, faire en sorte de devenir une Startup Nation
samedi 30 novembre 2019
Le 6 novembre 2019, le Conseil des ministres a adopté le projet de loi relatif à la création et à la promotion de la startup au Sénégal plus connu sous l’appellation de Start Up Act. Cette étape importante est l’avant-dernière du processus qui devrait conduire à l’examen du projet de loi par l’Assemblée nationale en vue de son adoption. Sur le continent africain, la Tunisie a été le premier pays à se doter, en avril 2018, d’un Startup Act consistant en une loi comportant une série de mesure visant à soutenir les startups tunisiennes. Parmi les mesures phares figurent notamment la simplification des procédures administratives, la facilitation de l’accès au financement, le soutien à la création de startup et l’appui en vue du déploiement des startups à l’international. Dans la foulée, en marge de la 4ème édition du Transform Africa Summit, organisé les 8 et 9 mai 2018 à Kigali (Rwanda), l’African Innovation Hub Convention, regroupant les principaux acteurs de l’innovation en Afrique, a approuvé le « Manifeste de la politique d’innovation en Afrique » dont l’objet principal est de promouvoir les politiques favorisant le développement d’un écosystème numérique africain. Dans cette dynamique et sous la houlette de Eva Sow Ebion, ancienne du CTIC Dakar et co-fondatrice de Kinaya Venrures, les acteurs sénégalais de l’innovation, organiseront, en juillet 2018, le Dakar Policy Hackathon, initiative réunissant les acteurs clés de l’écosystème entrepreneurial sénégalais avec pour objectif l’élaboration d’un Start-Up Act. Bénéficiant notamment de l’appui de i4Policy, plateforme africaine favorisant les réformes politiques initiées par les communautés locales de citoyens affectées par les politiques publiques, du ministère de la Communication, des Télécommunications, des Postes et de l’Economie numérique, de la Délégation générale à l’emploi rapide (DER), de la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale (BM), de Téranga Tech, etc. cette activité lança le processus d’élaboration participative et inclusive du projet de loi. À l’issue du Dakar Policy Hackathon, la première version d’un avant-projet de loi organisé en sept (7) chapitres et proposant vingt-trois (23) articles traitant de question comme la labélisation des startups, les mécanismes de financement, la fiscalité, le développement des affaires, la formation et la gouvernance fut soumise aux pouvoirs publics. Par la suite, sous l’appellation de « Sen Startup Act », le processus de consultation s’est poursuivi afin de consolider le document et élargir la coalition d’acteurs travaillant à la mise en œuvre d’une réforme encourageant l’innovation et l’entrepreneuriat. C’est ainsi qu’entre le 25 août au 2 septembre 2018, une consultation en ligne a été organisée sur les différentes propositions de textes via un chat bot et sur la plateforme web créée à cet effet par Sen Startup Act. Au final, le projet présenté en Conseil des ministres comporte cinq (5) chapitres traitant respectivement des dispositions générales, du cadre institutionnel et organisationnel des startups, des mesures incitatives qui leur sont consenties, des responsabilité et sanctions et des dispositions transitoires et finales. Une fois adoptée cette loi devrait permettre aux startup de bénéficier d’un certain nombre de mesures incitatives mais également d’une forme de protection grâce à la prise en compte de leur spécificité et de leur vulnérabilité à travers la définition d’un cadre spécifique d’appui et de gouvernance des startups avec notamment la mise en place d’un régime juridique adapté pour leur enregistrement et leur labellisation. Au-delà de l’acte éminemment positif que devrait être la prochaine adoption de cette loi, il ne faut cependant pas perdre de vue que c’est une condition nécessaire mais pas suffisante pour transformer le Sénégal en une Startup Nation. Pour ce faire, notre pays doit résolument développer un écosystème technologique diversifié et reposant sur l’innovation entrepreneuriale afin de résoudre notamment les principaux problèmes auxquels l’Afrique fait face dans des domaines tels que l’agriculture, la santé, les transports, la gestion de l’eau, la cybersécurité, etc. Pour se faire, l’Etat et le secteur privé doivent investir massivement dans la recherche-développement, en étroite relation avec les structures d’enseignement supérieur et de recherche, et ce dans le cadre de partenariat avec de grandes firmes internationales pour s’engager dans la transformation digitale de la société. Dans cette dynamique, l’Etat doit donner l’exemple en passant à la vitesse supérieure dans la digitalisation de son fonctionnement quotidien proposant aux citoyens une administration agile faisant de l’efficience sa devise.
Amadou Top
Président d’OSIRIS