Aller de l’administration en réseau vers la société en réseau
jeudi 31 mars 2005
Avec le lancement officiel de l’intranet gouvernemental le 15 mars 2005, par le Président de la République, c’est un pas de géant qui a été franchi dans le sens de la modernisation de l’administration sénégalaise. Pendant des années, la Délégation à l’Informatique a déclaré être en train de mettre sur pied un outil de communication moderne au service de l’administration dans le cadre du fameux réseau « Voix et données » qui, bien que maintes fois annoncé depuis le milieu des années 90, n’a en fait jamais été réalisé. C’est tout à l’honneur de la Direction de l’Informatique de l’Etat devenue depuis l’Agence De l’Informatique de l’ Etat, dirigé par Mouhamed Tidiane Seck, que d’avoir réussi à mener à bien cet ambitieux projet qui devrait dans un premier temps révolutionner la communication intra administrative mais aussi les méthodes de travail de l’administration par la mise en place d’applications collaboratives. De la sorte, l’Etat joue pleinement le rôle qui doit être le sien dans la préparation du pays à une participation active dans la société de l’information à savoir celui d’un utilisateur modèle des technologies de l’information et de la communication indiquant la voie à suivre aux hésitants, jouant un rôle d’entraînement pour les différents secteur d’activités et surtout contribuant à la modernisation de son fonctionnement au service de la compétitivité et de la croissance mais aussi à l’amélioration du service rendu aux citoyens en termes de rapidité, de qualité et de transparence des procédures administratives. Intranet gouvernemental aujourd’hui, extranet administratif demain, cet outil doit rapidement permettre de dématérialiser toute une série de procédures administratives et d’offrir de nombreuses possibilités d’interactions entre l’administration, l’entreprise et le citoyen. L’erreur serait grande et le gâchis important compte tenu du montant de l’investissement et des opportunités offertes si l’on voulait se contenter seulement d’améliorer le fonctionnement et la productivité de l’administration. Dès que les textes reconnaissant les documents et la signature électronique auront été adoptés, la loi sur la protection des données individuelles votée, la carte d’identité numérique devenue une réalité, il faudra développer partout où cela sera possible les téléprocédures administratives afin que les citoyens comme les entreprises cessent de se déplacer pour un oui ou pour un non et surtout arrêtent de perdre des heures et des heures dans les services administratifs pour la moindre attestation. Bien entendu, tout cela ne sera qu’utopie, si l’on n’autorise pas la création de structures d’accès agrées, proches des citoyens, qui leur permettront d’accéder à des ordinateurs connectés et surtout de bénéficier des conseils nécessaires. Cela appelle aussi la mise sur pied d’une véritable politique en matière d’accès publics à Internet qui fait aujourd’hui cruellement défaut. Certes, les cybercafés privés sont là, qui se développent un peu partout dans les quartiers des principales villes du pays, mais quid des zones où ils sont absents pour cause de non rentabilité ? Il revient donc à l’Etat et aux collectivités locales de développer un vaste réseau d’accès publics à travers le pays non seulement pour permettre la connexion à Internet et demain la mise en œuvre des téléprocédures administratives, mais aussi pour y mener des activités de sensibilisation et de formation destinées à tous ceux qui sont en dehors des circuits formels. Il s’agit donc maintenant de mettre en œuvre un autre grand chantier numérique pour dépasser le stade de l’administration en réseau pour aller vers une société en réseau à laquelle tous les citoyens, y compris les plus démunis, pourront se connecter. Cela ne peut se réaliser que si l’Etat se décide également à mettre en œuvre une politique volontariste de démonopolisation du secteur, notamment dans son volet transport de données, pour permettre la floraison d’offres de services aptes à assurer une vaste gammes de produits accessibles aux moyens financiers du plus grand nombre. Le pays qui est à la base du Fonds mondial de solidarité numérique a l’obligation de donner l’exemple.
Amadou Top
Président d’OSIRIS