OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2017 > Mai 2017 > Afrique-Formation : la révolution MOOC a-t-elle eu lieu ?

Afrique-Formation : la révolution MOOC a-t-elle eu lieu ?

lundi 15 mai 2017

Enseignement à distance

Entre les promesses de l’ouverture et les réalités de l’appropriation : quels sont les impacts en termes de pédagogie ? Existe-t-il des spécificités africaines ? Éléments de réponse avec des experts.

« Un jeune étudiant africain, sac en bandoulière, tenant à la main une tablette sous un soleil de plomb au milieu d’un paysage désertique. » Telle est l’image que proposait la plateforme de MOOC Coursera en 2012 sous l’onglet « À propos ».

Cette illustration faisait écho à leur slogan de l’époque qui promettait « une éducation meilleure, accessible gratuitement, à tous dans les pays développés et en développement dans le but d’améliorer leur vie et celles de leurs familles et communautés ».

Daphne Koller, cofondatrice de la plateforme, expliquait dans une interview donnée au journal Le Monde que son ambition était ainsi de « libérer l’enseignement », « d’éduquer les gens et d’offrir les meilleurs cursus universitaires au monde entier, gratuitement » pour « une vie meilleure ». Nous étions alors en plein boom médiatique de « la révolution des MOOC », accompagné d’une rhétorique de l’ouverture et de l’universalité des savoirs.

Une ambition de développement

À l’âge d’Internet, du partage et de l’horizontalité, l’éducation allait enfin pouvoir accomplir son ambition de développement dans les pays du Sud, notamment via les MOOC. Cependant, les espoirs – et les craintes – à l’égard des nouvelles technologies ne sont pas récents et traversent toute l’histoire de l’éducation à distance, depuis la formation par correspondance, première technique de communication largement employée, jusqu’à la formation « numérique », dont les campus numériques en sont une des illustrations dans les années 2000.

La seconde vague de MOOC développés à partir de 2012 (après un premier format créé en 2008 : MOOC connectiviste) a suscité un engouement médiatique important. Ils n’ont pas échappé à la règle à la fois des discours empreints de « solutionnisme » technologique et des réticences d’un système social, politique, économique et éducatif que le numérique tend à reconfigurer.

Quelques années sont passées et les stratégies de ces plateformes numériques privées, implantées dans cet écosystème, ont quelque peu perdu de vue la notion d’ouverture ; certes, l’accès aux contenus est gratuit dans la plupart des cas, mais s’accompagne dorénavant d’un coût pour tout service supplémentaire, par exemple pour l’obtention d’un certificat.

Des MOOC adaptés au contexte africain

Lorsqu’on est impliqué dans la production de tels dispositifs, comment dépasser cette opposition entre mythe du partage et de la collaboration et récupération inévitable des savoirs par les nouvelles formes du capitalisme informationnel ou cognitif ?

Comment penser de façon pragmatique ce lien entre numérique, éducation et impact social ? Ce sont des réflexions que le Centre Virchow-Villermé de santé publique mène depuis 2013 dans le cadre de ses missions d’enseignement et de recherche. Dans le but de proposer des formations en santé publique et globale, transversales et ouvertes à un public international, le développement d’une fabrique à MOOC (MOOC Factory) a permis de produire 20 MOOC, qui touchent notamment un grand nombre de participants en Afrique francophone. En 2016, les nationalités les plus représentées sur la plateforme française FUN étaient le Maroc (3e position), la Côte d’Ivoire (5e), l’Algérie (6e) puis le Cameroun, le Sénégal et la Tunisie.

Cette activité de production s’est toujours accompagnée d’un regard réflexif et critique sur ce « phénomène MOOC » grâce à un travail de recherche mené en Sciences de l’Information et de la Communication sur l’ajustement de l’offre et des dispositifs d’éducation proposés.

Penser la conception, la production et la diffusion de MOOC de la façon la plus proche et la plus adaptée au contexte africain est notre principale préoccupation aux côtés bien entendu d’autres acteurs européens et internationaux majeurs (Unesco, AUF, ou EPFL pour n’en citer que quelques-uns).

Il s’agit d’avoir conscience des risques d’imposition que peuvent jouer les MOOC, tout d’abord sur le contenu enseigné et son format, ces derniers (ressources aussi bien que dispositif d’enseignement) étant issus d’un modèle pédagogique européen ou nord-américain.

Il est par ailleurs primordial de prendre en considération les difficultés d’accès et d’accessibilité au MOOC dont la première barrière concerne l’accès à l’électricité. Le récent développement de l’énergie solaire pourrait se révéler une alternative, mais soulève la question de coût inaccessible.

Le problème d’électricité ouvre ainsi bien d’autres obstacles ; coût d’accès à une connexion Internet stable, problématique de la bande passante, mais aussi absolue nécessité d’avoir les compétences numériques permettant la navigation sur de telles plateformes. Sans oublier que la connaissance de l’existence des MOOC chez les étudiant(e)s africain(e)s est faible.

Finalement, il s’agit de se poser la question des modalités (forme et contenu) de l’éducation proposée dans ces pays et surtout de leur adéquation aux besoins locaux en termes de développement durable dans le domaine de la formation.

Quelques pistes

En gardant un œil critique sur nos propres actions, nous avons expérimenté quelques voies que nous exposons ici.

Tout d’abord, le développement de nos MOOC en Afrique et dont la thématique concerne cette région du monde passe par l’engagement des universités locales et par un réseau de collaborations avec des partenaires spécialistes de ces questions. Un exemple de ce type d’initiative est le MOOC « Changement climatique et santé dans le contexte africain », fruit d’une étroite collaboration entre le Burkina Faso, la France et l’Allemagne. Le cours – choix du chapitrage, des thèmes à aborder, des images d’illustrations, des activités pédagogiques – a été réalisé conjointement avec le Centre de recherche en santé de Nouna afin d’approcher au plus près les questionnements propres au contexte régional. La majeure partie (75 %) des tournages a eu lieu au Burkina Faso et a impliqué des experts du terrain présentant divers cas pratiques sur la région.

Malgré cette approche contextuelle, proposer un contenu qui réponde au mieux à l’environnement local ne règle pas la question de l’accès à ces contenus. Nos recherches sur les usages des MOOC, avec une démarche à la fois qualitative (entretiens sur le suivi des MOOC) et quantitative (analyse des traces utilisateur), permettent de mieux comprendre les pratiques des apprenants et notamment le « braconnage » à l’œuvre pour s’adapter aux difficultés d’accès et de connexion à la plateforme.

Les résultats dont nous disposons montrent notamment l’importance de la téléphonie mobile parmi les terminaux numériques utilisés pour accéder au MOOC. Dans le cadre d’une analyse portant sur les traces des participants d’un MOOC, nous observons une utilisation des supports Androïd plus élevé en Afrique subsaharienne comparée à la France (3 % en France contre 23 % en Côte d’Ivoire, 21 % au Cameroun et 18 % au Sénégal). Ils attestent de pratiques séquentielles d’utilisation de la plateforme (téléchargement des vidéos par exemple pendant la nuit puis visionnage hors ligne et retour sur la plateforme pour répondre aux quiz) permettant de contourner les limitations liées à une bande passante insuffisante.

Notre expérience de diffusion de MOOC en Afrique francophone montre aussi l’importance des documents au format PDF et des transcriptions des vidéos qui offrent des alternatives au téléchargement de vidéos longues et coûteuses en bande passante. Ces recherches aident à penser la structure même du MOOC. C’est ainsi que le projet en cours #MOOCLive a été conçu. Il consiste en la création de 6 MOOC avec l’intégration d’une analyse progressive du parcours des participants afin de proposer au fur et à mesure des résultats obtenus diverses adaptations. Dans l’intention, encore une fois, de pallier les problématiques d’accès à Internet, nous testons également d’autres supports de diffusion (clef USB pour les cours, la KoomBook de Bibliothèques sans Frontières, etc.).

Un dernier point consiste en une réflexion sur la notion même d’ouverture et d’appropriation des contenus du Centre Virchow-Villermé par les universités qui le souhaiteraient. Dans cette perspective, l’ouverture est envisagée non pas seulement sur des critères de visibilité en ligne, mais aussi de possibilité de réappropriation des contenus (réutilisation, adaptation) avec l’utilisation de licence Creative Commons. Le Centre Virchow-Villermé privilégie les licences Creative Commons CC BY-SA (attribution et partage dans les mêmes conditions) puisqu’elles lui paraissent les plus compatibles aux attentes dont les MOOC se faisaient les porteurs (gratuit, ouvert, massif, en ligne) et dans la continuité des projets de ressources éducatives libres menés au sein de l’enseignement supérieur.

Ce n’est là qu’une partie d’un ensemble d’initiatives qui se montent actuellement, parmi lesquelles on compte encore le projet Soha (Science ouverte en Afrique francophone et en Haïti) ou le projet MOOC Afrique de l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne). Sans retomber dans une posture solutionniste, l’idée première est d’accepter que les réponses soient trouvées dans chaque contexte donné et d’offrir, si cela est possible et de manière adaptée, les conditions les plus favorables pour permettre une réappropriation et le développement des configurations, répondant le plus aux besoins et attentes de chacun.

Celya Gruson-Daniel et Ali Sié

(Source : Le Point Afrique, 15 mai 2017)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2064/2229 Régulation des télécoms
  • 174/2229 Télécentres/Cybercentres
  • 1541/2229 Economie numérique
  • 832/2229 Politique nationale
  • 2229/2229 Fintech
  • 252/2229 Noms de domaine
  • 815/2229 Produits et services
  • 694/2229 Faits divers/Contentieux
  • 370/2229 Nouveau site web
  • 2145/2229 Infrastructures
  • 792/2229 TIC pour l’éducation
  • 100/2229 Recherche
  • 121/2229 Projet
  • 1392/2229 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 863/2229 Sonatel/Orange
  • 775/2229 Licences de télécommunications
  • 132/2229 Sudatel/Expresso
  • 467/2229 Régulation des médias
  • 599/2229 Applications
  • 494/2229 Mouvements sociaux
  • 775/2229 Données personnelles
  • 63/2229 Big Data/Données ouvertes
  • 295/2229 Mouvement consumériste
  • 179/2229 Médias
  • 322/2229 Appels internationaux entrants
  • 693/2229 Formation
  • 48/2229 Logiciel libre
  • 841/2229 Politiques africaines
  • 407/2229 Fiscalité
  • 83/2229 Art et culture
  • 284/2229 Genre
  • 706/2229 Point de vue
  • 485/2229 Commerce électronique
  • 706/2229 Manifestation
  • 156/2229 Presse en ligne
  • 63/2229 Piratage
  • 102/2229 Téléservices
  • 420/2229 Biométrie/Identité numérique
  • 151/2229 Environnement/Santé
  • 155/2229 Législation/Réglementation
  • 167/2229 Gouvernance
  • 820/2229 Portrait/Entretien
  • 72/2229 Radio
  • 337/2229 TIC pour la santé
  • 133/2229 Propriété intellectuelle
  • 29/2229 Langues/Localisation
  • 511/2229 Médias/Réseaux sociaux
  • 917/2229 Téléphonie
  • 95/2229 Désengagement de l’Etat
  • 485/2229 Internet
  • 57/2229 Collectivités locales
  • 188/2229 Dédouanement électronique
  • 498/2229 Usages et comportements
  • 513/2229 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 275/2229 Audiovisuel
  • 1354/2229 Transformation digitale
  • 192/2229 Affaire Global Voice
  • 75/2229 Géomatique/Géolocalisation
  • 148/2229 Service universel
  • 330/2229 Sentel/Tigo
  • 87/2229 Vie politique
  • 726/2229 Distinction/Nomination
  • 17/2229 Handicapés
  • 337/2229 Enseignement à distance
  • 319/2229 Contenus numériques
  • 294/2229 Gestion de l’ARTP
  • 89/2229 Radios communautaires
  • 800/2229 Qualité de service
  • 212/2229 Privatisation/Libéralisation
  • 66/2229 SMSI
  • 224/2229 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1272/2229 Innovation/Entreprenariat
  • 658/2229 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 23/2229 Internet des objets
  • 86/2229 Free Sénégal
  • 164/2229 Intelligence artificielle
  • 100/2229 Editorial
  • 18/2229 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous