2011 : une année qui n’a guère enregistré de progrès significatifs
samedi 31 décembre 2011
L’année 2011 a été marquée par l’adoption, avec deux années de retard sur le calendrier initial, d’un code des télécommunications transposant l’essentiel des directives communautaires adoptées par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ainsi que des actes additionnels au traité de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) afin de créer un cadre juridique favorisant l’émergence d’un marché régional. Elle a également vu l’instauration de la contribution au développement du service universel des télécommunications et du secteur de l’énergie (CODETE), taxe parafiscale destinée à alimenter le Fond de développement du service universel des télécommunications (FDSUT) à hauteur de 5% et le Fonds de soutien à l’énergie (FSE) pour les 95% restants mais qui n’est rien d’autre qu’un mécanisme de financement du secteur de l’énergie qui traverse une crise profonde. A cela, s’est ajouté l’institution d’un système de tarification des appels internationaux entrant Sénégal, mesure dénoncée par les opérateurs et combattue par les travailleurs de la Sonatel à travers une série de mouvements de grève. L’imposition de ces mesures fiscales n’est sans doute pas étrangère à la forte baisse subie par le titre Sonatel à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan (Côte d’ivoire) qui est passé de 164 000 FCFA le 31 janvier 2011 à 120 000 FCFA le 30 décembre 2011, soit une perte de près de 27% sur l’année. L’environnement global du secteur a aussi vu la nomination des membres de la Commission nationale de protection des données à caractère personnel (CNPD), institution autonome ayant pour mission la vérification de la légalité de la collecte et de l’utilisation des données personnelles traitées par l’Etat et les entreprises. Enfin, la Commission nationale de la connectivité (CNC), dont le Président, assure désormais la direction du FDSUT, a vu ses missions précisées et a été officiellement installée. En matière de services, la Sonatel s’est finalement vu attribuer une licence 3G en contrepartie du paiement de la somme de 3 milliards de FCFA et du versement annuel d’une somme correspondant à 3% du chiffre d’affaires généré par l’exploitation de cette licence. Cette dernière a également lancé « TV Mobile », service permettant de regarder la télévision et de la vidéo à la demande sur le mobile tandis qu’Expresso s’est lancé sur la voie du le co-branding avec la création de « Touba Mobile » qui fonctionne comme un groupe fermé d’utilisateurs (GFU). Afin de soutenir le développement du secteur, « CTIC-Dakar », un incubateur d’entreprises TIC, a été lancé dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), dans un contexte où l’on observe un mouvement d’installation de firmes étrangères telles Samsung, HP, Viadeo encore IBM. Les échanges commerciaux devraient d’ailleurs être facilités par la mise en service de la version 2010 du système de dédouanement électronique Gaïndé 2010 déployée depuis 1990. Les Sénégalais, notamment les jeunes, utilisent de plus en plus les TIC comme l’atteste les 620 000 d’entre eux inscrits sur Facebook, soit un taux de pénétration de 4,40% de la population totale et de 67,20% de la population en ligne, ce qui place le Sénégal au 10ème rang en Afrique. Autres manifestations de l’importance prise par les TIC, la création par les journalistes opérant sur Internet d’une Association des éditeurs et des professionnels de la presse en ligne (APPEL) et le choix opéré sur notre pays par ICANN pour y tenir sa 42ème session. A cette occasion, le Sénégal s’est vu attribuer une copie du serveur-racine du Domain Name System (DNS) d’Internet dont jusqu’à présent seuls le Kenya et l’Afrique du sud possédaient une copie en Afrique. Par ailleurs, le paysage audiovisuel a fortement évolué avec l’obtention par Télévision Futurs médias (TFM) d’une licence de chaine généraliste, l’autorisation donnée à 2STV et TFM de diffuser des bouquets payants et l’octroi de fréquences de télévision à Bambylor TV et à Al Mouridiyya TV, portant ainsi à dix le nombre de chaines de télévision dont deux publiques (RTS1 et SN2) et huit privées (2STV, RDV, Walf TV, Canal Info News, TFM, Africa 7, Bambylor TV et Al Mouridiyya TV). Au final, cette année préélectorale, dont le climat a été largement pollué, pendant près de six mois, par le bras de fer entre l’Etat et la Sonatel autour de la question de la surtaxe sur les appels entrants, n’aura guère permis au secteur des TIC d’enregistrer des progrès significatifs.
Olivier Sagna
Secrétaire général