2009 : Pas beaucoup de neuf !
jeudi 31 décembre 2009
L’évènement majeur de l’année 2009 a été l’arrivée, sous la marque commerciale Expresso, de l’opérateur Sudatel sur le marché sénégalais des télécommunications. Fort de sa licence globale, Expresso a déployé un réseau de téléphonie mobile de 3ème génération et proposé des services innovants tels la formule « Yobaléma » consistant en un poste téléphonique fixe utilisable comme un téléphone portable avec accès à Internet. Cela étant, Expresso n’a pas proposé des tarifs particulièrement attractifs ce qui, couplé à l’obligation de posséder un terminal CDMA incompatible avec les réseaux GSM, a considérablement diminué l’attrait pour ses services. De son côté, Orange a signé un accord de distribution avec SIAGRO dans le cadre d’une opération de co-branding et lancé une nouvelle gamme prépayée dénommée Kirène Mobile. Malgré son contentieux avec l’Etat du Sénégal, Tigo a continué à fournir ses services comme si de rien était et a même bénéficié d’une première décision favorable du Tribunal arbitral international du CIRDI avec la recommandation faite à l’Etat de suspendre les poursuites engagées contre lui. En matière d’infrastructures, la bande passante Internet internationale de la Sonatel est passée de 2,9 Gbps à 4,2 Gbps et la quasi-totalité du territoire sénégalais est désormais couverte par le réseau téléphonique grâce à une combinaison de la technologie CDMA2000 et du satellite. La téléphonie mobile, avec près de 6.500.000 abonnés et un taux de pénétration supérieur à 50%, laisse loin derrière elle la téléphonie fixe qui stagne autour de 270.000 abonnés représentant un taux de pénétration à peine supérieur à 2%. Les recettes considérables générées par le secteur des télécommunications ont poussé l’Etat à instaurer une nouvelle redevance sur l’accès ou l’utilisation du réseau de télécommunications publiques (RUTEL) égale à 2% du montant hors taxe de l’ensemble des prestations de service en la matière. Les consommateurs se voient ainsi un peu plus pressurés tant par les opérateurs qui maintiennent des tarifs relativement élevés et peu concurrentiels que par l’Etat qui multiplie les droits et taxes en tous genres, sans que le secteur des TIC n’en profite directement alors qu’il est confronté depuis des années à des problèmes de financement. Toujours à la recherche de ressources additionnelles, l’Etat a également tenté de vendre à France Télécom sa participation dans le capital de la Sonatel mais il a du y renoncer face à la forte mobilisation des syndicats de l’entreprise et de la grande majorité de l’opinion publique sénégalaise ligués dans un combat commun pour la défense de l’intérêt national. Tout ceci s’est déroulé dans un climat marqué par les pratiques pour le moins problématiques de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) bloquant l’attribution de nouvelles fréquences de télévisons au profit de Walf Tv et menaçant de fermeture les stations de radios et de télévisions non à jour de leurs obligations financières alors qu’un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) accusait la direction générale d’un détournement de fonds portant sur un milliard six cents millions FCFA qui emportera son Directeur général, Daniel G. Seck, remplacé par Ndongo Diaw. L’année a aussi été marquée par l’instabilité institutionnelle du secteur des TIC avec la nomination le 1er mai 2009, d’Abdourahim Agne comme Ministre des Télécommunications, des TICS, des transports terrestres et des transports ferroviaires, en remplacement d’Habib Sy nommé à ce poste en décembre 2008. Pour la petite histoire, nous rappellerons que Batik a fêté cette année ses dix ans d’existence et que vous avez été nombreux à nous adresser vos encouragements à cette occasion. Au final, l’année 2009 n’aura pas apporté beaucoup de neuf, consacrant la stagnation du secteur des TIC qui, malgré les discours officiels, ne bénéfice toujours pas de la mise en œuvre des mesures qui lui permettraient de devenir un des leviers de la croissance du développement économique et social du Sénégal. Bonne année, dewenatti.
Olivier Sagna
Secrétaire général d’OSIRIS