2008, une année en demi-teinte
mercredi 31 décembre 2008
L’année 2008 ne laissera pas de souvenirs impérissables pour ce qui est de la politique nationale en matière de société de l’information ! La seule décision d’envergure a été le vote de la loi d’orientation de la Stratégie de croissance accélérée (SCA) mais sans pour autant que les mesures préconisées pour le développement de la grappe TIC et téléservices ne connaissent un début d’exécution. D’importants progrès ont par contre été réalisés concernant l’environnent juridique avec l’adoption d’une série de lois sur la société de l’information, les transactions électroniques, la cybercriminalité, la protection des données à caractère personnel, la cryptologie et la contribution volontaire au Fonds de solidarité numérique. De plus, le processus visant à l’intégration dans la législation sénégalaise des actes additionnels au Traité de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et des directives adoptées par le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) visant à la création d’un marché régional des télécommunications, a été initié. De son côté, l’infrastructure des télécommunications a été améliorée puisque 13.000 des 14.000 villages du pays ont désormais accès au téléphone et à Internet tandis que la bande passante Internet internationale a été portée à 2,9 Gbps. Par ailleurs, deux projets de câbles sous-marins en fibre optique reliant le Portugal à l’Afrique du Sud (IWTGC) et la France au Gabon (ACE) ont été lancés qui devraient accroître le niveau de connexion du Sénégal aux réseaux de télécommunications mondiaux à l’horizon 2010/2011. S’agissant des services, l’année 2008 a vu l’expérimentation de la 3G par la Sonatel et l’effectivité de l’interbancarité monétique au sein de l’UEMOA ce qui devrait contribuer, à terme, au développement du commerce électronique. Ces innovations sont intervenues dans un contexte marqué par la croissance de la téléphonie mobile qui a franchi le cap des cinq millions d’abonnés, la lente progression d’Internet dont le taux de pénétration reste inférieur à 0,5% de la population et la baisse du nombre d’abonnés à la téléphonie fixe avec une chute importante du nombre de lignes publiques qui traduit la disparition progressive des télécentres victimes à la fois du développement de la téléphonie mobile et de l’absence de politique de soutien de la part de la Sonatel comme des pouvoirs publics. L’actualité de l’année passée a également vu l’action Sonatel subir, pour la première fois de son histoire, un important mouvement à la baisse, passant d’un plafond de 194.995 Francs CFA en février 2008 à 130.000 Francs CFA en décembre après avoir atteint le plancher de 100.000 Francs CFA en novembre 2008. De son côté, Sentel a été engagé dans un nouveau bras de fer avec l’Etat qui lui a signifié le retrait de sa licence en octobre 2008 après son refus de s’acquitter d’une somme qui s’élèverait à 100 milliards de Francs CFA de manière à pouvoir poursuivre ses activités. Après une polémique par médias interposés et des actions en justice engagées par chacun des protagonistes, Sentel a néanmoins poursuivit l’exploitation de son réseau de téléphonie mobile et l’heure est semble-t-il aux négociations en coulisses afin de trouver un compromis acceptable pour les deux parties. Enfin, bien qu’annoncée à plusieurs reprises, le lancement des activités de Sudatel, bénéficiaire d’une licence fixe, mobile et Internet depuis septembre 2007, n’a finalement pas eu lieu retardant encore un peu plus l’ouverture du marché sénégalais des télécommunications à une véritable concurrence. Au total, c’est donc une année en demi-teinte qui s’achève et il faut espérer que l’année 2009 qui verra Batik fêter son dixième anniversaire sera porteuse de meilleures nouvelles pour les acteurs du secteur des TIC comme pour les citoyens ordinaires qui les utilisent. A tous nous disons Deweenatti !
Amadou Top
Président d’OSIRIS