On m’a toujours dit que nos cartes d’identités nationales étaient numériques et biométriques. Tant les anciennes confectionnées sous Me Wade que les nouvelles dont beaucoup d’entre nous, n’ont vu la couleur lors des dernières législatives.
J’y ai cru ...
Moi qui me prévaux d’un complexe de supériorité. Vous savez ce Sénégalais qui sait tout plus que n’importe qui. Qui se la raconte à s’en bomber le torse, ravalant Narcisse au rang de nain de la représentation et en faisant un gueux de Don Quichotte. Oui, j’ai cru que j’étais le premier biométrique et numérisé des Africains. Infalsifiable. Protégé et fourgué dans une base de données inviolable. Une affaire de sécurité nationale. Optimisé.
Normal, j’ai vécu le tintamarre politico-social de l’épisode des 5 millions 640 mille Sénégalais titulaires de la bonne vieille Cni plastifiée à qui l’administration Wade avait demandé de changer le document avant le 30 avril 2006 au bénéfice de nouvelles cartes d’identités biométrique et cartes d’électeurs numérisées. Je me rappelle comme si c’était hier du coût de l’opération. 13 milliards 800 millions de francs CFA. Seulement !
C’était l’époque où on était riche comme crésus. On avait la dégaine facile. Le temps de : en veux-tu en voilà. Le vieux Me Wade était généreux.
Les immeubles poussaient comme des champignons. La drogue dure circulait de veine en veine. Les shops prêt à porter et autres se multipliaient comme des petits pains. La masse monétaire croissait de 4% dans l’espace UEMOA. La BCEAO n’y comprenait que dalle. Le GIABA criait au blanchiment. On en avait cure. L’âge d’or.
Dix ans après, après le tolet de la CREI, en plein creux du flux monétaire marqué par la disparition des pièces de 5, 10, voire 25 francs, l’administration Sall invitait les Sénégalais à renouveler leur document biométrique et numérique pour le rendez-vous du référendum de mars 2016 et les législatives de 2017.
On s’est tous pris au jeu. 52 milliards de francs CFA pour les six millions de cartes d’identités couplées aux cartes d’électeurs avec qui plus est une puce. Un peu plus de 8500 francs CFA la carte d’identité. Pas donné ! Non vraiment. Cher payé, je ne sais trop pourquoi ?
Me doutant de quelque chose de pas trop catholique, je me disais que nous allions quand mettre un coup d’arrêt net à l’usurpation et la falsification d’identité. Et pour cause, les nouvelles cartes d’identités, aussi bien sous Wade que sous Macky Sall doivent contenir des éléments d’identification qui feront fuir tout falsificateur.
Et bien que ma surprise fut grande de découvrir ce matin dans L’OBS qu’un groupe de faussaires détroussaient des haut de en haut. Leur vendant parcelles sur parcelles aux Almadies, Ngor etc., avec le concours de faux papiers administratifs et cartes d’identités.
Un truc de dingues, digne de Hollywood, que 3 notaires et le flair n’ont vu venir. Dribblés et largués. Tous tombés dans le panneau.
Comment une telle chose a-t-elle pu arriver dans une administration comme la nôtre, avec des cartes d’identités numériques et biométriques ? Comment des malfrats sénégalais acoquinés avec un Nigérian as de l’informatique, ont-ils pu faire ce qu’ils n’auraient jamais dû réussir ?
Faut qu’on m’explique comment ma CNI dotée d’une puce régalienne contenant mes données d’identités et mes données biométriques authentifiées grâce à leur enregistrement sur une base centrale fut-elle basée en Malaisie, peut-elle être falsifiée ? Que devient le lecteur, vous savez cet appareil avec une lumière bleue ou je ne sais quoi, dont les agents ou services se servent pour identifier mon nom de famille, mes prénoms, mon genre, mes date et lieu de naissance, mon autre nom par exemple Charles Faye dont l’usage est autorisé par la loi, mon domicile, ma taille, la couleur de mes yeux, mes empreintes digitales, ma photographie, etc. Et je ne parle pas d’une autre puce qu’on aurait pu intégrer. Vous me diriez qu’elle est facultative, mais on aurait pu la destiner aux services en ligne, pour me permettre d’avoir des signatures électroniques sur Internet. Bref, j’ai compris, c‘est compliqué. Qu’on me dise comment mon identité qui dit-on est mieux protégée et me simplifie ma vie peut-elle devenir un facteur facilitateur d’escroquerie.
A-t-on investi des milliards de nos francs CFA dans ces cartes d’identités, sans que l’administration publique, les services de la police à la gendarmerie, en passant les aéroports, ports, etc. ne disposent de matériel pour lire nos carte d’identités à partir de lecteurs comme cela se fait partout ailleurs ?
J’ai toujours pensé qu’elles étaient une garantie contre les falsifications de titres. Pourtant, des spécialistes m’ont dit qu’il est possible de vérifier la concordance des données inscrites sur le titre avec celles enregistrées sur la base.
Mais bon dans un pays où les morts vendent leurs voitures en présentant leurs cartes d’identités, vous me direz que tout est possible. Et oui, vous ne vous êtes jamais demandé comment la voiture d’un défunt pouvait être vendue après sa mort. Ses héritiers n’étant pas cités sur la carte crise de la voiture, vous savez comme pour les maisons, vous aurez compris qu’on présente la carte d’identité du mort qui, bien entendu, signe. Désolé pour le ton morbide. Mais j’ai eu mal pour ces personnes grugées et pour les notaires roulés dans la farine.
Je ne parlerai pas de politique et de la démission de Thierno Bocoum de Rewmi. Je serai trop long et il ne faut pas vous prendre la tête après cette histoire de numérique.
Merci de m’accorder de votre temps, d’aimer et de partager.
Gaston Madeira
(Source : Page Facebook de Gaston Madeirahttps://fr-fr.facebook.com/gasmadeira, 5 octobre 2017)