Partir des réalités sociologiques pour légiférer
Modifier les textes législatifs régissant le domaine de la communication sociale dans le sens de la prise en compte de la personnalité spécifique de la radio communautaire, c’est ce qu’attendent les promoteurs sénégalais, de l’Etat
Après plus d’une décennie de présence sur le paysage médiatique sénégalais, les radios communautaires se cherchent toujours. Aujourd’hui, pour la plupart des promoteurs de ces stations, le cahier de charges qui leur est appliqué est « inapproprié » à leur vécu quotidien. C’est pourquoi, au-delà de la simple volonté de réaffirmer leur identité par rapport aux autres radios, avec une claire définition du contenu de leur outil de travail, les responsables des radios communautaires se lancent un défi fondamental pour assurer leur survie. Il s’agit notamment, souligne Oumar Seck Ndiaye, coordonnateur de l’Alliance des radios communautaires (Arc) par ailleurs directeur de la radio Oxy-Jeunes, d’« amener les autorités à légiférer en partant des réalités sociologiques des radios communautaires ». La journée de réflexion sur la législation de la radio communautaire au Sénégal, organisée hier dans le cadre de la Radio école communautaire, a servi de tribune pour des « échanges sur le texte du cahier des charges tel que défini par le gouvernement », note Souleymane Niang, coordonnateur du département radio à l’Institut Panos Afrique de l’ouest (Ipao).
Au 15 juin déjà, l’Ipao et la radio Oxy-Jeunes avaient à la suite d’une journée de sensibilisation, émis le vœu de voir les autorités procéder à « la modification des textes législatifs et réglementaires régissant le domaine de la communication sociale dans le sens de la prise en compte de la personnalité spécifique de la radio communautaire ». Organisée en prélude à la prochaine rencontre avec l’Etat du Sénégal, cette rencontre a été une occasion pour les promoteurs des radios d’agiter une fois encore la question de la gestion des fréquences. Et ce, avec comme référence, les législations au niveau de certains pays de la sous région, notamment le Mali, le Bénin, le Niger ou la Côte d’Ivoire. Oumar Seck Ndiaye souligne que dans la plupart de ces pays, « c’est un collège qui gère les fréquences et non un ministère ». Ce qui fait, ajoute-t-il, qu’« il y a moins d’arbitraire possible et les fréquences sont données de façon beaucoup plus transparente qu’au Sénégal ». Evoquant la question de la redevance demandée aux radios communautaires, en marge des travaux, le directeur de la radio Oxy-Jeunes fait remarquer que si théoriquement l’Etat demande annuellement cinq cent mille francs aux radios communautaires, les responsables des ces stations, vont plaider pour que dans la pratique cette somme soit ramenée à cent mille francs.
La rencontre d’hier aura, par ailleurs, permis aux participants de définir la charte de la radio communautaire. Cette charte reflète les valeurs fondamentales qui sous-tendent l’existence et l’action de la radio communautaire. Celle-ci doit être une « radio de développement, indépendante, laïque » mais également une « radio citoyenne, démocratique et culturelle ».
Mbagnick NGOM
(Source : Wal Fadjri 9 septembre 2004)