Les entreprises situées dans la zone de Sodiba ont attendu vainement le retour de la connexion internet et des liaisons téléphoniques. Elles ont fonctionné au ralenti et à perte.
La rue passant devant Sengomar est deserte. A travers la porte entrebâillée, on aperçoit, Acalor, un jeune garçon. Son accent est celui des habitants d’Afrique centrale. Il pianote sur le clavier de son ordinateur. Son directeur est rentré. Dans la matinée, ils avaient tous les problèmes du monde pour se connecter. « Le travail est au ralenti. Nous n’avons pas pu entrer en contact avec nos fournisseurs », confesse Acalor. Sur la route perpendiculaire, les ouvriers d’autres unités industrielles profitent de la pause pour prendre du thé sous les arbres. Certains grillent des cigarettes. A cette heure, d’autres agents s’apprêtent à rentrer. A Kébé établissement, les commerciaux ont plié bagage quelques heures plus tôt. Les problèmes de liaisons téléphoniques et de connexions sont à l’ordre du jour. « Les agents commerciaux ne peuvent rien faire. Jusqu’à présent, il est difficile de communiquer avec quelqu’un. C’est un problème qu’il faudra régler au plus vite », dit Moussa Fall un vigile officiant dans cette entreprise. Au coin d’une rue près de l’ancienne direction de la Sodida se trouvent les locaux d’Ems Sénégal, dans un bâtiment marron. La chaleur étouffante à l’extérieur contraste avec l’air frais dans les locaux. Les agents, parmi lesquels des femmes, sont dans les bureaux vitrés. L’atmosphère sied pour le travail. Seulement, les travailleurs ont les mains presque liées. « En réalité, il n’y a pas de travail. Parce que nous ne pouvons pas recevoir des courriers. C’est une situation difficile », regrette le chargé de la communication d’Ems Sénégal.
Dans une autre ruelle, nous traversons un entrepôt de carcasses de voitures, puis un atelier de mécaniciens, et nous voici, sur l’estrade de la société de Commerce Sénégal Canaries, dans un bâtiment peint en blanc et en bleu. Madame Sall est derrière son ordinateur. Cette dame au teint clair ne se fait pas prier pour se prononcer. Sur un ton ferme, elle confesse : « Tout est bloqué à cause des problèmes de téléphones et d’internet. Nous ne pouvons rien faire. Nous pouvons ni recevoir des appels, ni émettre alors que nous devons être en contact avec nos clients ». Ibrahima Diouf qui est dans le même bureau ne dit pas le contraire. Il hausse les épaules avant de répondre. « C’est clair, si vous travaillez avec le téléphone et avec l’internet et si ces moyens de communication ne sont pas opérationnels, il est clair, que cela aura des incidences sur l’entreprise. Nous ne fonctionnons presque pas » a laissé entendre Ibrahima Diouf, qui remplit des factures. Non loin de là, se trouve l’Entreprise Touba Darou Minane, au 2e étage, le directeur technique, Cheikh Yade est dans un bureau éclairé. Consultant, il était impliqué dans l’installation des réceptions altimétriques d’un des opérateurs. Il est pris au piège de la technologie, vraie ironie de sort. « Si nous devons recevoir un décompte, s’il n’arrive pas à temps, il y a des pénalités. Donc, ce sont des pertes pour nous », explique Cheikh Yade. L’internet et le téléphone sont des outils indispensables pour toutes les entreprises et les administrations. Les incidences sur leur fonctionnement ont des conséquences sur la production des unités d’entreprises.
Idrissa Sané
(Source : Le Soleil, 6 août 2010)