C’est que le marché du haut débit est encore assez limité au Sénégal, pour que la Sonatel ait pris le temps de le sonder avant de commercialiser cette technologie. Il faut compter autour d’une centaine de clients, et l’offre Sohonet (liaison louée pour les Pme) lancée par la Sonatel au mois de mai dernier n’aurait, pour l’instant, qu’une dizaine d’abonnés. La demande est donc essentiellement professionnelle, de la part des entreprises d’une certaine taille (banques, assurances, pétroliers, etc…), ainsi que des organismes internationaux, même si on note quelques clients résiduels haut de gamme qui représentent tout de même un fort potentiel, avec les professionnels et autres indépendants (médecins, architectes, cadres…). En fait, l’offre, jusqu’ici, se composait d’Internet en haut débit limité à 2 Mbps, et flexible selon la demande du client. L’exiguïté du marché sénégalais explique d’ailleurs, en partie, que le déploiement de la technologie Adsl se fera de façon progressive, partout où la demande le permettra.
Pour le moment, La Médina, Ouakam et Grand-Dakar sont les zones équipées, celles de Yoff, Sud-foire et Hann devant être couvertes vers la fin mars 2003.
Il est ainsi offert aux particuliers, la possibilité de suivre avec un certain confort la radio, et de télécharger de gros fichiers sans y passer toute la journée, entre autres. Mais à quel prix ?
Abordable pour tous ?
Les offres Adsl se déclinent en deux options. La ligne Adsl permet à l’abonné de disposer d’une connexion illimitée, et d’un débit du modem Adsl de 256 Kbps en voie descendante (du réseau Internet vers le client), et de 128 Kbps en voie remontante (du client vers le réseau). Avec une configuration mono-poste, l’abonné doit débourser 42.500 Fcfa hors TVA pour les frais d’accès, et une redevance mensuelle de 46.750 Fcfa HTVA. Ce qui reviendrait à environ 75.000 Fcfa TTC par mois.
Quant à la ligne Adsl Pro, elle permet à l’abonné professionnel la même connexion illimitée, mais avec un débit du modem Adsl de 1024 Kbps en voie descendante et 128 Kbps en remontante. Avec une configuration multi-postes, l’abonné professionnel paie des frais d’accès de 63.750 Fcfa hors TVA, et une redevance mensuelle de 212.500 Fcfa hors TVA. Jusque-là, ça peut aller pour ces deux catégories de clients, notamment l’entreprise pour qui, l’Adsl représente une alternative aux lignes dédiées (frame relay) dont la location coûte nettement plus cher. Mais les choses risquent de se corser au niveau de l’offre destinée aux fournisseurs d’accès et dénommée ’Adsl Net Isp’.
Pour un service de renvoi d’authentification, une maintenance équipement Adsl et une offre de bande passante aux clients finaux, les Isp paieront des frais d’accès de 2.125.000 Fcfa hors TVA, après avoir déposé une caution remboursable de 2.414.000 Fcfa HTVA. Ils devront cependant débourser tous les mois, une redevance de 1.207.000 Fcfa hors TVA. Des tarifs qui pourraient se répercuter sur les internautes qui vont se rendre dans les cybercafés, quand on sait que la plupart des sénégalais ne peuvent accéder à Internet qu’à travers ces centres qui foisonnent à Dakar, avec des tarifs très variés. « Ça va coûter moins cher », rétorque Ngaïdé Ndaw, . Selon lui, « pour une connexion illimitée, le fournisseur d’accès paie un prix fixe, il a donc intérêt à baisser ses tarifs, sachant que chaque internaute paie le même tarif suivant le temps qu’il veut mettre ».
Quant au couplage ligne téléphonique-connection Internet, il semble qu’il n’y a aucune incidence de coût pour l’abonné qui, explique M. Ndaw, n’aura pas à payer plus cher son téléphone. « Les deux lignes n’ont rien à voir, d’autant plus que le haut débit d’Internet est relié à la haute fréquence et non pas à la basse, qui est utilisée par la ligne téléphonique simple », souligne-t-il. Cela soulève tout de même une interrogation : qu’y gagne-t-elle ? Car, si la Sonatel conçoit de nouveaux produits aussi importants en termes d’investissements et de performances, ce n’est certainement pas pour y perdre en les commercialisant à un coût moindre. La réponse de M. Ndaw renvoie au souci de la Sonatel, « de toujours explorer de nouvelles technologies et de les mettre à la disposition des usagers en les rendant le plus accessible possible. C’est d’ailleurs ce qui explique que la société a mis du temps pour étudier les possibilités avant de lancer le produit ».
En tout cas, en offrant l’Adsl à un prix abordable, la Sonatel ferait exploser la connectivité au Sénégal. D’autant plus que, selon les professionnels des télécommunications, le prix de l’Internet peut bien baisser. L’argument est basé sur les performances financières de la Sonatel, chez qui les réserves sont évaluées en plusieurs milliards de francs. Visiblement, la Sonatel vise une économie d’échelle. Espérons que plus le parc d’abonnés grossira, plus les prix baisseront.
Malick Ndaw
(Source Sud Quotidien 7 mars 2003)