TV white space va-t-il supplanter Orange et Expresso : les fréquences Tv pour démocratiser l’accès à Internet au Sénégal
vendredi 31 mai 2013
Le passage de l’audiovisuel analogique au numérique ouvre d’intéressantes opportunités de connectivité à toutes les couches de la population sénégalaise. La TV white space est une nouvelle technologie qui s’appuie sur les bandes de fréquences tv inutilisées ou délaissées par l’audiovisuel analogique pour une connexion sans fil et à très haut débit. Cette technologie a été testée et approuvée dans beaucoup de pays. Ici au Sénégal, des démarches sont déjà en cours entre des multinationales des TIC, l’Etat du Sénégal et le régulateur. A cet effet, un forum international TV White Spaces & Spectre Dynamique se tient pour deux jours à Dakar depuis ce jeudi 20 mai.
Au Sénégal, 57% de la bande de fréquences tv n’est utilisée dans aucune région. Avec la transition numérique, cette bande de fréquences sera encore beaucoup plus disponible. Ces fréquences peuvent ainsi servir pour une communication sans fil d’une grande portée qui coûte beaucoup moins cher et qui donnent beaucoup de capacité de bande passante. « C’est une opportunité pour donner très facilement Internet à tout le monde aussi bien en milieu urbain que rural », a révélé le directeur d’Afrique francophone de Google, Tidiane Deme. Selon lui, « il suffit simplement de mettre une station de base qui a une portée de 5 à 10km de wifi ». La technologie Tv white space va ainsi permettre de démocratiser largement Internet.
Le patron de google en Afrique de l’Ouest et du centre de souligner : « il y a beaucoup de tests qui ont été faits sur cette technologie aux USA, à Nanterre, au Kenya… Google l’a utilisé pour connecter des écoles en Afrique ».
A travers cet atelier, a indiqué Tidiane Deme, « nous voulons quitter la phase d’essai technique pour rendre cette technologie disponible. Cela requiert de la standardisation, de la régulation et de la construction (des prototypes existent déjà) ».
Bamba Dièye pour une réduction des barrières pour l’accès à ces innovations
Le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie Numérique, Cheikh Bamba Dièye penche déjà pour les populations. Il s’attend à une réduction des barrières pour l’accès pour tous à ces innovations. « La préoccupation première du gouvernement est de rendre Internet disponible et accessible à l’ensemble du territoire national. C’est une condition indispensable pour faire de l’économie numérique la locomotive du pays vers l’émergence », a-t-il déclaré à l’ouverture du Forum. Et le ministre d’ajouter : « si l’on connait déjà la technologie du mobile chez nos populations urbaines et rurales, nous pouvons oser espérer que les volontés de connexion sans fil offertes par une technologie comme les white spaces au même titre que la 3G, le wimax, entre autres sauront répondre définitivement à la problématique de l’accès à l’Internet tant au Sénégal que sur le reste du continent ».
Bamba Dièye a estimé que « l’intégration des TV white spaces dans notre dispositif de télécommunication relève d’une option naturelle tant que le Sénégal offre les conditions techniques et humaines adéquates à l’appropriation rapide d’une telle innovation technique ». Les deux jours de débat devraient, selon lui, permettre de dessiner les contours d’une réglementation claire et d’identifier les plus value qu’une telle technologie peut engendrer au bénéfice des populations.
Pour la mise en place de cette technologie, le Sénégal a besoin d’une base de données qui cartographie les fréquences disponibles dans ce pays. « Nous avons testé cette base de données avec le régulateur au Sénégal. La question technique est en cours de discussion entre Google, Microsoft et les régulateurs », a fait savoir Tidiane Deme qui a, dans la foulée, précisé que « nous n’avons pas besoin d’attendre le basculement vers la télévision numérique en 2015 pour accéder à cette technologie ».
Ce Forum interactif regroupe, pendant deux jours, des développeurs, équipementiers, chercheurs, opérateurs, régulateurs et décideurs du monde entier pour définir la feuille de route et les cas d’utilisation du spectre dynamique en Afrique.
Ibrahima Lissa Faye
(Source : Pressafrik, 31 mai 2013)