Black-out total sur le réseau de transfert d’argent Wari sur l’étendue du territoire national. Le Réseau national des prestataires de transfert d’argent (Renapta) a décidé de bloquer le système Wari à partir d’aujourd’hui et demain. Les membres du Renapta protestent contre la direction de Wari qu’ils accusent de ne pas respecter les instructions de la Bceao en matière de transfert d’argent.
Il n’y aura pas de retrait d’argent ni d’envoi sur le réseau Wari aujourd’hui et demain sur l’étendue du territoire national. Le Réseau national des prestataires de transfert d’argent (Renapta) qui regroupe 3 000 membres a décidé de boycotter le système Wari pendant deux jours. Les membres du Renapta envoient ainsi un dernier avertissement à la direction de Wari après le sit-in organisé devant les locaux d’Interlink logé au centre commercial les 4C. Les prestataires menacent de bloquer le réseau Wari pour une durée illimitée si la direction n’apporte pas de solution définitive à leurs revendications. « Nous ne perdons rien dans ce blocage parce que nous travaillons avec les autres opérateurs. C’est donc lui qui perd », estime Serigne Gaye, secrétaire général du Renapta. Le Renapta accuse la direction de Wari d’enfreindre la loi qui régit le transfert d’argent au Sénégal. Rappelant les instructions de la Bceao, Serigne Gaye souligne que l’opérateur technique qui crée son logiciel de transfert d’argent ne peut en aucun cas exploiter le système. En raison de la sécurité des transactions, le transfert d’argent doit être confié aux banques ou à un intermédiaire agréé, seules institutions habilitées à faire le transfert d’argent. Mais qu’est-ce que Wari a fait ? Selon Khalil Ndiaye, porte-parole du Renapta, Wari a retiré le logiciel aux banques et a créé une société intermédiaire dénommée Interlink. « Au début c’était Interactive, maintenant c’est Interlink », précise-t-il. Maintenant, de l’avis des prestataires, c’est cette société logée au 4C qui se positionne comme une banque et agrée des sous-agents. La société donne 26% de commission sur les transactions aux prestataires là où les banques donnaient 30% de commission. « Une arnaque », crient les prestataires.
La Dmc et la Bceao interpellées
Ce n’est pas tout. Les membres du Renapta se plaignent du fait que Wari a décidé de manière unilatérale de ponctionner tous les jours 90 francs sur les comptes des prestataires sans les aviser en amont. « Nous avons pu nous en rendre compte grâce à la perspicacité de nos agents qui ont constaté ces ponctions sur les comptes », tonne Khalil Ndiaye. Interpellé sur cette « forfaiture » à travers une lettre, adressée à la direction, Wari « réagit et supprime l’auteur de cette complainte sur sa plateforme ». Le Renapta estime ce montant à 2 milliards 138 millions 400 mille francs Cfa. Aussi, dénonce Renapta, Interlink prélève encore sur chaque transaction 1 franc pour alimenter un fonds social. « S’il veut un fonds social, il n’a qu’à prendre son propre argent et le distribuer à sa guise. Mais pourquoi prendre sur nous 1 franc ? », se demande Serigne Gaye furieux. Les prestataires interpellent l’Etat à travers la direction de la Monnaie et du crédit et la Bceao. « Wari ne peut pas continuer de nous soutirer de l’argent illicitement à travers ce système pervers sans que le gouvernement ne dise un mot », déclare le secrétaire général du Renapta. En plus, dénonce-t-il, la direction de Wari refuse toute négociation. Les prestataires de transfert d’argent ont évoqué des problèmes de sécurité liés à leur activité. Ils soutiennent que leurs comptes ne sont pas sécurisés. Et très souvent, ils sont victimes de vol. « Des millions et des millions de francs sont pompés sur nos comptes tous les jours. Il n’y a aucune mesure de sécurité pour non seulement sécuriser les comptes, mais les assurer en cas de vol. En cas de vol, Wari dégage toutes ses responsabilités et nous demande juste de porter plainte contre X. nous sommes fatigués de cette situation », râle Serigne Gaye.
Ngoundji Dieng
(Source : Le Quotidien, 7 septembre 2016)