Touba : Quand carte d’identité biométrique rime avec nuits à la belle étoile, faim, soif, bousculade et grogne...
mercredi 30 novembre 2016
A Touba, comme s’il n’y avait que dans cette ville où se confectionnent les cartes d’identité biométriques. Des bousculades monstres, des familles entières qui passent la nuit à la belle étoile, des enfants sur le dos de maman ou grand-mère et qui pleurent désespérément, des personnes du troisième âge qui font la queue, assises par terre, des femmes enceintes qui souffrent la canicule au quotidien, des pères de famille qui tournent le dos à leurs activités le temps de prendre la photo magique…Bref ! Un véritable parcours du combattant décrié par les populations de Touba massées devant les commissions. Il leur a juste suffi de remarquer la présence de la presse pour se libérer.
Modou Syll : Cela fait trois jours que je suis ici à Darou Khoudoss. Je me suis inscrit sur une liste et je n’arrive plus à poser l’œil sur celui qui avait écrit mon nom. Si j’ai accepté d’endurer toutes ces souffrances , c’est par ce qu’il m’a rapporté que le Khalife Général des Mourides nous a demandés d’aller nous faire confectionner une nouvelle carte d’identité. J’ai juste envie de m’accommoder à ce ndiguël et rien d’autre.
Sokhna Ndiaye : Je suis enceinte. Je ne serai pas surprise d’accoucher demain. Je suis la queue depuis deux jours. Ici, les gens n’ont aucune pitié pour les femmes enceintes. Nous devrions avoir une commission à part. Ce n’est pas normal que je sois obligée de prendre part aux bousculades pour obtenir cette carte d’identité.
Abdoul Aziz Sow : J’ai 60 ans sonnés. Je suis du troisième âge. Il n’y a que les chefs religieux qui peuvent franchir la porte sans suivre la queue. Cela ne me gène pas. Mais, nous souhaiterions, tout de même, avoir quelques faveurs. Cela fait trois jours que je mange misérablement. Je ne dors pas. C’est dur. C’est la première fois que je vis une telle situation !
Anonyme : Des gens ont monnayé leur position sur la liste. Et cela n’est pas normal.
Face à cette avalanche de complaintes, l’honorable député Abdou Lahad Seck Sadaga a invité l’Etat à augmenter le nombre de commissions, à isoler celles qui devraient accueillir femmes enceintes et personnes âgées. Il a aussi mis à la disposition des populations trois véhicules pour faciliter leur transport, offert des sachets d’eau et livré un discours politique en faveur du Président Macky Sall.
(Source : Dakar Actu, 30 novembre 2016)