Thierno Ousmane Sy, conseiller spécial du Président chargé des nouvelles technologies-« Bientôt une agence de régulation des télécommunications »
jeudi 27 septembre 2001
Un vaste chantier visant à faire passer l’administration du stade d’automatisation à l’informatisation est actuellement ouvert et pilote depuis la présidence de la République. Le Conseiller spécial du Chef de l’État chargé des Nouvelles technologies, Thierno Ousmane Sy, celui qui pourrait être considéré comme le maître d’ouvre de « ces grands travaux » explique dans ces colonnes les tenants et aboutissants de ce maillage technologique de l’administration. Du projet d’Agence de régulation des télécommunications à la Direction informatique de l’État, en passant par l’informatisation du patrimoine bâti de l’État ainsi que le développement de certaines autres applications pour gérer les audiences du chef de l’État, tout y passe.
Une Agence de régulation des télécommunications (Art) verra bientôt le jour au Sénégal, après une longue période de maturation, a révélé le Conseiller spécial du Président de la République chargé des Nouvelles technologies, Thierno Ousmane Sy. « C’est une affaire de quelques semaines car un conseiller technique chargé de la mise en place de cette agence est nommé depuis 3 mois. Un nouveau projet de loi modifiant certaines dispositions de la loi de 1996 sur les télécommunications et portant création d’une Agence de régulation des télécommunications est déjà déposée sur la table du président de la République », selon M. Sy. Il confie qu’un décret sera signé après l’adoption de cette nouvelle loi par l’Assemblée nationale pour mettre en place l’Agence de régulation des télécommunications. La création de cette agence entre dans le cadre de ce que le conseiller spécial appelle les « projets institutionnels » qui font partie du vaste chantier sur les Nouvelles technologies ouvert à la présidence de la République, en prélude à une informatisation de toute l’administration sénégalaise.
Cette nouvelle Agence de régulation des télécommunications sera chargée, entre autre, de la gestion des fréquences « de façon juste et transparente », insiste M. Sy, tâche jusque-là confiée à la Sonatel. En plus de la gestion des rapports entre différents acteurs des télécommunications, l’Art aura également en charge l’attribution des licences de télécommunication notamment Gsm et Vsat.
Cet organe ne sera pas dans un premier temps tout à fait autonome, comme l’ont souvent souhaité les acteurs puisque qu’elle restera sous la tutelle de la présidence de la République. Mais, affirme Thierno Ousmane Sy, « cette agence doit être autonome. Cependant cela se fera étape par étape ». Autre innovation introduite dans les missions de l’Art soulignée par le conseiller spécial du chef de l’État est l’appropriation du concept de « service universel » qu’il définit comme la capacité de l’État ou d’un opérateur à proposer un service existant à une population donnée. Pour cela, il sera créé, selon M. Sy, un « fonds pour l’accès universel » qui pourrait être alimenté par exemple par des redevances ou toute autre forme de taxe à créer.
Tout le patrimoine bâti dans l’ordinateur de Me Wade
« L’informatisation du patrimoine bâti de l’État est finalisée depuis près de quatre mois maintenant. Nous avons développé une application qui permet désormais au chef de l’État, Me Abdoulaye Wade, de savoir l’état d’occupation de tout le patrimoine bâti de l’État à partir de n’importe quel poste de travail », affirme le Conseiller spécial du président de la République chargé des Nouvelles technologies, Thierno Ousmane Sy. Selon M. Sy, il suffit juste au président Wade de taper son mot de passe dans son ordinateur et de cliquer pour savoir immédiatement qui occupe un logement administratif, le type de bâtiment occupé, la durée d’occupation, etc. Cette application, avec d’autres, entre dans le chantier de maillage technologique de l’administration sénégalaise à partir de la présidence de la République, a expliqué le Conseiller spécial. C’est ainsi que « les quatre bâtiments de la présidence (le Secrétariat général, le Cabinet du président, le palais et le bâtiment annexe) sont tous reliés depuis deux mois par un réseau intranet ».
Une autre application qui fonctionne est la gestion électronique des audiences du chef de l’État ou de toute autre audience à la présidence. De son poste de travail, le Président de la République est désormais en mesure de savoir le nombre de personnes qui sont dans la salle d’attente, les sujets dont il va discuter avec chacun d’entre eux et même une sorte d’aide mémoire qui le briefe sur les dossiers. Il peut aussi interroger la machine pour savoir s’il a déjà reçu la personne, à quel sujet et combien de temps avait duré leur entrevue.
Dans la même dynamique de modernisation des services de la présidence, une application de gestion des Curriculum vitae qui leur sont souvent envoyés est déjà fonctionnel. Démonstration : en faisant entrer les mots clés dans l’ordinateur du genre « informaticiens-moins de 35 ans- sexe féminin », la machine affiche une liste de 508 personnes qui répondent à ces critères. « C’est un gendarme qui ne connaissait rien d’un ordinateur auparavant, initié, qui prend une heure de son temps par jour pour saisir ces données ». En effet, les hommes en bleu de la présidence commencent à développer une certaine passion pour cet outil. On les voit de plus en plus concentrés devant leur « Pc » dont sont dotés presque tous les postes de sécurité.
Cette informatisation de la présidence est une étape vers la Direction informatique de l’État, note Thierno Ousmane Sy, qui pourrait être fonctionnel d’ici janvier 2002. Cette Direction informatique de l’État va fédérer les données actuellement produites par les différentes entités de l’administration, créer celles qui n’existent pas encore et ensuite les agencer pour aider à la prise de décision. Elle va ainsi consacrer le passage de l’administration sénégalaise de l’automatisation à l’informatisation.
Dans les projets dits économiques, Thierno Ousmane Sy note la création « au Technopole dans les prochains jours d’un complexe de Téléservices de 500 postes ». Un protocole d’accord, ajoute-t-il, a déjà été signé il y a deux mois avec une compagnie américaine dénommée « Télécommunications systems (Tcs) ». Ce complexe va coûter globalement 7 milliards de FCfa environ (10 millions de dollars), selon lui.
La première phase de ce projet dont les études de faisabilité ont déjà démarré et vont se poursuivre jusqu’en fin octobre, va mobiliser environ 700 millions de FCfa (1 million de dollars), d’après les indications fournies par Thierno Ousmane Sy.
Bassirou Ndiaye
(Source : Sud Quotidien 27 septembre 2001)