La Télévision Futurs Médias (TFM) démarre officiellement mercredi ses activités, après un long processus notamment marqué par un bras de fer entre les pouvoirs publics et Youssou Ndour, le promoteur du projet.
Annoncée en 2008 avec l’aval des autorités sénégalaises, la concrétisation de ce projet a été ensuite retardée par le refus des mêmes autorités d’accorder l’autorisation d’émettre à TFM, au motif que le Sénégal veut échapper à tout conditionnement de sa politique par des étrangers.
« Nous n’accepterons pas que des étrangers viennent ici et conditionner notre politique. Nous ne l’accepterons pas. Je n’ai aucune raison d’en vouloir à Youssou Ndour ou à un autre Sénégalais », avait déclaré le président sénégalais Abdoulaye Wade, au plus fort de la mobilisation contre la décision des autorités d’accorder une autorisation d’émettre à TFM.
Me Wade avait souligné que la règle au Sénégal, c’est qu’un promoteur de télévision « doit avoir les moyens et les prouver ». « Jusqu’au moment où nous sommes, on ne nous l’a pas encore prouvé. Nous savons qu’il y a une société qui a perdu des marchés et qui voudrait faire une autre politique. Nous ne l’accepterons pas », avait-il ajouté.
Le chef de l’Etat sénégalais faisait ainsi allusion au Groupe français Bolloré qui a perdu le marché de la gestion du Port autonome de Dakar au profit du groupe émirati Dubaï Port Word (DPW).
Jugeant cette accusation « douloureuse et inacceptable », la vedette de la musique sénégalaise, propriétaire d’une radio et d’un quotidien, avait dû cependant reconnaître avoir bénéficié du financement du groupe français pour acquérir uniquement du matériel.
Les services de presse de Youssou Ndour ont par la suite assuré que TFM n`est pas financée par des fonds étrangers, citant notamment une déclaration sur l’honneur de l’homme d’affaires français Vincent Bolloré attestant que celui-ci « n’a jamais été actionnaire ni directement ni indirectement du groupe Futurs Médias », promoteur de ce projet.
Sur cette base, Youssou Ndour avait rencontré le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, qui a finalement donné son aval pour le démarrage de la TFM qui diffusera ainsi des programmes essentiellement culturels.
Après avoir obtenu le 11 mai dernier le feu vert des autorités, les responsables du projet avaient annoncé, pour le premier septembre, le démarrage des activités de TFM.
Entre temps, des journées portes ouvertes avaient été organisées pour permettre au public de découvrir les locaux de la télévision.
TFM, cinquième télévision privée sénégalaise, va démarre donc ses activités avec le sentiment d’être très attendue et avec l’objectif de contribuer à enrichir davantage le paysage audiovisuel sénégalais.
« Le programme de TFM va différer de celui de la radio » du même groupe, a promis Youssou Ndour, en assurant que les journalistes de la Radio futurs médias (RFM) n’étaleraient pas leur hégémonie sur la nouvelle télévision.
La télévision privée Walfadjri est accusé par des professionnels et des observateurs de façon générale d’avoir transposé le programme filmé de la radio à leur télévision.
Youssou Ndour a cependant souligné à l’édition de mardi du journal Le Quotidien que des journalistes « capables » de la RFM et de L’Observateur, entités de son groupe, seront utilisés pour qu’ils apportent « quelque chose » au programme de TFM.
« On va utiliser toutes les ressources à notre portée pour répondre aux attentes des observateurs, a-t-il dit. Il suffit juste d’un aménagement concerté entre les directeurs de programme de la radio et de la télé ».
« C’est à partir du premier septembre (demain) qu’on va mettre en place l’équipe qui devra diriger TFM. Et on lui passera le flambeau. Ce sera à elle de dire au public ce qu’elle va mettre en termes de contenu, dans un calendrier bien défini », a-t-il informé.
(Source : APS, 31 août 2010)