Au Sénégal, on en est encore aux balbutiements en matière d’internet mobile avec le lancement, la semaine dernière par l’opérateur historique, de la technologie Gprs. Pendant ce temps, en France, après le cinéma, la télévision et l’ordinateur, un quatrième écran est déjà apparu avec la télévision qui a gagné les récepteurs mobiles (téléphone et PDA). L’opérateur de télécommunications Orange qui propose un catalogue de 50 chaînes, annonçait 700 000 consultations télé en juin dernier, même si rien n’est pour autant joué du fait des nombreuses incertitudes notamment techniques.
Et pourquoi ne pas utiliser son téléphone pour regarder la télévision ? Après plusieurs expérimentations sur le terrain, les opérateurs français de téléphonie et de télévision mettent le turbo pour déployer la télévision numérique hertzienne sur récepteur mobile (téléphone ou PDA). Sur ce nouveau marché, deux pôles se sont constitués. D’un côté, France Télécom avec sa filiale Orange et Bouygues Télécom associés au bouquet de TV numérique TPS (détenu par les chaînes privées françaises TF1 et M6) et de l’autre, les opérateurs SFR et Nokia associés au groupe de TV Canal+.
SFR et Orange proposent déjà à leurs abonnés à la téléphonie troisième génération (3G) des services de télévision en direct (sous forme de streaming). Orange détient même un record : celui de proposer le plus de programmes de télévision sur mobile au monde. Son bouquet TV, diffusé en 3G et en EDGE, propose 50 chaînes. Orange annonçait en juin dernier 700 000 consultations vers ses services de télévision en direct, soit près de 19 000 heures de connexion.
Sport, clips et infos
Côté technique, les professionnels ne cachent pas que l’avenir de la télévision sur un récepteur mobile ne passe pas par les réseaux de téléphonie mobile 3G (UMTS), peu adaptés à une diffusion en masse. Ces infrastructures ne sont pas, en effet, destinées pas à faire de la télévision en direct pour un grand nombre de clients, un problème dû au mode de diffusion « point à point » de la vidéo. D’où le recours au DVB-H (Digital Video Broadcasting-Handhelds), une technologie « point à multipoints ». Cette norme (un dérivé mobile de la TNT (Télévision numérique terrestre)) permet, elle, de capter la télévision par voie hertzienne sur mobiles de manière plus efficace que la 3G car, elle consomme moins de bande passante.
L’analyse du service de télé sur mobile montre également qu’il n’est pas destiné à un aussi large public que le téléphone. Plusieurs raisons. D’abord, la lecture vidéo sur un écran de petite taille ne peut en aucun cas apporter le réalisme et l’impact d’un film sur grand écran. La demande des consommateurs s’oriente désormais vers des Home cinéma. Le second frein tient à la consommation. On ne consomme pas de l’image comme de la musique ou du téléphone. Pour l’heure, les utilisateurs mobiles regardent essentiellement du sport, des clips vidéo et des informations.
De son côté, le gouvernement français prépare activement le terrain. Le Premier ministre Dominique de Villepin s’est fait remettre fin août un rapport intitulé Télévision numérique et mobilité. Selon Daniel Boudet de Montplaisir, auteur du rapport, deux grands types d’usage se dessinent. Le premier regroupe une utilisation extensive, destinée à « tuer le temps », en s’informant ou en se divertissant, durant les périodes d’attentes dans les transports en commun ou les lieux publics. Le second groupe regroupe un ensemble d’utilisations destiné à « gagner du temps » avec des possibilités d’interactivité pour accéder à un contenu précis, dans une logique de consommation à la demande.
Malick NDAW
Avec Myriam Berber (RFI)
(Sources : Sud quotidien, 28 décembre 2005)
De lourds préalables
Revenons au Sénégal où l’environnement technologique semble être à l’ère du Gprs( ) qui permet de « surfer » sur internet à partir du téléphone portable et dont le lancement a eu lieu la semaine dernière et qui, pour l’heure, est destiné aux entreprises notamment. Mais à la perspective de démocratiser cette technologie et son extension au grand public, s’ajoutent des contraintes inhérentes au terminal mobile (taille d’écran limitée, contraintes en termes d’espace mémoire, d’autonomie des batteries et de consommation, touches réduites) et qui supposent notamment le renouvellement du parc de terminaux. Ce n’est pas une mince affaire d’autant plus que, par exemple, lorsque des fonctions d’aide à la navigation (fonction signets, etc.) sont disponibles pour un terminal donné, ces fonctions doivent demeurer disponibles dans la même configuration indépendamment du mode de commercialisation du terminal.
Aussi, la visibilité du service constitue un enjeu majeur dans le domaine, sachant que les conditions d’emploi et d’usage différent d’un environnement Internet fixe ; à titre de comparaison, la durée de connexion au fournisseur de service est ainsi beaucoup plus courte dans l’environnement mobile. Afin de limiter les temps de recherche et les temps de connexion inutiles nuisant au développement et à l’utilisation des services, un accès rapide aux services sollicités par l’utilisateur devra ainsi être privilégié.
Ce n’est qu’à ce prix et à l’émergence de nouvelles offres tarifaires, qu’une baisse des coûts d’accès aux services sous-entendra, sur fond des mécanismes de facturation du fournisseur d’accès ou de services, le développement de l’usage au bénéfice du consommateur.
M. N