Téléphonie rurale : L’énergie, un handicap pour raccorder les villages
mercredi 9 août 2006
Les villages qui ne disposent pas d’installations électriques auront des difficultés à accéder à la téléphonie rurale. Car l’électricité, même si elle ne partage pas les mêmes câbles et les mêmes poteaux avec le téléphone dans son utilisation technique, reste un élément essentiel pour la marche et le maintien des lignes et réseaux de téléphonie. Qu’il soit pour le fixe ou pour le mobile. C’est pourquoi la Sonatel, malgré sa politique d’accès au service universel, éprouve des difficultés à raccorder les zones rurales qui ne disposent pas d’électricité.
La principale difficulté dans ces zones rurales est l’énergie. « L’électricité est indisponible et nos équipements ont besoin d’électricité pour fonctionner », souligne le directeur général adjoint de la Sonatel, Aimé Brial. « Les panneaux solaires ont une utilisation limitée, ils se font voler et ont une puissance insuffisante pour les besoins que nous avons. Nous sommes obligés de mettre des groupes électrogènes, des étuves et assurer la déserte en carburant. Cela pose un problème par rapport à d’autres régions où il y a l’électricité qui est disponible la plupart du temps », poursuit le directeur général adjoint de l’opérateur historique. Aimé Brial faisait, hier, face aux présidents de communauté rurale à l’occasion de l’atelier portant sur le thème : « Accès aux services de télécommunications en zones éloignées ».
Autre difficulté soulevée par le directeur général adjoint de la Sonatel, c’est le maintien des installations. ‘Connecter les villages c’est facile, mais il faut s’assurer que cela fonctionne bien. De même, assurer l’exploitation, le maintien en envoyant des équipes pour s’occuper des dérangements. Plus c’est loin, plus c’est compliqué d’accès, plus c’est difficile’ M. Brial.
Cette rencontre, organisée par l’Association nationale des conseils ruraux (Ancr), en collaboration avec la Sonatel et le ministère des Postes et télécommunications, a pour but de voir comment densifier le réseau de la téléphonie en zone rurale, explique le député Alé Lô, président de l’Ancr. Selon lui, il s’agira d’avoir au moins un télécentre dans chaque village pour permettre à ces populations de téléphoner. A travers cette rencontre, les communautés rurales veulent ainsi « tirer sur le bout du fil ».
Sur les 14 500 villages qu’il y a au Sénégal, 2 500 sont raccordés pour le fixe avec des câbles et poteaux, et 7 000 avec le réseau mobile. D’ici 2008, la Sonatel s’engage à raccorder progressivement les 4 500 villages.
En ce qui concerne les télécentres, la Sonatel estime qu’il y en a suffisamment et « même trop » dans les zones urbaines, selon le directeur général adjoint. Donc, explique-t-il, il est important de les développer dans les zones rurales puisque c’est un accès communautaire qui reviendra moins cher qu’acheter un terminal.
La mise en place des télécentres a développé plus de 30 000 emplois. C’est un phénomène social, mais le chiffre d’affaires des télécentres est de plus en plus limité avec l’avènement des téléphones portables, constate le directeur général adjoint de la Sonatel.« Les revenus moyens des télécentres ont commencé à baisser. Il y en a trop dans les zones urbaines, et il faut laisser vivre ceux qui existen ».
Ces trois dernières années, la Sonatel a dépensé 6 milliards de francs sur le fixe et 6 autres milliards sur le mobile par an. Sur deux ans ou deux ans et demi, ce chiffre devrait atteindre une vingtaine de milliards, annonce Aimé Brial.
Issa NIANG
(Source : Wal Fadjri, 9 août 2006)