Téléphonie : L’existence d’une durée de validité du crédit de communication est elle légale ?
vendredi 10 juillet 2009
Une récente étude d’un cabinet de renommée internationale a révélé que le continent africain était la zone qui a eu la croissance la plus élevée de son parc de client mobile ces dernières années. Elle garde néanmoins un taux de pénétration moyen assez modeste avoisinant les 40%, ce qui en fait un eldorado pour la plus part des multinationales occidentales.
Les opérateurs de téléphonie mobile ne ressentent pas la crise actuelle grâce à la boulimie qu’ont les populations africaines de ce moyen de communication de plus en plus banalisé. Nous avons souhaité aujourd’hui poser le débat sur un des abus auxquels se livrent ces opérateurs et ceci en toute impunité. Il s’agit de la durée de validité du crédit de communication acheté par les clients. Il est commun de se voir notifier après recharge d’une somme importante de crédit, que ce dernier n’est valable que pour un temps bien déterminé. Alors que le client que je suis vient, après moult sacrifices, d’acquérir un bien (immatériel), acquisition qui est censée être définitif. Le consommateur africain ne cesse de se plaindre de cette forme de raquette organisée par les opérateurs de téléphonie (fixe comme mobile d’ailleurs) pour influer sur le mode et le rythme de consommation de leurs clients. Pourquoi un client qui aurait besoin que de 5000 Fcfa de crédit de communication par trimestre serait obligé de consommer ces 5000 Fcfa de crédit en deux mois sous peine de voir son crédit restant « avalé » par l’opérateur, c’est-à-dire remis à zéro ? N’assistons nous pas là à une forme moderne d’obligation au renouvellement d’un bien déjà acquis ? Ne perdons pas de vue que nous vivons dans des pays pauvres (oui, en voie de développement si vous voulez) et qu’il y a normalement d’autres priorités, ce qui voudrait dire que plus les opérateurs abuseront de leurs positions pour s’enrichir « sans cause » sur le dos des clients, plus nos populations s’appauvriront davantage. Pendant ce temps, que font les associations consuméristes, les régulateurs, les Etats pour mettre fin à cette forme moderne d’exploitation financière ? Pas grand-chose, pour ne pas dire absolument rien !
Par analogie, nous pouvons prendre l’exemple de la plus part des sociétés africaines de distribution d’électricité qui ont mis en place des systèmes prépayés qui permettent au client d’acquérir un volume de Kilowatts et de le consommer sa guise. Imaginez un peu la Société Nationale d’Electricité du Sénégal (SENELEC) demandant à son client à la formule NOFLAY* de consommer son « crédit énergie » en un mois, faute de quoi il devra venir acheter une autre recharge ? Ce que la SENELEC tant décriée ne fait d’ailleurs heureusement pas !
Ce texte n’aura de sens que s’il permet de lancer le débat sur la légalité ou non de la mise en place et du maintien d’une durée de validité des crédits de communication par les opérateurs de télécommunication. Nous présumons que l’Afrique regorge d’assez de juristes qui pourront apporter leurs éclaircissements à cette préoccupation d’un simple consommateur ayant la vague impression d’être abusé.
Le modou-modou des télécoms
(Source : L’Afrique des télécoms, 10 juillet 2009)