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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2004 > Février > Téléphonie fixe : La Sonatel et l’Art du statu quo

Téléphonie fixe : La Sonatel et l’Art du statu quo

mercredi 11 février 2004

Régulation des télécoms

Il y a deux ans, le gouvernement sénégalais supprimait le ministère de l’Information et des Ntic pour créer l’Art (Agence de régulation des télécommunications) qui porte étrangement d’ailleurs le même nom que l’Art française (l’Autorité de régulations des télécoms). Le ministère de l’Information et des Ntic fut recréé peu de temps après. En concurrence ou en complément de l’Art.

Récemment, on peut remarquer un très grand intérêt dans le débat sur la fin du monopole de la téléphonie fixe. Il convient de considérer deux volets très distincts qui concernent la légalité et la technicité de la fin du monopole.

La légalité de la fin du monopole est presque là. La loi de la République met fin au monopole de la Sonatel sur la téléphonie fixe à partir de cette année. Sauf cas exceptionnel qui serait en contradiction totale avec les provisions de la loi, la fin légale du monopole est donc inévitable. Il reste donc de considérer l’aspect technique qui devrait normalement appuyer la loi dans le sens de la libéralisation du secteur des télécoms. Et c’est bien là que les choses sont moins claires.

LA BOUCLE LOCALE : C’EST LA OU TOUT COMMENCE ET TOUT FINIT

La boucle locale, c’est cette liaison filaire existant physiquement entre les abonnés et le central téléphonique auquel ils sont raccordés. En d’autres termes, c’est la liaison entre votre téléphone et le central téléphonique de l’opérateur à partir duquel la numérisation des signaux s’effectuent pour les différentes mailles du réseau national ou international.

De par sa position donc, la boucle locale constitue un passage obligé pour tous les abonnés téléphoniques. En effet, si vous voulez vous connecter à l’Internet, vous êtes obligés de passer par la boucle locale. Si vous passez un coup de fil téléphonique ou vous en recevez, vous êtes obligés de passer par la boucle locale. Si vous avez un cybercafé ou un serveur d’Internet comme le défunt Metissacana, vous êtes obligés d’utiliser la boucle locale. Si vous voulez faire de la voix sur IP, vous êtes obligés d’utiliser la boucle locale. Cette boucle locale est donc très jalousement protégée par les opérateurs en place car, avec les points de terminaison des appels dont je parlerai plus loin, elle constitue la partie la plus lucrative du business d’un opérateur.

Sans la libéralisation totale et sans équivoque de la boucle locale, il ne peut y avoir de concurrence saine. Et tous les pays du monde l’ont compris à commencer par les Etats-Unis qui ont été les premiers à libéraliser le secteur des télécoms.

Pour mieux visualiser la boucle locale, essayez d’imaginer notre capitale Dakar, à partir d’où tout le monde entier est accessible. Vous pouvez prendre le bateau pour naviguer en mer et aller vers d’autres contrées. Vous pouvez prendre l’avion pour atteindre d’autres terres lointaines. Vous pouvez accéder au système bancaire vous donnant accès aux systèmes financiers du monde entier, et j’en passe.

Imaginez maintenant que la seule et unique route nationale qui rattache Dakar au reste du Sénégal soit contrôlée par un seul gendarme qui dispose de tous les droits sur les véhicules autorisés à entrer ou sortir de Dakar. Le gendarme impose des frais exorbitants à chaque véhicule qui entre ou sort de Dakar, mais aussi vous facture encore plus pour rester à Dakar. Si vous n’avez pas la bénédiction du gendarme de garde, vous êtes coupés du monde, car Dakar vous sera interdite. Pourtant, c’est bien vos impôts et ceux de vos parents qui ont aidé à construire et qui continuent de maintenir la route nationale. C’est exactement cela la boucle locale dans le cas d’un monopole.

Imaginez-vous maintenant que vous soyez plein de volonté d’entreprendre. Vous achetez un véhicule et vous voulez vous aussi aller à Dakar pour partager les bénéfices offerts par la ville, mais le gendarme vous dit que la route est déjà très bouchée et qu’aucun autre véhicule n’est autorisé à l’emprunter. Qu’à cela ne tienne vous dites-vous ! Vous demandez l’autorisation de construire une autre route pour accéder à Dakar. Mais votre demande est rejetée ou on vous impose des coûts exorbitants que vos moyens ne permettent pas car, a la différence d’avec le gendarme en place, les lois ne vous autorisent pas à utiliser les sous des contribuables.

Si vous avez visualisé la situation que je viens de décrire, vous avez compris la situation dans la boucle locale. Cette situation est celle qui prévaut au Sénégal depuis la privatisation de la Sonatel. C’est cette situation qui continuera après la fin légale du monopole, car les textes de loi ne prévoient pas pour l’instant les mécanismes de libéralisation réelle de la boucle locale.

POINTS DE TERMINAISON DU RESEAU INTERNATIONAL : L’AUTRE PROBLEME

Les points de terminaison sont des points de connexion physique donnant accès à un autre réseau de télécommunications national ou international.

Ces points de terminaison constituent le centre névralgique qui vous connecte à d’autres réseaux du monde. C’est là où les appels au sortir du pays sont connectés au réseau international, mais c’est aussi là où les appels à destination du Sénégal arrivent avant d’être distribués à travers le pays.

Un peu plus haut, je vous avais demandé de visualiser la situation de la boucle locale en la comparant à notre éternel goulot d’étranglement que constitue notre route nationale.

Maintenant, imaginez que l’accès à l’international soit contrôlé par un gendarme qui discrimine entre ceux qui sortent du Sénégal et ceux qui y ren-trent. Pour sortir de Dakar, le gendarme vous taxe. Pour revenir à Dakar, il vous facture encore plusieurs fois plus cher. C’est exactement ce que pratique la Sonatel car les appels de l’étranger vers le Sénégal sont plusieurs fois plus chers que ceux à partir du Sénégal vers l’étranger. La Sonatel utilise ainsi les Sénégalais de l’étranger pour gonfler ses bénéfices.

Alors, en tant qu’entrepreneur, vous vous insurgez. Vous demandez l’autorisation d’installer votre propre point d’accès et de terminaison d’appels. Les autorités vous indiquent que la loi l’interdit.

De la même manière que dans le cas de la boucle locale, vos plans d’entreprise sont anéantis. Pourtant, ce sont vos impôts et ceux de vos parents qui ont financé ces installations maintenant cédées au privé. Cette situation est celle qui prévaut au Sénégal depuis la privatisation de la Sonatel. C’est cette situation qui continuera après la fin légale du monopole, car les textes de loi ne prévoient pas pour l’instant les mécanismes de libéralisation réelle des points de terminaison.

LA VOIX SUR IP

Tout le monde parle de la voix sur IP comme étant le remède à la situation actuelle qui permettra de concurrencer la Sonatel.

Je ne voudrais pas décevoir ces vaillants chefs d’entreprises qui veulent investir dans ce domaine, mais je crois qu’il convient de clarifier certaines choses qui pourront les aider à mieux comprendre la situation.

Pour des raisons pratiques et d’efficacité basées sur des expériences en laboratoires, les experts du monde entier se sont mis d’accords pour envelopper la voix entre 0 et 4 KHZ (Kilo Hertz). En vous faisant l’économie des calculs, des règles très précises ont montré qu’il faut 64 kbps (Kilo bits par second) pour numériser un signal analogique de 4 KHZ (Kilo Hertz) en utilisant les technologies traditionnelles de traitement de signaux.

Si vous souhaitez faire de la voix sur IP, il vous faudra un appareil situé entre votre téléphone traditionnel et le central téléphonique. Le fonctionnement de cet appareil exige une bande passante beaucoup plus importante que les 64 Kbps qui sort de votre téléphone. Il faut, en effet, environ 100 Kbps pour faire de la voix sur IP sans garantie de qualité de service. Car si vous souhaitez réellement avoir la même qualité de communication que dans le téléphone traditionnel, il faut faire intervenir d’autres mécanismes. Et là, il vous faut plus de 128 Kbps par ligne téléphonique.

La raison principale qui fait que la voix sur IP est nettement moins chère que le téléphone traditionnel se situe dans la différence entre les deux technologies. Dans le cas de la téléphonie traditionnelle, un appel téléphonique occupe tout un circuit de communication pour la durée de la communication. Pour ce qui est de l’IP, il n’y pas de monopolisation d’un circuit et vous avez moins de garantie de qualité.

Aujourd’hui, il y a des technologies qui permettent sérieusement de pratiquer de la voix sur IP. Ces technologies sont de la famille de l’Adsl récemment arrivée au Sénégal. Il y a bien de meilleures technologies que l’Adsl dans ce domaine, mais je pense que l’Adsl peut faire l’affaire.

Il est curieux de constater que les trois offres Adsl de la Sonatel ont toutes une capacité montante (de l’abonné vers le réseau de la Sonatel) de 128 Kbps. Pourtant les spécifications de l’Adsl autorisent des capacités montantes jusqu’à plus de 1 500 Kbps en fonction de la qualité des lignes téléphoniques et de la distance qui sépare l’abonné du central téléphonique.

Avec l’offre actuelle de la Sonatel donc, vous ne pouvez pas connecter deux téléphones avec voix sur IP en même temps. Car pour cela, il vous faudra au moins 200 Kbps. Passer 200 kbps sur les 128 kbps offerts par la Sonatel, c’est comme essayer de passer un chameau dans le trou d’une aiguille. Soit vous vous découragez et vous abandonnez, ou bien vous comprimez le chameau à mort pour le passer dans le trou et vous essayez de le ressusciter à l’arrivée. Vous perdez donc du temps à comprimer le chameau au départ et à le décomprimer à l’arrivée. Le plus souvent, vous vous retrouvez avec un dromadaire, car le chameau aura perdu une bosse à la restitution. Eh bien c’est exactement ce que font les appareils de voix sur IP devant une telle situation. C’est pour cela que votre communication est retardée sur le Net et que vous perdez des morceaux de la communication au cours de l’appel.

Si vous voulez offrir des services Internet à partir de chez vous, vous avez besoin de beaucoup de bande montante, au moins 100 fois plus que l’offre de la Sonatel. Si vous vous intéressez à l’éducation à distance, il vous faut 384 Kbps montant. Si votre entreprise veut économiser sur le déplacement de ses cadres à l’étranger pour financer ses plans de développement et veut installer une vidéoconférence par Internet, il faut 384 Kbps et 1 500 kbps.

Convenez avec moi tout de même que la Sonatel a bien verrouillé la boucle locale. Et l’Art n’a pas de provisions qui l’obligent à augmenter ses débits montants sur l’Adsl.

L’ART DE LA CONTINUITE

Le but de l’Art est de veiller à l’installation de règles très claires qui permettent une concurrence honnête et saine qui doit définitivement lancer le Sénégal des Ntic. Il faut reconnaître que l’existence de l’Art constitue un bon espoir vers l’assainissement de la situation des télécoms au Sénégal.

Il y a cependant lieu de s’inquiéter de certains articles dans la loi numéro 2001-15 portant code des télécommunications au Sénégal.

Cette loi ne dit absolument rien sur comment partager les ressources existantes pour permettre aux nouveaux opérateurs de s’installer. L’Art ne définit aucune règle pour la location des lignes existantes qui permettrait à de nouveaux opérateurs d’intégrer le marché local.

L’article 31 sur les services à valeur ajoutée et très claire et stipule que le fournisseur de services à valeur ajoutée peut être autorisé à utiliser les lignes déjà existantes si le propriétaire des lignes n’offre pas les services de même genre. Cela veut tout simplement dire que la Sonatel peut légalement refuser de louer ses lignes a un fournisseur de services à valeur ajoutée. Car je peux vous assurer que la Sonatel aura plus de services à valeur ajoutée que quiconque voudra la concurrencer. Et la loi ne prévoit rien dans ce cas.

Est-il nécessaire de rappeler que, France Télécoms, la maison-mère de la Sonatel, fut condamnée en décembre 2000 par l’Autorité de régulation des télécoms française pour manquements liés au non respect des règles sur la boucle locale. (http://www.art-telecom.fr/communiqu...)

PEUT-ETRE LEGALEMENT TERMINE, MAIS TECHNIQUEMENT TOUJOURS LA

L’application de la loi numéro 2001-15 portant code des télécommunications au Sénégal ne termine donc pas techniquement le monopole de la Sonatel. Le débat est maintenant déplacé dans le domaine technique moins visible et peu compris de la majorité des utilisateurs du téléphone. Et quand on n’est pas du milieu des télécoms, on peut se permettre de rêver. Mais il reste beaucoup à faire.

Pourtant, les atouts offerts par les Ntic peuvent bien nous aider à rattraper, en partie, notre retard sur le monde développé. Alors donnons-nous les moyens. Il suffit tout simplement de le vouloir. Au mépris des intérêts privés et partisans. On ne peut tout de même pas hypothéquer tout le devenir d’un pays pour les seuls bénéfices de quelques-uns. J’en appelle aux autorités.

MamCor SANGHARE
mamcorsanghare@yahoo.com

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