Téléphonie, appels internationaux : Vers une hausse sur le tarif des appels sortants
mercredi 6 octobre 2010
Après la hausse sur le tarif des appels internationaux entrants au Sénégal, les appels sortants pourraient eux aussi connaître une hausse. Une hausse qui serait une conséquence de l’application de la réciprocité de la surtaxe sur les appels entrants internationaux, par les autres opérateurs. Les travailleurs de la Sonatel l’ont annoncé hier, mardi 5 octobre 2010, au cours de la rencontre avec la presse, pour faire le point sur le décret portant taxation des appels internationaux.
En conférence de presse hier mardi 5 octobre, l’intersyndicale des travailleurs de la Sonatel a annoncé une hausse sur les tarifs des appels sortants internationaux. Cette mesure économique est dictée selon le coordonnateur de l’intersyndicale par des soucis d’accommodation par rapport à l’application du décret numéro 2010-632 du 28 Mai 2010.
« Une hausse par la Sonatel, sur les tarifs des appels sortants, du fait de l’application de la réciprocité par les autres pays, n’est pas exclue », a annoncé Mamadou Aïdara Diop.
Autrement dit, la Sonatel se mettrait dans une logique de perte. « La Sonatel va être obligée d’augmenter ses tarifs car elle ne pourra plus vendre la minute de communication à 120 F. Cfa, mais au moins à 141F Cfa. Un prix plancher qui prend en compte la taxe désormais appliquée à tous les appels internationaux quittant la Sonatel. Tout cela, est à cause de la réciprocité brandie par les autres opérateurs dans les terminaisons des appels internationaux quittant Dakar", argue-t-il. Pour l’heure la décision n’est pas encore prise précise M. Diop. Le cas échéant l’Artp sera saisie.
L’application de cette surtaxe de 49,20 sur les appels internationaux va aussi se répercuter sur le système de zone qui avait été mis en place par l’opérateur.
Ce mode de tarification unique va disparaître si l’on en croit M. Diop. « Il y a d’autres impacts. Il y avait des offres zones qui concernaient la zone »Orange zone« qui permettait d’avoir un tarif unique sur l’espace Sonatel. Orange Guinée, Orange Mali et même Orange Côte d’Ivoire et Orange Guinée Bissau. Mais, compte tenu de la nouvelle configuration du trafic international, ces tarifs zones vont être remis en cause et c’est désormais un tarif bilatéral, en fonction de la mise en oeuvre de cette surtaxe là », explique-t-il.
Selon toujours ces syndicalistes, seul un décret annulant celui relatif à l’instauration de la surtaxe pourrait permettre d’éviter la hausse. Or, jusqu’à présent le décret d’annulation n’est pas signé malgré l’annulation du contrat Global Voice Artp.
La prudence de la Sonatel
Toutefois, sur cette hausse, la Sonatel compte jouer la carte de la prudence pour ne pas s’aliéner le soutien des consommateurs. Cela, compte tenu de l’expérience précédente de « diabolisation dont elle a été victime de la part de certaines organisations consuméristes ».
A ce niveau, pour Ibrahima Konté, ancien coordonnateur de l’intersyndicale et représentant du personnel au Conseil d’administration, « du point de vue de la logique économique, la Sonatel sera obligée de réajuster ses marges. Mais puisque l’Artp a mis sous sa coupole certaines associations de consommateurs, elles vont tout de suite encore crier pour mettre en mal la société avec l’opinion ».
C’est pourquoi selon Ibrahima Konté, « le moment n’est pas opportun. Il faut attendre que la justice se prononce sur cette affaire, et éviter l’intoxication ».
Un parti pris pour une concurrente !
Les travailleurs ont également constaté avec regret une baisse du trafic entrant de l’ordre de 17%. Cette baisse, notée deux mois seulement après la mise en application de la surtaxe, constitue selon les « Sonatéliens » une perte énorme « si l’on sait que l’international participe à hauteur de 30% sur les résultats de la Sonatel ».
La question de la licence 3G+ a été également abordée par les travailleurs de la Sonatel qui s’étonnent encore du peu de précipitation de l’Etat à signer le décret portant extension de la licence d’exploitation de la Sonatel, malgré l’accord déjà signé entre l’Etat et la société, dans ce sens.
Cela constitue un retard énorme pour la Sonatel, au moment où on parle de la 4 G et de la 5G. A ce niveau l’intersyndicale pense « qu’on est entrain de les ligoter en laissant leur concurrente dérouler son programme ».
Parlant de l’affaire Global Voice les travailleurs de l’intersyndicale persistent pour dire qu’il s’agit d’une « escroquerie de haute voltige ».
Et, ils affichent leur sérénité par rapport à la convocation de Mamadou Aïdara Diop suite à la plainte de Laurent Lamothe pour diffamation.
Pour le moment, ils prévoient une journée nationale d’action dont les contours et les modalités pratiques n’ont pas été dévoilés. Cette journée est programmée pour le 21 octobre, le jour même où le dossier sera appelé au tribunal. L’objectif est d’apporter un soutien à un camarade qui a « éventé une affaire de gros sous ».
Daouda Guèye
(Source : Sud quotidien, 6 Octobre 2010)