Table ronde sur le Sommet mondial de la Société de l’information : Les ministres africains harmonisent leurs positions à Dakar
vendredi 28 novembre 2003
Une table ronde réunit aujourd’hui, au Méridien-Président, les ministres
africains ayant en charge la Communication ou les Nouvelles technologies,
dans le cadre de la préparation du Sommet mondial sur la société de
l’information (SMSI).
UNE TABLE RONDE POUR QUOI ?
Dans l’entretien qu’il nous a accordé
hier, M. Mamadou Diop Decroix, ministre de l’Information et de la
Coopération africaine dans les NTIC, a déclaré que « l’objectif de la
rencontre est d’harmoniser les positions des pays africains qui vont
participer au SMSI ». Selon le ministre, « il est important, au moment où nous
sommes presque sur la ligne d’arrivée, que l’Afrique puisse faire le point
sur les difficultés et essaye d’avoir la même position par rapport à ces
difficultés ». D’autant plus, estime-t-il, que « chaque fois que l’Afrique a pu
se concerter, ses positions ont pu prévaloir jusqu’à un certain point ».
Même si la plupart des questions ont fait l’objet d’un consensus au cours
des différentes réunions préparatoires à Genève, il en reste tout de même
« dix pour cent » qui portent sur des enjeux importants : droits de l’homme,
médias, financement et gouvernance de l’Internet, logiciels libres, diversité
culturelle et linguistique, sécurité. Ces points d’achoppement vont être
discutés à Dakar, selon le ministre.
SOLIDARITE NUMERIQUE
La
« solidarité numérique » sera évidemment au cœur de la rencontre. Pourquoi
le Sénégal est-il porteur de la proposition de solidarité numérique ? C’est,
explique le ministre de l’Information et de la Coopération africaine dans les
NTIC, « parce [son] président est le coordonnateur du volet NTIC dans le
NEPAD. Par conséquent, il est important que, lorsqu’un sommet de la
société de l’information se prépare, il travaille à harmoniser les positions de l’Afrique ». Pour M. Diop, « l’approche du président Wade sur la solidarité
numérique est partagée par toute l’Afrique, par le Groupe des pays
d’Amérique latine, le Groupe arabe et de grands pays, comme l’Inde, la
Chine, le Vietnam ». Comment convaincre cependant des pays du Nord
encore « réticents » ? « Il faut chercher des solutions de compromis [sur
lesquelles] le chef de l’Etat est déjà en train de travailler, et nous allons
discuter avec nos frères africains sur la question ». (…) « Les Européens
eux-mêmes ne disent pas qu’ils sont contre le Fonds de solidarité, estime le
ministre. Ils disent : nous demandons une étude qui puisse nous prouver
que les mécanismes actuels ne sont pas pertinents pour faire face aux
exigences de la société de l’information et résorber la fracture numérique.
Nous, nous disons que le Fonds de solidarité est un fonds de contribution
volontaire. (…) Le secteur privé a un très grand intérêt à ce fonds dont
l’objectif est de permettre [de faire de] milliards d’êtres humains, un marché
solvable, capable d’acheter les équipements et, bien sûr, de contribuer aux
contenus ».
A L’ECHELLE NATIONALE
Est-il envisageable, à l’échelle
nationale, de mettre des mécanismes internes de solidarité numérique ?
« Quand on parle de fracture numérique, on pense à la fracture entre le Nord
et le Sud, mais aussi à la fracture au sein des pays. Au Sénégal, nous avons
une claire conscience de cette fracture numérique interne. C’est à travers
une stratégie nationale préparant notre pays à l’entrée dans la société de
l’information qu’on va mettre en lumière les exigences à remplir pour la
résorber. Il y a beaucoup de facteurs qui sont favorables. (…) Le président
de la République a donné son accord pour que le Sénégal soit un terrain
d’expérimentation des centres multimédia communautaires que propose l’UNESCO.
ECHEC DU SMSI ?
M. Mamadou Diop Decroix ne croit pas
« qu’on puisse envisager un échec à Genève. Les Suisses prennent ce
sommet très au sérieux. Le président de la Confédération helvétique a
décidé d’envoyer M. Adolphe Ogi, ancien président de la confédération,
auprès du président Wade et des présidents d’un certain nombre de grands
pays, pour rapprocher les positions. En approfondissant les échanges, on
trouvera une formule qui puisse convenir ». Précisons que le rapport qui
sera issu de la table ronde d’aujourd’hui va servir de cadre de travail aux
pays africains pour le sommet de Genève, du 10 au 12 décembre.
Alain Just Coly
(Source : Le Soleil 28 novembre 2003)