La plateforme internet Sunucause veut alerter les Sénégalais sur les problèmes sanitaires et sociaux du pays.
Des rues totalement inondées, des voitures avec de l’eau jusqu’aux fenêtres et des familles contraintes de vivre dehors... Les images des graves inondations qui ont touché le Sénégal ces dernières semaines défilent sur la toile. L’occasion pour la plateforme internet Sunucause (un mélange de wolof et de français qui veut dire « Notre cause ») de se retrousser les manches et de passer à l’action.
Les membres de la communauté Sunucause, lancée il y a six mois, utilisent Facebook, Twitter ou Instagram, pour alerter sur des problèmes sanitaires ou sociaux au Sénégal. “Ils agissent comme des veilleurs”, explique Pape Lo, l’un des membres fondateurs de Sunucause.
Des messages sont lancés sur les différents réseaux sociaux puis centralisés sur la plateforme. Chacun peut alors se mobiliser, que ce soit par des dons ou des actions concrètes sur le terrain. « À Yeumbeul [dans la banlieue de Dakar, NDLR], des personnes sensibles aux actions de Sunucause sont venues spontanément aider à remblayer ce quartier inondé durant toute une journée », raconte fièrement Pape Lo.
Un seul objectif : prendre le contre-pied des autorités et ne pas attendre pour bouger le petit doigt. “Nous voulons révéler ce qui ne va pas, agir et de cette manière informer les autorités pour qu’elles se bougent”, insiste Pape Lo.
À l’origine, une communauté de blogueurs
Tout est parti d’une simple idée, lancée début 2012. Lors de l’élection présidentielle sénégalaise, remportée par Macky Sall face au président sortant Abdoulaye Wade, un groupe de blogueurs sénégalais a décidé de lancer la campagne virtuelle #sunu2012 (“notre 2012” en wolof) sur le réseau social Twitter.
En diffusant ce hashtag, l’objectif était de “servir de relais, entre les politiques et le peuple : expliquer clairement les programmes des candidats, encourager les Sénégalais à aller voter et relever les éventuelles anomalies des scrutins”, se souvient Pape Lo.
Devant le succès sur la toile, la dizaine de membres de l’équipe #sunu2012 a alors décidé de transposer l’idée “en mode humanitaire”.
Se substituer aux autorités
L’histoire du petit Mame Thierno a servi de déclencheur. Cet enfant âgé de deux mois est atteint d’une maladie de peau très rare. La bande de blogueurs décide alors de se mobiliser pour lever des fonds et lui trouver des médicaments, trop onéreux pour ses parents.
“L’appel que nous avons lancé et relayé nous a permis de trouver des pommades et un médecin pour s’occuper du petit”, raconte Pape Lo. Et le projet Sunucause prend forme.
Encore jeune, le concept doit faire ses preuves. Sur la question des dons récoltés notamment, les membres souhaitent une transparence totale : “Il nous faut rendre visible toutes nos actions pour montrer à ces donateurs ce qui a été fait de leurs dons”, peut-on sur le site.
Avec plusieurs centaines de fans sur Facebook, Sunucause est très actif sur les réseaux. Elle peut surtout s’enorgueillir d’être l’une des premières plateformes internet sur le web solidaire au Sénégal.
Prochaine étape, se structurer. “Jusque là nous nous sommes occupés de deux gros projets. Maintenant, nous voulons passer à l’étape supérieure, en créant une association pour intervenir au-délà de l’aspect web 2.0.”
Romain De Oliveira
(Source : Youphil, 29 septembre 2012)