Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, Sudatel négligerait le Sénégal. La société qui a acquis la licence globale de télécommunication au Sénégal devait démarrer ses activités en mars 2008. Puis en début mai 2008. Au moment où le démarrage de ses activités tarde au Sénégal, Sudatel est sur le point d’acquérir une licence au Ghana.
C’est l’hebdomadaire Jeune Afrique qui nous l’apprend, ‘Sudatel se place à Accra mais néglige Dakar’. Cet hebdo soutient dans sa dernière livraison (n° 2469 du 4 au 10 mai 2008) que Sudatel pourrait bientôt conclure un accord avec un opérateur au Ghana, d’autant que les pourparlers sont déjà ‘à un stade avancé’. Durant sa visite à Dakar, au lendemain de l’attribution de la troisième licence, le président directeur général de Sudatel, Emad Ahmed, déclarait face à la presse que ‘des discussions avancées sont en cours dans plusieurs pays africains en vue d’obtenir d’autres licences de téléphonie mobile’. Avec cette révélation de Jeune Afrique, on vient de voir plus clair dans les ambitions de l’héritier historique des télécommunications soudanaises. Pour rappel, l’Etat soudanais ne détient plus actuellement que 21 % du capital.
Sudatel qui est présent en Mauritanie par le biais de sa filiale Chinguitel, soutient avoir ‘réduit de 40 % le coût des communications téléphoniques entre les abonnés en comparaison aux tarifs généralement pratiqués en Mauritanie’. La société soudanaise se réjouit ‘en seulement deux mois d’exploitation de couvrir la totalité du territoire de la Mauritanie et obtenu 80 000 abonnés’. En décembre dernier, Sudatel a en effet acquis pour 550 millions de dollars, soit 275 milliards de francs Cfa, Nigerian Intercellular, un opérateur de téléphonie mobile au Nigeria, l’Etat le plus peuplé d’Afrique. Selon Sudatel, l’obtention des licences s’inscrit dans une ambitieuse politique d’expansion lancée il y a plus d’un an maintenant par la société. Cette politique couplée à sa vision africaine de connectivité par fibre optique, fait de Sudatel un opérateur global aux ambitions continentales.
Au Sénégal, la troisième licence adjugée à Sudatel est une licence globale de télécommunication. En plus de la téléphonie mobile et de la téléphonie fixe, Sudatel sera un fournisseur d’accès à Internet. En dehors des emplois qu’elle va créer, la société Sudatel va fournir des services de troisième génération dans le domaine des télécommunications. Pour cette licence globale donc, Sudatel avait promis à l’Etat sénégalais un montant de 200 millions de dollars, soit 100 milliards de francs Cfa. A l’époque, l’opposition politique avait soupçonné ‘d’irrégularité’ la transaction. Toutefois, Sudatel avait promis de commencer ses activités au mois de mars dernier. Dans une précédente édition de l’hebdomadaire Jeune Afrique, on apprend que Sudatel va lancer ses activités ‘début mai au plus tard’, que ‘les recrutements de personnel sont en cours’ et que ‘les dépôts des candidatures se font auprès de l’ambassade du Soudan à Dakar’.
Là où le bât blesse, selon l’hebdomadaire de Béchir Ben Yahmed, c’est qu’en ce début du mois de mai 2008, ‘aucune ligne n’est en service et aucune date avancée’. Sudatel, qui va ouvrir 15 % de son capital aux privés nationaux, s’était engagé à investir au Sénégal pour un montant de 500 millions de dollars Us. Cet investissement devait s’étaler sur les quinze années à venir.
Aly Diouf
(Source : Wal Fadjri, 6 mai 2008)